Reporters sans frontières s’inquiète des propos tenus par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton sur les droits de l’homme en Chine. L’organisation regrette que Mme Clinton, qui a eu dans le passé des positions courageuses et fermes sur le sujet, abandonne aussi vite ses engagements en faveur de la défense de la liberté d’expression.
En affirmant que les droits de l’homme ne seront pas "au cœur des discussions" avec les autorités chinoises, Mme Clinton avoue son impuissance alors que les pressions américaines ont, à de nombreuses reprises, aidé à la libération de prisonniers d’opinion chinois.
L’organisation tient à rappeler que les droits de l’homme, et notamment la liberté de la presse, sont au cœur des enjeux globaux que Mme Clinton prétend régler avec les autorités chinoises. "Comment résoudre la crise environnementale si la presse chinoise n’est pas libre de couvrir les affaires de pollution ? Comment sortir de la crise financière si les médias chinois ne peuvent évoquer aussi librement qu’ils le voudraient de la sous-évaluation de yuan ?", estime Reporters sans frontières.
En tout cas, ces déclarations auront eu pour effet de ne pas dissuader la police chinoise de renforcer le contrôle sur certains militants de la liberté d’expression. Ainsi, Zeng Jinyan, l’épouse du dissident emprisonné Hu Jia, a été interdite de sortir de chez elle le 21 février à Pékin. "Je suis actuellement en résidence surveillée, car Hillary Clinton est arrivée", a-t-elle déclaré le 21 février à l’Agence France Presse. Elle avait prévu de rendre visite à Gao Yaojie, une militante de la lutte contre le sida, avant que cette dernière ne rencontre Mme Clinton.
Zhang Zuhua, un intellectuel résidant à Pékin et signataire de la "Charte 08" (texte appelant à des réformes démocratiques en Chine), n’est pas parvenu à sortir de chez lui durant la visite d’Hillary Clinton. Plusieurs policiers étaient postés devant son domicile et lui ont déclaré qu’il ne pourrait ni quitter son domicile ni rencontrer personne dans les jours à venir.
Jiang Qisheng, militant démocrate et signataire de la Charte 08, a également été placé sous résidence surveillée dès le 20 janvier au matin. La police lui a demandé de ne pas tenter de rencontrer Hillary Clinton et lui a ordonné de se déplacer dans les véhicules de police s’il voulait se rendre quelque part.
Yu Jie, écrivain et signataire de la Charte 08, a également été surveillé par des policiers en civil. Un véhicule de police était garé devant son domicile. Plusieurs autres signataires de la Charte 08 ont été harcelés et empêchés par la police de quitter leur domicile.
Reporters sans frontières demande à Mme Clinton de prouver, lors de sa visite en Chine, que l’administration Obama a placé la question des libertés au cœur de sa politique.
Reporters sans frontières, Human Rights Watch et Amnesty International USA avaient adressé une lettre à Hillary Clinton avant son voyage en Chine.
RSF 23.02.09