Reporters sans frontières dénonce un renforcement de la censure sur Internet. Le 28 juillet 2008, le journaliste Massoud Heydari a été condamné à trois mois et un jour de prison pour “publication de fausses informations“. Deux jours auparavant, le site Internet conservateur www.tiknews.info, avait été bloqué pour la cinquième fois en deux ans.
“La censure imposée aux médias iraniens par les autorités se renforce depuis quelques mois. Même les médias conservateurs sont visés. Le président Mahmoud Ahmadinejad tolère de moins en moins la critique à l’approche de l’élection présidentielle de 2009. Nous demandons aux autorités de rendre le site tiknews accessible et de cesser les pressions à l’encontre des journalistes critiques“, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 28 juillet 2008, la chambre 1083 du tribunal de Téhéran a condamné le journaliste Massoud Heydari à trois mois et un jour de prison ainsi qu’à une amende de 15 millions de rials (un peu plus de 1000 euros) pour “publication de fausses informations“. Suite à la publication de certains articles sur le site de l’agence de presse ILNA, il était poursuivi par les ministère du Travail et de la Santé ainsi que l’Université Amir Kabir de Téhéran.
Massoud Heydari est le fondateur de l’ILNA, une agence de presse proche des réformateurs, qu’il a créée en 2002. L’agence a massivement couvert la répression des mouvements féministes, étudiants et ouvriers. Le 3 juillet 2007, elle avait été interdite par les autorités et Massoud Heydari avait présenté sa démission.
Par ailleurs, le site d’informations Entekhab (www.tiknews.info) a été bloqué pour la cinquième fois en deux ans. Entekhab est un site d’informations proche des conservateurs, connu pour ses critiques contre le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad et pour ses appuis religieux.
Son directeur, Mostafa Faghihi, a été convoqué la semaine dernière au tribunal, accusé de “publication de fausses informations“ et d’“insulte au sacré“. Le 6 juillet 2007, il avait publié un article dans lequel il reprenait des propos tenus par l’ex-ministre de l’intérieur et proche de l’Ayatollah Khomeiny, hojatoleslam Mohtashami, affirmant qu’“il n’y a pas de différence“ entre “la secte de l’Ayatollah Mesbah“ (connu comme le père spirituel du président Mahmoud Ahmadinejad), les Taliban et “les ignorants du début de l’islam.“ D’après Mostafa Faghihi, “chaque fois que l’on publie un article critique sur l’ayatollah Mohammad Tachi Mesbah, il est filtré et personne ne veut nous expliquer pourquoi“.
L’Iran est classé au 166e rang sur 169 du classement mondial sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières et figure dans la liste des “Ennemis d’Internet“.
RSF 31.07.2008