Le message du pape pour la 46e Journée mondiale de la paix – 1er janvier 2013 – a été présenté ce 14 décembre au Vatican, par le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, président du Conseil pontifical « Justice et Paix », Mgr Mario Toso, S.D.B., secrétaire du dicastère et Mme Flaminia Giovanelli, sous-secrétaire.
Message concret, positif et pédagogique
Pour le cardinal Turkson, le message de Benoît XVI est « concret », « positif » et « pédagogique ».
Il est concret, explique-t-il, car «l’argumentation du pape adhère totalement à la réalité », alors même que « l'expression évangélique du titre – « Heureux les artisans de paix » – peut faire penser à un message de caractère plutôt spirituel, pour ainsi dire, théorique ».
Benoît XVI constate d’abord « un fait » : « l’existence de nombreux artisans de paix, au milieu des conflits, des tensions et des violences ». Expliquant à leur intention la béatitude évangélique, il souligne qu’il s’agit « d’une promesse qui est certitude », c’est-à-dire elle n’est « pas liée au futur, mais se réalise déjà en cette vie ».
Le pape, poursuit le cardinal, « indique clairement ce que doivent faire les opérateurs de paix » : « promouvoir la vie en plénitude, dans son intégralité, donc dans toutes les dimensions de la personne humaine ». Le message attire également l’attention sur « les problèmes les plus urgents, tels la juste vision du mariage, le droit à l’objection de conscience, la liberté religieuse, la question du travail et du chômage, la crise alimentaire, la crise financière, le rôle de la famille dans l’éducation ».
Le message est également « très positif » : non seulement, souligne le cardinal, il « ouvre à l’espérance » mais « il reflète l’amour pour la vie et la vie en plénitude », plaidant pour « les thèmes liés à la justice, nécessaires pour une vie digne en plénitude », où l’homme peut « développer ses potentialités ».
Enfin, le message est « éducatif et pédagogique », selon l'habitude de l’Eglise, « qui a le devoir de "former les consciences" », fait observer le cardinal.
Sur ce dernier aspect, il considère que l’appel du pape est « fort » : il exhorte en effet à « la responsabilité des diverses instances éducatives appelés à former des classes dirigeantes adéquates » et à « étudier de nouveaux modèles économiques et financiers », ce qui est nécessaire pour dépasser les crises particulièrement graves, tant sur le plan financier que « spirituel et moral ».
Caractéristiques de l’artisan de paix
Le cardinal donne également une synthèse du message, en faisant ressortir les traits caractéristiques de l’artisan de paix selon Benoît XVI.
La première partie du message (1 à 3), explique-t-il, « consiste à motiver le choix du thème » : malgré les « difficultés alarmantes » actuelles, le pape « constate qu’il existe des artisans de paix ».
En ce sens, la béatitude évangélique « n’est pas une recommandation assortie d’une récompense dans l’autre vie », c’est l’« accomplissement » d’une promesse : « ceux qui se confient à Dieu et qui accueillent Jésus reçoivent le don de sa paix ».
Cependant, souligne le cardinal, « la paix est aussi une œuvre humaine » et elle est signe que l’humanité constitue « une unique famille humaine ».
Dans ce cadre, « l’artisan de paix est celui qui recherche le bien de l’autre », le « bien plénier de l’âme et du corps » et qui « collabore à la réalisation du bien commun dans la société ».
La deuxième partie, (4 et 5), poursuit le cardinal, souligne que « la réalisation du bien commun et de la paix sont liés au respect de la vie humaine dans son intégralité » : concrètement, « les vrais artisans de paix sont ceux qui défendent et promeuvent vie de sa conception jusqu’à sa mort naturelle » et dans ce cadre, reconnaissent « la structure naturelle du mariage, union entre un homme et une femme ».
L’engagement pour la paix a aussi une « dimension transcendante », au service de la liberté religieuse, et une « dimension communautaire » où « l’artisan de paix promeut les droits et devoirs sociaux essentiels pour la pleine réalisation des droits et devoirs civils et politiques ».
Dans ce cadre, Benoît XVI insiste sur la nécessité de « poursuivre l’engagement pour le plein emploi », ajoute le cardinal.
Dans l’action pour « un nouveau développement intégral et durable et une nouvelle économie », le pape préconise « une échelle de valeurs » avec « Dieu comme référence ultime ». Pour sortir de la crise, il encourage à « promouvoir la vie en favorisant la créativité humaine », une créativité « qui laisse la place à la logique du don de soi ».
Il souligne également l’urgence d’une « considération adéquate de la crise alimentaire », qu’il estime « bien plus grave que la crise financière », précise le cardinal. Dans ce cadre, les artisans de paix ont « le rôle de créer, spécialement pour les petits agriculteurs, des conditions pour accomplir leur travail dignement ».
Enfin, la troisième partie du message (6 et 7) s’arrête sur « le thème de l’éducation », dont la famille est le premier lieu, mais dont les communautés religieuses et les institutions culturelles, scolastiques et universitaires sont parties prenantes.
Au final, conclut le cardinal, la « pédagogie de la paix » implique « action, compassion, solidarité, courage et persévérance » : il s’agit d’avoir « une riche vie intérieure, des références morales valides et des styles de vie appropriés ». Il s’agit aussi de « vivre avec bienveillance et non seulement avec tolérance », de savoir « dire non à la vengeance, reconnaître ses torts, et pardonner ».
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