Reporters sans frontières demande de ne pas mettre à exécution le mandat d’arrêt lancé, le 1er juillet 2008, à l’encontre de Mohammad Javad Haghshenas, directeur du quotidien Etemad Melli, organe du parti réformateur du même nom.
La décision des autorités intervient suite à la publication d’un article, précédemment diffusé sur un blog, critiquant des déclarations du président Mahmoud Ahmadinejad.
“Les mesures répressives dirigées à l’encontre des professionnels des médias qui s’opposent au président Ahmadinejad ou osent critiquer sa politique sont devenues monnaie courante. L’espace des libertés, largement érodé en Iran, ne cesse de se réduire et la personne du Président devient de plus en plus intouchable”, a déclaré l’organisation.
Le 1er juillet 2008, le parquet de Téhéran a lancé un mandat d’arrêt à l’encontre de Mohammad Javad Haghshenas, directeur du quotidien d’opposition Etemad Melli pour “publication de fausses informations visant à troubler l’opinion publique”. Le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique a donné un avertissement au journal pour “accusations sans fondements à l’égard du président de la République”. Etemad Melli ne serait pas menacé de suspension.
Dans son édition du 30 juin 2008, le journal avait repris un article, posté quelques temps plus tôt par un dignitaire religieux sur son blog, critiquant les propos du président Mahmoud Ahmadinejad concernant Mahdi, le dernier imam chiite. En mai dernier, le président iranien avait été vivement critiqué pour avoir dit que la main du Mahdi était “visible dans la gestion de toutes les affaires du pays”. Dans son article, l’auteur, Rasoul Montajab-Nia, également membre d’Etemad Melli, avait affirmé que de tels propos “affaiblissent les croyances des gens et, de plus en plus, sont tournées en ridicule par les ennemis de l’islam”. Il n’aurait pas été informé de la publication de son article dans le quotidien du parti, dirigé par Mehdi Kerroubi, ancien rival de Mahmoud Ahmadinejad aux élections de 2005.
Depuis l’arrivée de Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir, de nombreuses publications et sites Internet ont été traduits en justice ou fermés sur décision administrative pour l’avoir critiqué. En juin 2008, le quotidien Tehran Emrooz a perdu sa licence suite à la publication d’un dossier brocardant le bilan économique de Mahmoud Ahmadinejad lors de son passage à la mairie de Téhéran, avant d’accéder à la présidence. De même, en mars 2007, le conseil d’Etat avait décidé de fermer le site Internet Baztab qui faisait l’objet d’une multitude de plaintes déposées par des partisans du chef de l’Etat.
RSF 02.07.2008