En Assam, les chrétiens secourent les victimes des affrontements entre aborigènes et musulmans, qui ont fait plus de 50 morts et de 100 000 réfugiés depuis le début du mois, rapporte « Eglises d'Asie », l'agence des Missions étrangères de Paris (EDA).
Depuis qu'ils ont éclaté début octobre, les conflits interethniques en Assam, un Etat du Nord-Est de l'Inde, ont fait au moins 50 morts et déplacé plus de 100 000 personnes. La plupart des violences se sont produites dans les districts d'Udalguri, où l'ethnie bodo est majoritaire, et la région de Darrang, proche du Bangladesh, où les musulmans sont les plus nombreux. La tension entre les deux communautés était déjà forte depuis que les Bodos avaient demandé, en août dernier, l'expulsion des musulmans de l'Assam ; pour la plupart, les musulmans sont des immigrés venus du Bangladesh voisin. Mais les violences ont véritablement commencé le 3 octobre lorsque des musulmans ont volé du bétail appartenant à des Bodos.
De sources ecclésiastiques, le conflit aurait fait 55 morts et des centaines de blessés ; plus de 2 500 maisons ont été incendiées dans 32 villages et entre 100 000 et 200 000 personnes ont trouvé refuge dans les camps ouverts à cet effet par les autorités.
Selon le P. John Besra, du diocèse de Tezpur, où se trouvent les deux districts touchés par les exactions, les chrétiens n'ont pas été épargnés par les violences. Il rapporte que trois Bodos catholiques ont été tués par des groupes musulmans et que trois villages aborigènes catholiques, situés près des régions occupées par les musulmans, ont été « entièrement brûlés ».
Emerson Hasdak, un chrétien protestant, a expliqué il y a quelques jours à l'agence Ucanews que le camp de réfugiés dont il est responsable était établi à l'intérieur d'une école primaire et accueillait 1 878 personnes. La plupart d'entre elles sont des femmes et des enfants. « Le camp est surpeuplé. Nous avons des problèmes de sanitaires et d'alimentation en eau. Beaucoup de personnes souffrent du paludisme ou de dysenterie. »
Dans les districts d'Udalguri et Darrang, des chrétiens portent secours aux victimes, rassemblant des fonds pour faire construire des abris provisoires, faisant parvenir des biens de première nécessité aux réfugiés. Le P. Deben Kachari, prêtre bodo de l'église du Sacré Cœur à Udalguri, rapporte que les réfugiés reçoivent du gouvernement du riz, des légumes secs et du sel, tandis que l'Eglise catholique leur fournit de l'huile, du bois pour le feu, des ustensiles de cuisine et des bougies.
Les Eglises chrétiennes, minoritaires en Assam (3,7 % de la population), se sont toujours donné pour mission de s'interposer dans les affrontements récurrents entre les différentes ethnies qui composent leur Etat (1). Au-delà des besoins matériels, elles tentent de rétablir la paix entre les différentes factions.
Dès le début des violences au mois d'octobre, The Assam Christian Forum, un groupe œcuménique, a lancé un projet pour la concorde et mis sur pied une équipe, The Goodwill Team, formée de représentants chrétiens, hindous et musulmans, et chargée de sillonner le terrain pour ramener la paix dans les esprits. Le P. S. Santiago, qui dirige l'action sociale du diocèse de Tezpur, rapporte que les déplacés sont répartis dans plus de 80 camps, dont 55 environ se trouvent dans le district d'Udalguri. Lui et les membres du Goodwill Team ont visité des camps : « Les réfugiés nous ont dit qu'ils voulaient rentrer chez eux, dans leurs villages, mais qu'ils ne se sentaient pas assez en sécurité pour le faire. »(1) Voir EDA 215, 230, 258, 264, 268, 429.
ROME, Mercredi 22 octobre 2008 (ZENIT.org)