Si dans le monde, beaucoup de minorités religieuses sont encore persécutées, c'est que les religions, les fidèles «sont capables du meilleur comme du pire». Il faut passer peu à peu «de la peur de l'autre à la peur pour l'autre», a affirmé le cardinal Jean-Louis Tauran.
Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a accordé une interview à L'Osservatore Romano, le 1er août, de retour de Sampran, en Thaïlande, où il a présidé une session de travail du Conseil pontifical.
En Orient, on a besoin de respirer un climat de plus grande liberté, et surtout, on a besoin de solidarité entre les religions, afin que tous les hommes «puissent vivre les uns à côté des autres» dans une société «pacifiée et pacifique», a-t-il affirmé.
«Chaque fois qu'un croyant est tué, c'est comme s'il fallait tout recommencer depuis le début », a-t-il ajouté en citant deux écueils à éviter : le relativisme et l'intolérance. «Tout progrès est affaibli chaque fois que des croyants sont tués pour des raisons religieuses», a-t-il estimé.
Interrogé sur le rôle des religions dans le monde, le cardinal français a rappelé que «l'homme ne vit pas seulement de pain». «Cela signifie qu'il a une dimension spirituelle, religieuse. Et c'est presque une nécessité pour l'homme qui, même super informé, trop souvent ne pense pas». «La religion peut donc entraîner les personnes à penser», a-t-il affirmé.
A ses yeux, les chrétiens peuvent apprendre des autres religions, même s'il est important que « chacun maintienne son identité spirituelle » : « on ne peut pas dire que toutes les religions sont plus ou moins égales », a-t-il insisté. « Mais il y a des valeurs que nous pouvons partager avec les autres : des musulmans, nous pouvons apprendre comment prier, comment jeûner et comment être charitable ; des hindous la méditation et la contemplation ; des bouddhistes le détachement des biens matériels, le sens profond du respect de la vie ; du confucianisme la piété et le respect pour les personnes âgées ; du taoïsme la simplicité et l'humilité ».
Des catholiques, on peut apprendre « beaucoup de choses », a-t-il ajouté, « surtout la richesse d'un Dieu qui a un visage humain, comme l'a écrit Benoît XVI dans Deus caritas est, un Dieu qui est amour et qui se préoccupe de la vie de l'homme en toutes circonstances ».
Evoquant enfin la prochaine assemblée synodale pour le Moyen Orient, il a estimé qu'elle était « un moment exclusivement pastoral dont le but est de donner l'espérance à nos frères qui vivent dans cette région du monde martyrisée ». « Au Moyen-Orient, les chrétiens sont chez eux. Ils ne demandent pas l'asile », a-t-il souligné. « La Terre Sainte, en raison de la présence de trois religions monothéistes, devrait être un véritable laboratoire pour le dialogue».
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