mis en scène mercredi soir 9 janvier, à l’Auditorium de la Conciliation à Rome, dans le cadre de la revue « Foi et Théâtre » à Rome.
L’initiative, conduite par le vaticaniste du quotidien italien « Avvenire », Mimmo Muolo, sous le patronage des Services sociaux de la province de Rome, en collaboration avec les associations culturelles Musique&nature et Flamilia, est une réponse à l’invitation de Benoît XVI, en cette Année de la foi, à introduire dans la culture moderne les contenus de la foi à travers le langage théâtral.
L’ancien préfet de la congrégation pour les évêques, qui fut un des plus proches collaborateurs de Jean Paul II et substitut pour les affaires générales à la Secrétairerie d’Etat sous son pontificat, n’a pas manqué à cette occasion de donner des précisions sur les avancées de son procès de canonisation.
« Ayant fait plus d’un miracle, sûrement l’un d’entre eux sera reconnu valable pour sa canonisation, et si ce n’est pas pour cette année ça sera pour l’année prochaine », a estimé le cardinal Re en évoquant la possibilité que cette canonisation, tant attendue par des millions de fidèles catholiques à travers le monde, soit effectivement pour bientôt.
« Divers miracles et non un seul lui sont attribués. Il lui en fallait un pour être reconnu bienheureux, maintenant les médecins de la congrégation pour les causes de saints devront en reconnaître un autre et le pape Wojtyla pourra alors devenir saint », a-t-il expliqué.
En même temps, le cardinal Re a fait savoir que les informations dont il dispose concernant l’étude des « guérisons scientifiquement inexplicables » attribuées à l’intercession du pape, datent d’il y a quelques mois, c’est à dire de « l’époque où les médecins étaient en train d’examiner trois ou quatre de ces guérisons, cherchant celle qui, parmi elles, répondait le plus, et de manière solide, aux critères de jugement ».
Il s’agit d’un travail « délicat », « attentif et minutieux », a-t-il expliqué, précisant que ce choix devait passer devant un conseil formé de « 7 médecins qui doivent tous être d’accord pour dire qu’il s’agit d’une guérison inexplicable au plan humain et scientifique ».
Le cardinal Re a également souligné que les médecins sont « tellement scrupuleux qu’ils préfèrent ne pas se prononcer si, par exemple, une maladie a été soignée avec des traitements qui, dans des cas semblables, ont conduit à sa résolution ».
« C’est donc bien l’équipe des docteurs qui décide s’il s’agit d’un vrai miracle ou pas », a-t-il insisté. Une fois leur aval obtenu, l’affaire passe aux mains de la commission des cardinaux et des évêques qui doivent, à leur tour, vérifier si le miracle a eu lieu par l’intercession du candidat à la gloire des autels, avant de soumettre le dossier au pape pour son approbation définitive. Après, « il ne reste plus qu’à trouver la date, choisir la période qui conviendrait le mieux ».
Bien que les déclarations de l’ancien préfet de la Congrégation pour les évêques aient fait le tour du monde, les rumeurs sur la canonisation de Jean Paul II ne sont pas une nouveauté. Déjà en Pologne, on entend dire que le pape serait proclamé saint en octobre 2013, à une date coïncidant avec le début de son pontificat et que l’annonce de Benoît pourrait arriver en mars.
Le cardinal Re, a révélé par ailleurs un épisode inédit de la vie du Bienheureux : cet épisode remonte à l’époque où il travaillait dans une mine de pierre. Il avait 18 ans et avait dû quitter l’université car elle était occupée par les allemands. Il travaillait aux côtés d’un ouvrier qui lui a dit un jour : « tu seras un grand prêtre, mais un bon chanteur aussi ». Avant cet épisode, a souligné le cardinal Re, l’idée de se faire prêtre ne lui avait jamais traversé l’esprit, « il nous l’a confié une fois devenu pape ».
Jean Paul II fut « grand » non seulement « comme homme et comme pape », mais aussi « comme poète, philosophe, théologien et mystique », a-t-il commenté, et sa poésie est un élément intéressant qui influera ensuite sur son service comme pape : beaucoup de thèmes reviennent, et avoir pu exercer cet art a favorisé sa capacité de toucher les personnes, de parler aux foules, d’attirer l’attention ».
« Il était sûr, a poursuivi le cardinal Re, il avait un fort ascendant sur les jeunes, était ami avec eux, un ami exigeant mais un vrai ami. Aujourd’hui il leur dirait qu’ils ont toute la vie devant eux, mais que c’est la seule qu’ils ont et qu’ils doivent la vivre de manière responsable: l’avenir se construit quand on est jeune, il faut regarder le Christ ».
Selon le cardinal Re, « l’élément mystique » fut un élément déterminant dans les poésies de Karol Wojtyla. On y trouve des thèmes comme « l’homme et la défense de ses droits ». Ses écrits, précise-t-il, étaient en effet « une exaltation de l’homme » et le sentiment qui prédominait était celui de la fraternité, de l’amour du prochain et de la solidarité ».
Jean Paul II a laissé « un patrimoine spirituel immense, mettant des racines là où l’on ne pensait pas qu’elles auraient porté du fruit », a souligné pour sa part le journaliste Mimmo Muolo.
La foi de Jean Paul II « a déplacé les montagnes », a-t-il conclu, « il fut le maître de cette foi qui sait conjuguer avec toutes les expressions de la vie et donc aussi avec le théâtre ».
Traduction d’Océane Le Gall
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