Pourquoi sont-ils venus à Strasbourg ?
Après le massacre, le 31 octobre, de 53 chrétiens dans la cathédrale syrienne-catholique de Bagdad, le Parlement européen avait voté le 25 novembre, à la quasi-unanimité des parlementaires présents ce jour-là, une résolution sur les chrétiens d’Irak, « la première les concernant directement », précise Constance Le Grip, députée européenne (UMP, groupe PPE), à l’origine de cette initiative.
Condamnant les actes visant les communautés chrétiennes et toutes les minorités vulnérables, cette résolution invitait les autorités irakiennes à mieux les protéger. Elle enjoignait également à la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, d’introduire le problème de la sécurité des chrétiens dans le premier accord de partenariat et de coopération entre l’Union européenne et l’Irak, qui doit être signé en mai prochain.
Pour aller plus loin, le groupe PPE a convié trois évêques à une série de rencontres avec notamment le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, les députés du groupe PPE ainsi que son président Joseph Daul, et le député britannique conservateur Struan Stevenson, président de la délégation pour les relations avec l’Irak.
Ont répondu à l’invitation Mgr Matti Matoka, archevêque de Bagdad des syriens-catholiques, en charge de la cathédrale qui a été la cible de l’attentat du 31 octobre, Mgr Georges Casmoussa, archevêque de Mossoul des syriens, et Mgr Shlemon Warduni, évêque auxiliaire de Babylone des chaldéens.
Qu’ont dit les évêques ?
Les évêques irakiens ont été reçus dans l’hémicycle pour leur accueil officiel mais ne se sont pas exprimés en séance plénière. « On n’en est pas là », explique Constance Le Grip, même si les évêques n’ont pas manqué, en conférence de presse, de solliciter clairement les députés.
« On ne vous demande pas de faire une croisade et nous ne voulons pas que notre cause soit politisée, mais nous vous demandons de faire votre possible pour rétablir la paix dans ce pays », a affirmé Mgr Matoka. « Jusqu’à maintenant l’Europe n’a quasiment rien fait. La balle est dans votre camp », a insisté Mgr Warduni.
Mais l’heure était surtout à l’approfondissement de la connaissance mutuelle et à l’identification de projets auxquels l’Europe pourrait apporter une aide concrète.
Que peuvent faire les eurodéputés ?
Les députés PPE ont remis une lettre de soutien aux chrétiens d’Irak, signée par 160 parlementaires de divers bords. Deux députés italiens, Mario Mauro (PPE) et Gianni Pittella (socialiste) iront à Noël à la basilique de la Nativité de Bethléem.
Certains députés travaillent également à l’organisation par le Parlement européen, en 2011 au Liban, d’une conférence internationale sur les chrétiens du Moyen-Orient, qui en préfigurerait une autre, si possible l’année suivante, en Irak. Jerzy Buzek, président polonais du Parlement, a approuvé cette idée.
Melhem Riachy, écrivain, journaliste et professeur d’université au Liban, spécialiste de géostratégie, a par ailleurs demandé un soutien à sa proposition de créer une fondation destinée à aider des microprojets permettant le maintien des chrétiens en Irak.
Élise DESCAMPS, à Strasbourg La croix |