Les catholiques du Nagaland, un Etat du Nord-Est de l'Inde, ont fermé toutes leurs écoles vendredi 23 juillet en signe de protestation contre la destruction, attribuée aux chrétiens baptistes, d'une église à Anatongre, dans le district de Kiphire,
annonce « Eglises d'Asie » (RDA), l'agence des Missions étrangères de Paris, ce 19 août 2010.
Le Nagaland est un Etat « tribal » (aborigène) dont l'accès est strictement réglementé en raison des tensions interethniques et des revendications indépendantistes omniprésentes (Restricted / Protected Area) qui l'agitent. Il est le seul Etat de l'Inde à compter près de 90 % de chrétiens, une particularité due à la conversion massive au christianisme baptiste au siècle dernier, des ethnies naga, qui constituent la presque totalité de la population.
« En tant que chrétiens, nous ne voulons pas agir dans la précipitation, mais rester patient et prendre les bonnes décisions avec calme », a déclaré le P. Carolus Neisalhou, vicaire général du diocèse catholique de Kohima, sous la juridiction duquel se trouve l'Etat du Nagaland.
Les affrontements interconfessionnels dans le village d'Anatongre ont commencé en 1973, lorsque la minorité catholique s'est heurtée à la résistance de nombreux habitants du village qui leur refusaient la construction d'une église catholique. En 2001, le conseil de village décidait que, « pour maintenir l'unité » de la communauté, il ne fallait qu'un seul lieu de culte au village, l'église baptiste. Cette décision répondait à la lettre envoyée peu auparavant aux « anciens du village » par la communauté catholique naissante, les informant qu'elle s'apprêtait à construire un lieu de culte et qu'elle avait commencé à collecter les fonds nécessaires. Des années plus tard, en avril 2010, les autorités du village écrivaient au prêtre de la paroisse voisine de Saint-Peter pour lui dire leur opposition à la construction de l'église catholique au motif que la majorité des habitants avaient déjà signifié leur volonté de n'avoir « qu'une seule église dans le village ».
A son tour, le prêtre envoyait à la police locale une lettre écrite en commun avec 21 catholiques de la communauté, dans laquelle ils réaffirmaient leur droit à faire construire leur propre lieu de culte. Les catholiques, qui avaient élevé les structures en bois de leur église, s'apprêtaient à y commencer les offices, lorsque des groupes de villageois, venus en force, sont venus détruire l'édifice.
Des sources ecclésiastiques locales rapportent que sur la vingtaine de familles qui ont embrassé le catholicisme, plus de la moitié déclarent avoir subi des pressions et des menaces afin qu'ils abjurent leur foi.
La destruction de l'église d'Anatongre a provoqué la réaction indignée de la communauté catholique du Nagaland. Une manifestation de soutien a été organisée par l'Association catholique du Nagaland (CAN) le 23 juillet dernier, et les écoles catholiques de l'Etat sont restées fermées en signe de protestation. La CAN a également appelé les autorités et le ministre-président de l'Etat du Nagaland à assurer aux catholiques « la liberté de religion », comme le leur garantit la Constitution indienne.
Quant à la fermeture des écoles, a expliqué un responsable catholique à l'agence Ucanews, elle a pour but de montrer « la déception [de la communauté catholique] et son espoir que de semblables événements ne se produiront plus à l'avenir».
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