Deux associations locales de défense des droits de l'homme et de la liberté d'expression, l'association Journalistes contre la violence et la Fondation des droits de l'homme et du droit humanitaire (FDHF), se sont élevées contre les poursuites
Dans la journée d'hier, les trois jeunes aounistes, Naïm Georges Hanna (27 ans), Antoine Youssef Ramia (29 ans) et Chebl Rajeh Qasab (27 ans) ont été interrogés par le premier juge d'instruction de Beyrouth, Ghassan Oueidate, qui a émis des mandats d'arrêt à leur encontre. C'est le procureur général près la Cour de cassation, le juge Saïd Mirza, qui a engagé les poursuites contre les trois jeunes et réclamé leur arrestation, sur base du code pénal et de la loi sur les imprimés qui prévoient des poursuites en cas de calomnie contre le président de la République.
Commentant cette affaire, la FDHDH a souligné, dans un communiqué de presse, qu'il ne saurait y avoir de « contraintes à la liberté d'expression, à l'exception de la calomnie et de la diffamation ». « En dehors de ces deux cas de figure, souligne la FDHDH, la liberté d'expression et d'opinion est consacrée par l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il s'agit là d'un principe sacro-saint, dans toute l'acception du terme, et les postes ou les présidences ne sauraient être une cause de contraintes à cet égard, tant qu'il n'y a pas diffamation et calomnie. »
Et la FDHDH d'ajouter : « Ce qui suscite notre inquiétude, c'est l'accroissement des tentatives de censurer et de réprimer les médias électroniques, lesquels ne sont soumis à aucune loi les organisant au Liban et, dans une certaine mesure, dans le reste du monde. La FDHDH estime que la censure et la répression des médias électroniques constituent une démarche extrêmement grave. » En conclusion, la FDHDH a réclamé l'arrêt des poursuites contre les personnes concernées par cette affaire, tout en mettant l'accent sur la nécessité d'éviter toute calomnie ou diffamation dans les médias électroniques ou les autres médias d'information.
L'association Journalistes contre la violence en appelle à Najjar
De son côté, l'association Journalistes contre la violence a réclamé également la libération des trois jeunes et l'arrêt des poursuites engagées dans cette affaire. Dans un communiqué, l'association se déclare « foncièrement convaincue de la nécessité d'établir une distinction entre l'expression des libertés, d'une part, et tout ce qui va à l'encontre de l'éthique et des règles morales, politiques et juridiques, d'autre part ». « L'association, poursuit le communiqué, exhorte le ministre de la Justice, Ibrahim Najjar, à poursuivre le chantier de la réforme au niveau de la justice, tant en ce qui concerne l'appareil judiciaire que la législation en vigueur qui nécessite une modernisation pour ce qui a trait notamment à la diffamation, laquelle est souvent exploitée pour porter atteinte à la liberté d'expression et de pensée dans le but de régler des comptes politiques. »
L'association Journalistes contre la violence souligne que ce chantier de réformes, s'il est mené à bien, est susceptible de « lever toute équivoque au sujet des arrière-pensées qui dicteraient l'arrestation ou les poursuites visant certaines personnes » (…). « L'association souligne que sa défense acharnée de la liberté d'expression et de toute sorte de liberté ne signifie pas pour autant qu'elle approuve les atteintes à l'éthique et aux règles morales et politiques, plus particulièrement à la lumière de la prolifération de ceux qui mènent des campagnes d'insultes et de diffamation, profitant ainsi d'un climat qui tend à laminer l'État et à s'appuyer, pour ce faire, sur les forces de facto. Or ces forces de facto n'ont laissé passer aucune occasion pour mettre en évidence leur force illégale, au détriment des institutions légales et constitutionnelles. »
Et l'association de mettre en garde contre « toute censure sur les sites électroniques qui sont devenus un espace d'échanges et d'expression libre, ainsi qu'un moyen de détendre l'atmosphère politique au lieu que les tensions se transposent dans la rue ».
L'orient le jour