a-t-il affirmé en dressant le portrait d’une Afrique en profondes mutations.
L’archevêque africain est intervenu le 12 septembrelors d’une table-ronde sur le thème « L’Afrique en proie aux mutations » lors de larencontre mondiale « Destinés à vivre ensemble. Religions et cultures en dialogue » organisée à Munich par la communauté Sant’Egidio et l’archidiocèse de Munich et Freising.
Dans son intervention, le prélat évoque les mutations en tous genres vécues par l’Afrique au long du siècle dernier jusqu’aux récentes « révolutions arabes ». Il s’arrête notamment sur les différents partenariats existant entre l’Afrique et le Nord.
« II apparaît clairement que ce sont des partenariats de ‘matières premières’. Seules les matières premières comptent : l’homme africain et son développement intégral importent peu », déplore-t-il. « Il est impossible dans ces conditions de créer un monde qui favorise et promeuve ‘le vivre ensemble’, cher au Professeur Andrea Riccardi ».
« Pour que l’homme soit au centre des relations qui se tissent entre le nord et le sud par-delà l’exploitation des ressources matérielles, il faut promouvoir un partenariat de matière grise » du sud et du nord, a-t-il affirmé. « Un tel partenariat favorisera une conception concertée de l’économie mondiale, qui vise à une répartition équitable des richesses de la terre ».
S’intéressant aussi aux mutations dans le domaine religieux, l’archevêque de Kinshasa rappelle que les grandes religions que sont le catholicisme, le protestantisme et l’islam « connaissent un essor non-négligeable suivant les régions : le nord étant habité surtout par de grandes poches de musulmans, le centre par le catholicisme, le sud par les protestants toutes tendances confondues, l’ouest à égalité ».
« Mais l’Afrique – déplore-t-il – connaît le phénomène des sectes pentecôtistes, évangéliques et Eglises dites de réveil. Ces dernières donnent surtout l’impression de vouloir déstabiliser les Eglises traditionnelles en exploitant abusivement une théologie du bonheur sur terre ».
« L’Afrique bouge, l’Afrique est en mouvement, l’Afrique est en mutations profondes », conclut-il. Elle bouge aussi au plan social « où l’Afrique paie très cher les divers programmes de réduction de la pauvreté » ; au plan de la culture médiatique, « où l’Afrique doit fournir beaucoup d’efforts pour donner elle-même son image à « consommer » à l’étranger.
Elle bouge enfin « au plan politique, où l’Afrique doit éviter de concentrer longtemps tous les pouvoirs du pays dans les mains d’un seul homme ou groupe d’hommes, et par les élections assurer l’alternance politique ».
« Les vertus du ‘vivre ensemble’ (A. Riccardi) des nations permettront sûrement à l’Afrique de se présenter la tête haute au ‘rendez-vous du donner et du recevoir’ (L. S. Senghor) et de bâtir avec les autres la civilisation de l’amour» (Paul VI), a conclu MgrMonsengwo Pasinya.
Marine Soreau
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