L'archevêque de Dublin met en garde contre une rupture des relations entre l'Eglise et l'Etat irlandais et exhorte tous les membres de la société à travailler ensemble pour la protection des enfants.
Mgr Diarmuid Martin a accordé mercredi 20 juillet une interview à la radio publique irlandaise RTE dans laquelle il commente le Rapport sur le diocèse de Cloyne et la violente attaque du gouvernement irlandais contre le Vatican.
Le Rapport établi par une commission d'enquête sur le diocèse de Cloyne et publié la semaine dernière, constate que Mgr John Magee de Cloyne, qui a démissionné en 2010, n'avait pas tenu compte des mesures de protection décidées en 1996 par la Conférence des évêques catholiques d'Irlande. Il qualifie par ailleurs la « réaction du Vatican » aux efforts des évêques irlandais pour répondre aux allégations d'abus sexuels « d'inutiles pour tout évêque souhaitant mettre en place les mesures établies ».
Le Rapport cite une lettre datant de 1997 adressée à la Conférence des évêques d'Irlande qui exprimait « de sérieuses réserves tant au plan moral que canonique » quant à la « dénonciation obligatoire » figurant dans les mesures.
Le Rapport de Cloyne souligne que cette lettre « donnait effectivement à chaque évêque irlandais la liberté de ne pas tenir compte des procédures établies et réconfortait et soutenait ceux qui (…) étaient en désaccord avec la politique officielle de l'Eglise irlandaise ».
Dans un discours au parlement irlandais, le leader du parti « Fine Gael » s'en est pris violemment au Vatican. Il a affirmé que « les révélations du Rapport de Cloyne ont amené le gouvernement, les catholiques irlandais et le Vatican à un tournant sans précédent ». Il a ajouté que le gouvernement attendait la réponse du Saint-Siège.
Colère et honte
Mgr Diarmuid Martin a reconnu qu'il était lui-même « très déçu et contrarié ». « Qu'est-ce que vous faites quand vous avez des systèmes en place et quelqu'un n'en tient pas compte ? » s'est-il interrogé. « Qu'est-ce que vous faites quand vous avez des groupes au Vatican ou en Irlande qui tentent de miner ce qui est fait ou qui refusent tout simplement de comprendre ce que l'on fait ? »
Le primat d'Irlande a affirmé avoir personnellement remis plus de 70.000 documents à la Commission Murphy et avoir informé de tous les cas dont il était au courant. « Je n'ai jamais reçu de reproche du Vatican pour avoir fait cela, donc les normes qui ont été établies sont importantes ».
L'archevêque a dénoncé ceux qui « jouent » avec les normes, en affirmant qu'ils trahissent l'Eglise.
Mgr Martin a aussi mis en garde contre une rupture dans la société : « Je ne veux pas voir une polarisation entre l'Eglise, l'Etat, les groupes de bénévoles. Nous devons tous travailler ensemble pour veiller à ce que les enfants soient protégés », a-t-il insisté.
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