L’édifice, qui a été inauguré le 7 juillet dernier, se trouve à une dizaine de kilomètres du centre de Kirkouk, dans le village de Sikanayan (qui signifie Trois Fontaines en kurde). Il s’agit du premier lieu de culte chrétien construit en Irak depuis la chute de Saddam Hussein en 2003. Cette église servira à une communauté d’environ deux cents familles récemment arrivées dans cette ville du Kurdistan après la vague de violence qui a touché les communautés chrétiennes irakiennes.
« L’Eglise se trouve hors des murs de la ville, comme l’Eglise des Tre Fontane à Rome, qui rappelle le lieu où l’apôtre Paul a été martyrisé. Et c’est pour cela que dimanche, durant l’homélie, j’ai voulu rappeler Paul : un chrétien qui vit dans un contexte particulier mais qui ne perd jamais le courage ni la confiance d’aller de l’avant malgré les difficultés », a affirmé Mgr Sako à L’Osservatore Romano. « J’ai expliqué à ma communauté paroissiale combien la figure de saint Paul est importante pour la chrétienté et ce que son martyre a représenté. Dans le martyre, il n’y a pas que la mort, mais aussi la vie et la présence constante de Dieu ».
Le terrain où l’église a été construite, rappelle L’Osservatore Romano, a été donné à la communauté chrétienne par le gouvernement de Bagdad et une partie des travaux a été financée par le président Jalal Talabani. « Cela prouve que l’église Saint-Paul sera un lieu spécial et ouvert à tous : chrétiens et musulmans ».
« L’église est un lieu spécifique pour prier et adorer Dieu en esprit et en vérité, comme dans une mosquée », a rappelé Mgr Sako. « Les musulmans ont participé avec une grande joie à la messe, nous avons prié, récité des psaumes et chanté des hymnes. Chacun a lu une prière universelle pour que ce lieu saint soit le reflet de la beauté du Dieu créateur et de toutes les valeurs spirituelles : bonté, amour, pardon. Chrétiens et musulmans, nous avons prié pour la coexistence et la paix harmonieuse à Kirkouk et dans tout le pays ».
« L’Irak – a poursuivi l’archevêque chaldéen – a plus que jamais besoin de stabilité et de cohésion. Il n’est possible de l’obtenir qu’avec la collaboration des différentes religions présentes ». « Il faut construire chaque jour ces bases qui nous permettrons un jour de continuer à vivre ensemble dans la paix et la sérénité, comme dans le passé. Les chrétiens doivent croire en ce pays et dans l’avenir de la communauté », a insisté Mgr Sako. « Si la communauté est unie et bien préparée, nous pouvons alors continuer à espérer dans un avenir meilleur. Aujourd’hui, le dialogue avec les musulmans est une confirmation, pas une simple utopie, et c’est sur ces bases qu’il faut travailler ».
A ce sujet, rapporte encore le quotidien du Saint-Siège, le 21 juillet prochain, un congrès se déroulera à Kirkouk, organisé par Mgr Sako, avec la participation de tous les responsables politiques et religieux du pays pour trouver les moyens de renforcer le pluralisme et la coexistence en Irak.
« Je me rends compte qu’il y a encore beaucoup à faire », a ajouté l’archevêque de Kirkouk. « Le Moyen-Orient est agité par des épisodes en tous genre mais il y a une lumière. Les chrétiens en Irak sont le sel et la lumière et l’Eglise doit les aider à comprendre ».
Mgr Sako s’est enfin dit confiant dans l’avenir des chrétiens. « Je m’adresse à notre communauté et je l’exhorte vivement à ne pas abandonner le pays et à témoigner de sa foi avec confiance et courage. Nous ne pouvons être isolés et vivre seuls parce que l’isolement est une mort lente, alors que le dialogue et l’ouverture sont un signe de vie renouvelée et de croissance ».
Marine Soreau
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