des suites d’une attaque cérébrale. Dès hier, en fin de journée, de très nombreuses personnalités, en tête desquelles le président Michel Sleiman, ont défilé dans le salon de la cathédrale Saint-Nicolas, à Tabaris (Achrafieh), afin de présenter leurs condoléances et témoigner du rôle de premier plan joué par le prélat pendant de longues années au niveau aussi bien national que communautaire.
Les obsèques auront lieu dimanche prochain à midi à la cathédrale Saint-Nicolas. La dépouille mortelle sera ensuite transférée à Damas. Elle sera exposée à la cathédrale de Marie où des funérailles auront lieu lundi 10 décembre à 14 heures. Mgr Hazim sera inhumé dans le caveau des patriarches à Damas.
Le patriarche grec-orthodoxe avait été admis mardi dernier dans un état critique aux soins intensifs de l’Hôpital Saint-Georges de Beyrouth après avoir été victime d’une embolie au cerveau. L’équipe médicale qui l’a pris en charge n’a pas été en mesure de juguler la détérioration de son état de santé et le prélat est décédé tôt hier matin. Sa dépouille a été transférée hier après-midi à la cathédrale Saint-Nicolas. Elle sera exposée aujourd’hui, jeudi, de midi à 19h, et demain, vendredi, ainsi que samedi de 11h à 18 heures.
Deuil dans les écoles
Les écoles orthodoxes, note-t-on, fermeront aujourd’hui, jeudi, et demain, vendredi, leurs portes en signe de deuil. Les écoles catholiques, pour leur part, suspendront les cours symboliquement et consacreront un moment de prières en mémoire du grand disparu.
L’une des premières personnalités à s’être rendue à la cathédrale Saint-Nicolas a été le président Michel Sleiman qui a inscrit sur le livre d’or un vibrant hommage à Mgr Hazim, qu’il a qualifié d’« homme de foi et de dialogue, épris de connaissances, qui a marqué par son amour et sa sagesse l’Église d’Orient ». « Il a porté l’étendard de la défense du droit jusqu’à son dernier souffle », a indiqué le chef de l’État.
Le Premier ministre, Nagib Mikati, a publié de son côté une note administrative en vertu de laquelle une journée de deuil national sera observée le jour des obsèques. Dans une déclaration à la presse, il a d’autre part souligné que la disparition du patriarche Hazim est « une grande perte non seulement pour l’Église orthodoxe et les fils de la communauté, mais aussi pour le Liban, les Arabes et l’ensemble des Églises d’Orient ». Mettant l’accent sur les réalisations du défunt sur les plans médical, pédagogique et social, M. Mikati a ajouté que le défunt s’est distingué par sa « modération et sa foi dans le dialogue entre les religions ».
Le leader du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Saad Hariri, a souligné que la disparition de Mgr Hazim intervient à un moment où « nous avons besoin plus que jamais de sa sagesse et de ses conseils judicieux pour faire face aux défis actuels ». « Les Libanais lui vouaient amour et respect, appréciaient son verbe émanant d’une autorité qui a constamment appelé à la sauvegarde de l’unité et au rejet de la violence », a déclaré Saad Hariri.
Quant au chef du bloc parlementaire du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, il a déclaré que « le Liban et les Arabes ont perdu un pilier essentiel de la modération et de la sagesse (…) ainsi que le garant de l’entente ». M. Siniora a émis l’espoir dans ce cadre que « les Libanais s’inspireront de ses principes et de ses valeurs ».
Le mufti de Tripoli et du Liban-Nord, cheikh Malek Chaar, a déclaré de son côté que la disparition de Mgr Hazim est une perte indéniable pour « les Libanais en général et les chrétiens d’Orient en particulier ».
Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, s’exprimant au nom des patriarches et évêques catholiques, a souligné que le grand disparu a « conduit son Église avec beaucoup de sagesse et de dévouement ».
Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a mis l’accent sur le fait que le prélat était « un homme de dialogue et d’ouverture qui s’est distingué par la modération et l’attachement à la coexistence ».
De nombreuses autres personnalités politiques, de différents horizons, ont également rendu un vibrant hommage au grand disparu.
Au plan syrien, l’agence officielle syrienne SANA a souligné que le patriarche Hazim était « connu pour sa position nationaliste ». Quant au Conseil national syrien (CNS), principale composante de l’opposition syrienne, il a pour sa part salué dans un communiqué le patriarche qui a « joué un rôle exceptionnel dans la vie nationale et publique de Syrie et de l’ensemble des pays d’Orient ».
Un riche parcours
Né dans le village syrien de Mhardé près de Hama, le 4 avril 1920, Ignace IV Hazim a grandi dans une famille orthodoxe très pieuse. Il a suivi des études de littérature au Liban. L’un des fondateurs du Mouvement de la jeunesse orthodoxe, en 1942, Mgr Hazim est devenu diacre en 1945 et s’est rendu en France en 1949 pour des études de liturgie. De retour au Liban, il a fondé l’institut de liturgie orthodoxe, dont il était le doyen, à l’Université de Balamand (Liban-Nord). Devenu évêque en 1962, il a été élu quelques années plus tard métropolite de Lattaquié, en Syrie.
Le 2 juillet 1979, Mgr Hazim a été élu patriarche et intronisé dans l’église de Marie à Damas, devenant le 157e patriarche d’Antioche, selon un portrait fourni par le patriarcat.
En mars dernier, alors que le conflit en Syrie faisait rage entre rebelles et fidèles au régime de Bachar el-Assad, Mgr Ignace IV Hazim, cité par le quotidien al-Watan proche du pouvoir, s’était dit opposé à toute intervention étrangère dans son pays. « Les conséquences nuisibles de toute intervention étrangère dans nos affaires toucheraient aussi bien les chrétiens que les musulmans », avait déclaré Mgr Hazim, assurant en outre que la crise sanglante qui secoue la Syrie « n’éloignera pas les chrétiens des musulmans » du pays.
L’Église grecque-orthodoxe d’Antioche est l’une des 14 Églises autocéphales rassemblées au sein de la Communion orthodoxe orientale. Elle compte environ un million de fidèles, soit la vaste majorité des chrétiens de Syrie (près de 1,8 million).
L'orient le jour