Cette journée a été accompagnée d’un moment de prière sur la tombe de Jean-Paul II, présidée par le cardinal Angelo Comastri, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre. Elle était organisée par l’Université pontificale du Latran, le 15 mai dernier, en l’église Saint-Étienne-des-Abyssins, au Vatican.
Le cardinal Georges Cottier, théologien émérite de la Maison pontificale, a souligné l’attachement de Jean-Paul II à Marie, rappelant que celui-ci avait placé tout son pontificat sous la devise : Totus tuus, en référence à Marie, qu’il avait tiré du Traité de la vraie dévotion à Marie de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Le bienheureux pape, a-t-il expliqué, a en effet vu « un signe de la maternité de Marie sur notre époque, marquée par les persécutions et la chute du totalitarisme » et « il a eu conscience de cela, comme en témoignage sa lecture de l’attentat du 13 mai 1981, jour de la fête de Notre Dame de Fatima ».
Mais avant même ses enseignements, le grand héritage laissé par Jean-Paul II est son « témoignage de vie », est alors intervenu le P. Ottaviano D'Egidio, supérieur général des Passionnistes, et « ce qu’il demandait à tous, il avait été le premier à le faire », comme il avait laissé entendre en prononçant sa célèbre phrase, le jour de son élection : « N'ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ».
Que le pape ait été ‘appelé’ à transmettre le message chrétien par sa vie, toutes les personnes qui ont eu à le rencontrer en sont convaincues, a souligné à son tour Mgr Enrico dal Covolo, recteur de l’université pontificale du Latran, en appuyant sur le terme ‘appelé’, au sens biblique du terme.
Mgr dal Covolo a été rejoint dans ses propos par le Passionniste Ciro Benedettini, directeur adjoint de la salle de presse du Saint-Siège qui a centré son intervention sur les capacités de Jean Paul II à jouer une rôle de « pont » et d’ « intermédiaire », en vivant les souffrances comme « un accomplissement de la volonté de Dieu ».
Il a vécu pleinement son ministère pétrinien, indépendamment de sa forme physique, « tant à l’époque où il avait encore tous ses moyens et qu’on le surnommait l'athlète de Dieu, que lorsqu’il est devenu faible, malade », a-t-il rappelé, relevant que c’est même en pleine condition de faiblesse qu’il a donné la partie la plus convaincante de son message.
Après une première rencontre, en avril dernier, sur les liens entre le sens de la vie et le sens de la croix, a expliqué à Zenit le Prof. Fernando Taccone, directeur de la chaire « Gloria Crucis » de l’Université pontificale du Latran, qui précise : « Nous avons voulu parler de « la sagesse de la croix » dans la vie et dans le magistère de Jean-Paul II.
Parmi les thèmes abordés : la pensée du pape dans ses encycliques comme grande contribution au Concile Vatican II et sa conception personnelle qui ne naissait pas d’une livre mais de son expérience pastorale ; mais surtout son témoignage, dont le message le plus convaincant et le mieux compris par les foules fut la faiblesse ou mieux l’acceptation de la souffrance.
Des actes seront ensuite publiés et présentés au monde scientifique et académique, a annoncé Fernando Taccone : « Nous avons choisi ce thème pour offrir une clef de lecture à l’expérience de croix qui peut traverser la vie d’une personne, sa personnalité et ses pensées », a-t-il expliqué.
Quant à la présentation des trois encycliques de Jean Paul II – Redemptor Hominis, Dives in Misericordia et Dominum et vivificantem – , elle avait pour but de montrer ce que le pape avait reçu du Concile Vatican II et en avait tiré, apportant une clef de lecture profondément unitaire du mystère du Christ et du mystère de l’homme, centrée sur la rédemption », a souligné pour sa part le Prof. Gilfredo Marengo, de l’Institut pontifical Jean Paul II pour les Etudes sur le mariage et la famille.
« Un triptyque sur la Trinité qui, a-t-il ajouté, s’ajoute à notre tentative de retracer le parcours de réflexion sur la vie de l’Eglise que Jean-Paul II a entrepris à Cracovie dans les années 70, et qu’il a poursuivi à Rome, après son élection, pour le développer dans les autres textes jusqu’à l’encyclique Dominum et vivificantem, en 1986 », contribuant ainsi largement à la diffusion des enseignements du Concile, surtout celui de la Constitution Gaudium et spes, un texte auquel il tenait particulièrement.
Jean-Paul II a tracé « un parcours qui témoigne de cette conscience qu’il avait du rapport entre le Mystère de la Rédemption en Jésus-Christ et la particulière existence et dignité de l’homme », a expliqué le Prof. Marengo, et dont le but était de faire montrer « toute la pertinence de la mission de l’Eglise et de son service à l’homme, à travers le mystère de sa vie ».
« Ce témoignage, a-t-il ajouté, il l’a présenté et offert à l’Eglise comme contenu central de son ministère papal, traduisant sous forme de triptyque Christ-Homme-Eglise, le cœur des préoccupations d’un grand événement ecclésial comme le Concile Vatican II ».
Le concept de personne que Jean-Paul II avait élaboré n’était pas le fruit de lectures mais de son expérience pastorale : « Il attirait les foules, a conclu M. Marengo, parce qu’il était à la fois témoin et pasteur, mais pasteur avant tout, et il avait senti qu’il y avait un lien particulier entre ses devoirs institutionnels de pape au sein de l’Eglise et sa nature humaine ».
Le pape n’a jamais caché ses problèmes physiques, comme l’a rappelé à son tour le journaliste vaticaniste de la première chaine de télévision italienne, Aldo Maria Valli. Certains se demandaient même avec inquiétude ce qu’aurait pu encore dire aux jeunes un pape faible, aussi fatigué et malade ».
Jean-Paul II a déjoué « toutes les prévisions », a déclaré le journaliste : « Il a ouvert une brèche dans le mystère de la souffrance, un mystère qui ne s’éclaircit qu’en Jésus-Christ, auquel il ne répond pas de manière abstraite mais par un appel : Suis-moi ».
« Voilà pourquoi le pape, a conclu Aldo Maria Valli, pourtant âgé et fatigué, ne s’est jamais arrêté, a voulu porter jusqu’au bout l’annonce de l’Évangile au monde ».
zenit