« Nous condamnons les attaques de Mossoul et toutes celles qui frappent notre cher territoire de Mésopotamie, en particulier les chrétiens », a déclaré le patriarche de Babylone des Chaldéens, le cardinal Emmanuel III Delly, à « L'Osservatore Romano », après la nouvelle vague de violence qui s'est abattue sur les chrétiens en Irak.
Dimanche, en effet, la communauté chrétienne a été la cible d'un nouvel attentat. La personne visée était encore une fois un commerçant, révèle l'agence « AsiaNews », précisant qu'il s'agit d'un vendeur de disques, Oarkis Aln. Son cousin a été blessé dans l'attaque.
Selon une autre information diffusée par l'agence « Aswat al Iraq », un autre fidèle de la communauté chaldéenne a été tué chez lui à Mossoul.
Bien que le gouvernement irakien ait déployé mille agents de police en plus dans la ville, ce sont des centaines de familles qui ont dû quitter leurs maisons. Des milliers de chrétiens ont trouvé refuge dans les monastères et couvents, ou dans l'Eglise du nord de l'Irak.
« Ce qui est arrivé à Mossoul ces derniers jours déplaît à Dieu et à l'homme fidèle à sa patrie et à ses frères », a dit le patriarche de Babylone des Chaldéens.
« Nous, fils de notre Irak bien-aimé, a déclaré le cardinal Delly, avons l'obligation de nous unir et, d'un seul et même cœur, faire tout ce qui est en notre pouvoir pour son avenir, dans la charité et la réconciliation, afin que l'Irak devienne une grande nation unie ».
« Pendant 14 siècles nous avons vécu dans un climat de tolérance et de fraternité, partageant nos vies et construisant ensemble notre patrie bien-aimée, a-t-il poursuivi. Nous ne pouvons permettre que les forces obscures qui viennent de l'extérieur brisent notre unité nationale ».
« Nous demandons à Dieu que notre Irak ‘blessé', la terre de nos aïeux, retrouve la paix et la sécurité, a-t-il dit. En cette douloureuse occasion, nous invoquons le repos éternel pour les victimes innocentes de cette violence et de ces attentats et offrons nos sincères condoléances à leurs proches ».
Interrogé par Radio Vatican, le père Philip Najim, visiteur apostolique pour les fidèles chaldéens en Europe, a déclaré que derrière ces attentats, aujourd'hui, contre les chrétiens d'Irak, il y a « des forces obscures qui veulent briser cette unité nationale ».
Le premier objectif de cette violence est de faire sombrer le pays dans le chaos : « Ils veulent ralentir le processus de paix, briser l'unité nationale ; autrefois, ces divisions n'existaient pas ».
« Nous sommes tous irakiens, a-t-il poursuivi, nous avons tous vécu en Irak, nous avons tous construit l'Irak ensemble, indépendamment de notre foi ; chacun est libre d'avoir sa religion, mais à la fin il y a toujours cette nationalité irakienne qui a contribué à construire l'Etat ».
« Aujourd'hui, il y a des forces qui ne veulent pas de cette stabilité, qui ne veulent pas la paix, qui ne veulent pas d'un Irak prospère, et le peuple ici est victime de cela, il en paie le prix, a déploré le père Philip Najim ; ici, la politique est contre l'homme, le peuple irakien a énormément souffert et la communauté chrétienne a énormément souffert ».
« La communauté internationale doit intervenir et défendre la dignité de l'homme, a-t-il dit ; elle doit aider le peuple irakien à retrouver sa dignité, car il a droit à la vie, à ses ressources pour pouvoir vivre une vie meilleure ».
Dans un entretien au journal italien l'« Avvenire », l'archevêque de Kirkuk, Mgr Louis Sako a quant à lui dénoncé et jugé inadmissible le silence qui entoure ces actes de violence, affirmant qu'après Bagdad, Mossoul devient à son tour le théâtre d'un véritable nettoyage ethnique.
« A Mossoul, a-t-il insisté, on assiste au même nettoyage ethnique que celui auquel la ville de Bagdad avait été soumise à coups d'enlèvements et de meurtres. En une semaine, nous avons dénombré douze victimes chrétiennes ».
« Cette campagne d'intimidation, a-t-il expliqué, pourrait avoir des motivations confessionnelles de la part d'extrémistes, mais être aussi une action politisée pour atteindre certains objectifs, comme la marginalisation des chrétiens, ou du moins les obliger à quitter la ville » .
L'archevêque de Kirkuk a ensuite souligné l'urgence d' « un discours clair et uni de la part de l'Eglise », qui « doit également donner une voix forte aux chrétiens, les protéger d'un point de vue pastoral et leur permettre de s'exprimer sur des sujets d'intérêt national ».
« Beaucoup nous accusent de faire le jeu d'une partie contre une autre. Ceci est faux, mais le devoir de l'Eglise est de le dire haut et fort, de crier que nous sommes pour tout l'Irak et seulement de l'Irak », a-t-il conclu.
ROME, Mardi 14 octobre 2008 (ZENIT.org)