L’agence fait état d’un lourd bilan : « Au moins 41 morts, de centaines de blessés, plus 170 000 réfugiés fuyant les violences et les incendies de leurs villages, un nombre indéterminé de disparus ».
L’agence fait observer que l’Assam, « peuplé d’une multitude d’ethnies (on en dénombre plus d’une cinquantaine) aux traditions culturelles et religieuses très hétérogènes, subit des flambées de violence endémiques qui en font un Etat au statut ‘instable’ nécessitant une autorisation spéciale pour y pénétrer ».
« La région, comme l’ensemble du Nord-Est indien est également en proie à des troubles séparatistes et compte de nombreux groupes armés indépendants », précise EDA.
En l’occurrence, le conflit touche les aborigènes bodos, « qui réclament depuis des décennies de voir reconnaître leur statut de « premier peuple » de la région, sont encore aujourd’hui le groupe « tribal » le plus important de l’Assam ».
« Majoritairement hindouistes et animistes, ils comptent cependant une forte communauté chrétienne (environ 10 %) », précise l’agence.
Le conflit ressurgit régulièrement depuis des décennies : un conflit ancien oppose dans la région les Bodos aux Santals, sur fond de revendications indépendantistes. Or, ces dernières années, le conflit entre l’ethnie bodo et les communautés musulmanes immigrées du Bangladesh, est devenue la cause principale des vagues de violences meurtrières en Assam.
EDA rappelle qu’en 2008, les affrontements entre Bodos et musulmans ont fait plus de 50 morts et de 200 000 déplacés en Assam. La médiation pacifique de l’Eglise début 2009 a conduit à une amorce de processus de paix par l’intermédiaire de Mgr Menamparampil.
L’enjeu du conflit, ce sont les terres dont les Bodos qui « s’estiment spoliés par les colons musulmans, les affrontements sont aujourd’hui récurrents et augmentent au fur et à mesure que s’affirment les disparités dans la répartition des terres cultivées et des ressources du sol (bois, thé, pétrole…) ».
EDA a recueilli le témoignage et l’analyse d’un prêtre catholique bodo : les Bodos vivent aujourd’hui « dans une pauvreté et une marginalisation grandissantes », une situation de « désespoir et de souffrance » qu’il explique par la « confiscation progressive » de leurs biens par les colons musulmans.
« La population autochtone est devenue (aujourd’hui) une minorité et les musulmans se sont mis à occuper leurs terres avec la complicité des autorités locales, poussant les Bodos à la pauvreté et à la marginalisation (…) », explique le prêtre à l’agence AsiaNews. « Environ 70 % des familles tribales n’ont plus de terres alors que 90 % de cette population en vit ( …) et la moitié d’entre eux meurent de faim. (…) Ils ont tout perdu : maisons, terres, fermes, récoltes… tout a été pillé et détruit par les immigrés musulmans. C’est partout comme cela, même dans les zones où les musulmans sont minoritaires », témoigne le prêtre.
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