Ils sont 59 martyrs, dont le journaliste et député Gebran Tuéni (tué dans un attentat à la bombe en décembre 2005), à figurer dans cet ouvrage qui fait revivre leur mémoire à travers des photos, des entretiens avec leur entourage, des portraits… Tous unis dans la douleur de leurs proches et la mémoire collective libanaise. Trois survivants d’attentats qui les avaient visés en 2004 et 2005 – le député et ancien ministre Marwan Hamadé, l’ancien ministre Élias Murr et la journaliste May Chidiac – font eux aussi partie de ce document hors du commun.
Michèle Tuéni a précisé que la période choisie, de 2002 à 2012, l’a été pour le nombre impressionnant de pertes en vies humaines, déplorant que le peuple libanais n’ait pas tiré les leçons de ces tragédies, « La Fondation Gebran Tuéni ne rend pas hommage aux martyrs pour des raisons politiques, sachant que les manipulations et les divisions gagnent même le martyre, a-t-elle déclaré. Certaines parties se disent fières de compter plus de martyrs que les autres. Les leçons en patriotisme sont sans fin, tout comme les accusations de trahison. Disons-le avec courage, comme nous l’a appris Gebran Tuéni : “Nous sommes fiers de tout martyr libanais parce qu’il est libanais”… » Tout en déplorant les divisions politiques qui continuent d’exposer le Liban à tous les dangers, la jeune femme a assuré que « l’unification de la mémoire et de la vision du martyre est en notre intérêt, pour mieux protéger nos générations futures, car il est temps de mettre un terme à ce cauchemar ».
Trois médailles et deux sites Internet
Le livre rendu public hier par la fondation a été rédigé par plusieurs rédacteurs du journal, an-Nahar, dont Gebran Tuéni a très longtemps été le PDG. Plusieurs photographes ont apporté leur substantielle contribution à l’ouvrage – qui est abondamment illustré de photos d’archives et de photos prises durant les reportages – Raymond Yazbeck, Michel Sayegh, Rudy Bou Chebel, Saydeh Jabra Hajjar, Émile Issa et Jana Younès.
Durant la cérémonie, qui est le second événement annuel organisé par la fondation, des médailles ont été remises à trois personnalités très actives de la société civile : Hayat Sadaka, elle-même veuve d’un officier, qui s’occupe des enfants de martyrs de l’armée, Zeina Daccache, fondatrice et directrice de Catharsis, une ONG qui a introduit la dramathérapie au Liban et au Moyen-Orient, Yvonne Chami, fondatrice et directrice de Sesobel, et Anta Akhi, pour les enfants à besoins spéciaux.
La cérémonie était également riche en reportages filmés diffusés sur grand écran, dont certaines déclarations de Gebran Tuéni (d’une étonnante actualité), et un reportage très touchant sur Ghassan Tuéni, une figure unique du journalisme et de la politique au Liban, qui nous a quittés il y a peu de temps. Un hommage a enfin été rendu par les présentateurs à d’autres figures, dont Colette Chibani, rédactrice en chef du magazine Noun (groupe an-Nahar), disparue cette année.
La musique était au rendez-vous, notamment avec une chorale d’enfants qui a entonné avec succès des chansons patriotiques, et un concert donné par Hiba Tawaji sur une musique d’Oussama
Rahbani.
Enfin, notons que deux nouveaux sites Internet ont été introduits durant cette soirée : www.gebrantueni.com, qui honore la mémoire du grand disparu, et www.gebrantuenifoundation.com, pour la fondation.