UNESCO, 27 et 28 octobre 2005
21 novembre 2005
Dans le prolongement du projet "MENTOR", centre de ressources partagé pour l’éducation aux médias, initié par l’Unesco en 2002, et de la seconde phase du sommet mondial sur la société de l’information de novembre 2005 à Tunis, la commission française et le secteur communication de l’Unesco ont organisé les 27 et 28 octobre 2005 à Paris un séminaire euro-méditerranéen sur "l’éducation aux médias, enjeux des sociétés du savoir".
Séminaire
L’Unaf a apporté les propositions qu’elle a formulées pour les familles, aux réflexions et expériences présentées par les experts de l’éducation et de la communication.
Au-delà des différences sur les médias, leurs contenus et leur diffusion, dans les pays du bassin méditerranéen, les objectifs éducatifs ont été partagés, et une volonté commune de mise en oeuvre a été affichée. C’est le fondement du message que les représentants de l’Unesco ont été chargés de porter à la manifestation de Tunis.
Au-delà de la proposition d’axes, l’unaf a rappelé que c’est en famille que les jeunes font majoritairement l’expérience des médias, et qu’il est incontournable d’associer les familles à l’éducation aux médias.
Intervention de l’Unaf
Pour l’Union Nationale des Associations Familiales, pour les familles, ce qu’induit l’objectif de l’éducation aux médias est l’accession des jeunes à l’autonomie, à une citoyenneté responsable et active plutôt qu’à une consommation béate. J’aborderai la question en deux temps :En premier dans un bref exposé des motifs je rappellerai le temps passé devant les médias, la nature des informations qui est autant réelle que virtuelle. Cela touche la réglementation, la recherche, la production, les dispositifs éducatifs, les familles.
C’est le pourquoi informer.
Dans un second temps j’énumérerai les recommandations de l’UNAF pour tous les acteurs qui dessinent et consomment le paysage audiovisuel mais aussi pour tous les autres médias presse écrite, parlée, internet et ceux qui sont encore en gestation… C’est le comment, les préconisations pour favoriser ou aider à former à la maîtrise de l’information.
La construction et la socialisation de l’enfant dans l’environnement médiatique actuel impliquent de poser les bases d’un dialogue constructif et ouvert sur la coresponsabilité entre les principaux acteurs de cette socialisation que sont : les familles, les éducateurs et les médias.
Plusieurs heures d’écran par jour, ordinateur et télévision cumulés, auxquelles s’ajoutent quelques émissions radios, le fonctionnement du portable et pourquoi pas la lecture d’un magazine, la dose d’informations quotidiennes, hors programme scolaire, reçue par les enfants est significative et s’additionnent.
Autre caractéristique, elle mêle allégrement des actualités réelles et des situations virtuelles empruntant des images à première vue similaires : guerre de tribus dans les dessins animés ou les jeux vidéo, guerre de gang dans des fictions, scènes à peine différées ou parfois en direct de catastrophe ou de conflit situés dans des lieux proches ou lointains dont on perçoit confusément la distance.
Sans parler des intérêts marchands qui sous tendent « nécessairement » les programmations.
Selon leur environnement, selon leur personnalité, selon leur âge, selon les limites qu’on leur fixe, les enfants font plus ou moins la part des choses. Savoir décrypter les informations, les hiérarchiser, les émettre participent à l’acquisition du bagage indispensable pour se construire et devenir un être libre.
Soyons conscients que leur perception peut différer de celles des adultes.
On constate globalement en France :
que les dispositions pour la formation des jeunes aux médias progressent depuis plusieurs décennies, bientôt un demi-siècle.
que les approches se diversifient au fur et à mesure de l’apparition de nouveaux médias.
Face au phénomène que propose l’UNAF ?
Ses propositions, l’UNAF les partage avec le collectif inter-associatif enfance et média (CIEM). Elles ont fait l’objet en mai 2002 d’un rapport réalisé avec le CSA, remis au Ministre de la famille et de l’enfance. Elles s’inscrivent dans les principes du livre blanc européen de juillet 2001 sur la gouvernance.
1/ Tout d’abord il s’agit de Relancer la politique de l’enfance et de l’adolescence dans les médias
Le CIEM et l’UNAF proposent en particulier de réaffirmer la mission éducative de l’audiovisuel public.
Ceci implique une moindre pression de l’impératif d’audience sur les chaînes et une révision des cahiers des missions et des charges pour que ces nouvelles obligations soient contrôlées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel CSA.
