Le Vicaire Patriarcal les a entretenus sur la situation des réfugiés syriens en Jordanie et sur l'enjeu des prochaines élections du 23 janvier.
Le 8 décembre 2012, le nombre de réfugiés syriens aidés par Caritas Jordanie atteignait le nombre de 60 039, avec un total de 12 062 familles hébergées dans les camps de Mafraq, Zarqa, Irbid, Amman et Madaba. L'assistance fournie concerne notamment la nourriture, le matériel scolaire, les soins de santé, le logement et la formation continue, pour un total de 38 975 interventions. L'action de Caritas Jordanie ne se limite pas seulement aux réfugiés syriens, mais s'adresse aussi aux Irakiens et aux migrants d'autres pays comme la Somalie et le Soudan. Plus d'une centaine de bénévoles se sont engagés dans cette mission lancée en juin 2011. Elle a permis ce dernier trimestre aux réfugiés syriens installés à Zarqa et Irbid, d'améliorer leurs compétences professionnelles. Ces chiffres ont été communiqués le 6 janvier à Zarqa (Jordanie) lors de la rencontre entre les responsables de la Caritas Jordanie, la paroisse des 12 apôtres dirigée par le Curé le Père Elie Kurzum et les évêques de la « Coordination Terre Sainte » (États-Unis, Union-Européenne, Afrique du Sud, Canada, la Comece et le CCEE (Conseil des Conférences Episcopales d'Europe) actuellement en Terre Sainte pour leur traditionnelle visite annuelle (la 13ème) aux communautés locales.
Comme l'a mentionné le Patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, originaire de Jordanie, l'Eglise participe activement au soutien des 250 000 réfugiés syriens dans le royaume hachémite, qui échappent à la guerre civile. La réunion a permis de donner une idée de cet engagement et de faire appel aux Eglises, représentées par la Coordination Terre Sainte, tant sur le plan matériel que spirituel.
Les paroisses et Caritas pour les réfugiés
"La Paroisse est engagée en première ligne au service des réfugiés – explique à l'agence Sir le curé de la paroisse, le Père Kurzum – Nous avons achevé récemment un projet : l'école l'après-midi, rendue possible grâce à la Caritas et au gouvernement de Pologne. Pendant quatre mois, 104 enfants du camp voisin venaient pour trois jours par semaine. Maintenant, nous essayons de trouver d'autres fonds, nécessaires pour redémarrer un autre projet, peut-être avec un autre pays partenaire. " A Zarqa les tentes offertes par l'Italie, la France et le Maroc, sont toutes pleines de réfugiés, avec les hôpitaux du camp. La situation est sous contrôle, mais il se produit de temps en temps quelques tensions. Plus le temps passe, plus les besoins augmentent, et avec eux, le nombre des réfugiés : « Nous pensons que dans les trois prochains mois, le nombre de réfugiés va passer de 250 000 à 500 000. Ceux qui franchissent la frontière de la Syrie pour la Jordanie atteignent le nombre de 1000 presque chaque jour. Mais il y a un besoin primaire qui surpasse tous les autres, et qui doit être accueilli et écouté. Le Père Kurzum n'a pas de doute, « ceux qui quittent la Syrie et rejoignent la Jordanie ont aussi besoin de quelqu'un qui soit là avec eux. Quelqu'un avec qui ils puissent partager leur souffrance, qui puisse les écouter. Nos bénévoles, nos jeunes sont là pour ça aussi. Ces derniers mois, nous avons consacré beaucoup de temps aux enfants des réfugiés. Presque toutes les familles nous ont partagé leur désir de retourner en Syrie, de retrouver leur maisons à Homs, à Alep, ou dans les villages voisins. » En attendant, il faut continuer à fournir de la nourriture, du chauffage, des vêtements et une assistance pour se loger et trouver du travail. "L'espoir est que la visite des évêques européens et américains puisse apporter un soutien à la reprise de projets en faveur des réfugiés du camp."
Un vote attendu
Tandis que continue l'accueil des réfugiés et des déplacés syriens la Jordanie se prépare pour les élections le 23 janvier des membres de la Chambre Basse du Parlement, le Majlis an Nuwab. Affaiblie par ses pays voisins comme la Syrie et l'Irak, où la violence ne cesse pas, le Liban et les Territoires palestiniens, en équilibre précaire, la Jordanie attend le résultat de ce vote qui verra en lice 61 différents partis et les listes avec plus de 1500 candidats. Parmi ceux-ci, 824, dont seulement 88 femmes, se disputeront 27 des 150 sièges disponibles de la Chambre Basse (le Sénat est nommé par le Roi) et les 698 restants (dont 196 femmes), cependant, seront en lice pour occuper les 123 sièges restants distribués sur des bases locales.
Les chrétiens sont aussi appelés à voter, comme l'a souligné le vicaire patriarcal pour la Jordanie Mgr Maroun Laham : « Nous exhortons les chrétiens à aller voter et voter selon leur conscience. Le vote est un devoir et nous ne devons pas oublier qu'en tant que chrétiens, nous sommes 3% de la population, nous avons une base de représentation de dix sièges sur 150… » Un vote qui ne peut être séparé de l'issue de la crise syrienne qui, admet Mgr Laham, "aura une influence sur la stabilité interne de notre pays, en bien comme en mal, nous ne le savons pas encore. Nous attendons avec impatience de voir ce qui se passera. "
Un autre facteur à prendre en compte concernant la Jordanie, ajoute Mgr Laham, est «l'influence du printemps arabe que nous sentons ici aussi. Nous espérons que le nouveau Parlement sera en mesure de donner les bonnes réponses aux demandes de la population. L'avenir dépendra aussi du degré de liberté que le Roi accordera à l'assemblée élue. Le nouveau gouvernement, et c'est une nouveauté, sera nommé non plus par le Roi, mais par le Parti qui aura gagné les élections. Espérons que les politiques soient en mesure de donner des réponses positives pour le pays. »
D'après Daniele Rocchi à Amman (LPJ. org et Agence SIR)
http://www.chretiensdorient.com/article-jordanie-les-chretiens-pris-entre-les-elections-et-les-refugies-syriens-114347103.html