Reporters sans frontières dénonce le refus des autorités d’ouvrir une enquête sur l’agression de deux journalistes azerbaïdjanais par les gardes privés d’un homme d’affaires.
Elmin Badalov, correspondant du journal Yeni Musavat et Anar Gerayly, rédacteur en chef adjoint du journal Milli Yol, ont été agressés le 28 juillet 2010, alors qu’ils photographiaient de luxueuses villas dans le quartier Shuvlan, à Bakou. Battus puis détenus pendant plus de trois heures, les deux journalistes ont été interrogés, menacés d’être placés sous surveillance et surtout vivement encouragés à ne pas porter plainte.
La direction de Yeni Musavat a néanmoins porté plainte auprès du ministère de l’Intérieur. À présent, les forces de l’ordre affirment que les journalistes n’ont subi aucune violence et qu’en prenant ces photographies, ils ont commis une atteinte à la vie privée de l’homme d’affaires Emin Aleskerov.
Pourtant, au cours de l’enquête de la police, aucun élément n’a permis de prouver que Elmin Badalov ou Anar Gerayly aient pris des photographies à l’intérieur de la villa de l’homme d’affaires. De plus, le portail clos de la propriété était beaucoup trop haut pour être escaladé. L’équipe de surveillance de la villa ne réfute pas avoir usé de la force contre les journalistes. Il a été confirmé que Elmin Badalov et Anar Gerayly ont été amenés dans une salle des gardes de la sécurité et que la carte mémoire de l’appareil photo leur a été confisquée.
La police admet que les journalistes ont souffert de nombreuses contusions, mais un examen médico-légal permet d’affirmer qu’ils auraient pu « faire une grave chute, d’un portail, par exemple. »
L’année dernière, les autorités avaient assuré que les amendements à la Constitution concernant l’interdiction de prendre des photographies sans le consentement des personnes ne seraient pas utilisés contre les journalistes. Reporters sans frontières regrette que cette loi semble aujourd’hui permettre de limiter les journalistes dans leur travail.