Les contrats d’objectifs devraient mettre l’accent sur les moyens donnés aux programmes pour la jeunesse et aux émissions de décryptage des médias. En effet les productions françaises en direction de la jeunesse ont une part presque inexistante dans la programmation générale des chaînes.
Les responsables ministériels de la Famille et de la Jeunesse devraient en outre participer à toute négociation nationale ou européenne sur la régulation des médias.
2/Éduquer aux médias les enfants de tout âge, par l’école et les familles
Trois propositions pour cela : Considérer l’éducation aux médias comme un élément fondamental d’une pédagogie de la démocratie permettrait à l’école de retrouver sa mission de formation du citoyen sachant lire, écrire, compter, mais aussi s’informer et communiquer. Le contexte international est propice.
Outiller les enseignants en créant des fonds documentaires libres de droit, incluant les émissions les plus vues par les jeunes ;
Produire des documents-cadres sur l’éducation aux médias, ainsi que des documents destinés aux jeunes (primaire, collège, lycée), les initiant à la création audiovisuelle (scénario, réalisation, truquage, montage…).
Pour former trois axes à développer : Utiliser toutes les formes existantes d’initiatives pluridisciplinaires pour éduquer aux médias ; Généraliser la formation initiale et continue à l’éducation aux médias de tous les enseignants et documentalistes ; Proposer des options information-communication dans les cursus universitaires généralistes. Six idées pour mieux Communiquer
Lancer une campagne audiovisuelle de sensibilisation des parents sur le modèle de la Sécurité routière ; L’initiative récente du CSA sur la signalétique des émissions destinées aux enfants illustre cette demande
Développer une politique d’éducation critique aux médias via le réseau des éducateurs, des animateurs et des médiateurs culturels ;
Communiquer vers tous les publics ayant accès aux jeunes (médecins, psychologues, assistants maternels…) ;
Inciter les chaînes publiques à valoriser les créations des jeunes pratiquées dans le cadre de l’éducation aux médias ;
Créer une chaîne de télévision numérique terrestre consacrée à l’éducation aux médias ; ou du moins favoriser dans tous les supports la critique.
Créer des événements récurrents, tels une semaine des médias. Le CLEMI, Centre de liaison de l’enseignement et des moyens d’information, a lancé l’initiative depuis de nombreuses années dans les établissements scolaires mais elle pourrait être généralisée pour tous et favoriser l’implication des familles.
3/Donner une base large et cohérente à l’autorégulation et la co-régulation (médias, pouvoirs publics, associations) trois préconisations
Négocier l’étiquetage des programmes et des produits audiovisuels, en prenant en compte les conditions de leur réception dans les familles et les milieux éducatifs.
Rendre effectif et cohérent le contrôle de l’accès des mineurs aux médias qui ne leur sont pas appropriés ;
Continuer à renforcer les dispositifs de médiation ;
Certaines de ces préconisations ont déjà abouti – réjouissons-nous-en- mais veillons à leur maintien et à leur accompagnement. Par exemple la signalétique est d’autant plus efficace qu’elle est accompagnée du regard parental. J’ajouterais personnellement qu’un soutien à la recherche est aussi indispensable pour que les intuitions soient remplacées par des données objectives largement communiquées au grand public. Comment n’être pas convaincu qu’apprendre à traverser une rue est plus important que d’interdire son franchissement. Même si les familles se sentent parfois dépassées par la technologie ou la multiplication des sources d’informations, elles peuvent par des recommandations simples, par exemple l’installation des écrans télévision, jeux vidéo, ordinateur dans un espace commun à l’ensemble de ses membres ou le dialogue et « le faire ensemble » modérer les effets des médias. Pourquoi ne pas programmer de temps en temps une journée sans médias, juste pour faire la différence et expérimenter d’autres occupations.
Notons aussi l’importance que peuvent apporter les relations intergénérationnelles pour l’approche d’internet.
A chaque âge ses limites, ses droits et ses devoirs. A nous tous de faire en sorte que chaque famille puisse faire le choix de ses méthodes pour garantir plus de clairvoyance à leurs enfants et leur permettre de faire un tri judicieux parmi les milliards informations reçues. Gardons simplement à l’esprit que les plus jeunes font la part du bien et du mal alors que les adolescents cherchent plutôt à démêler le vrai du faux.
L’exemplarité restant toujours un facteur important de l’éducation.
France PICARD
UNAF
Coordonnateur du Département
Enfance Adolescence Education