Le rapport entre Internet et l'Eglise était au centre des travaux de la rencontre du Comité exécutif de la commission épiscopale européenne pour les médias (CEEM), qui a eu lieu du 25 au 27 avril à la Domus Sanctae Marthae (Cité du Vatican).
Les participants, souligne le communiqué final envoyé à ZENIT, ont en effet développé le thème de la prochaine assemblée plénière, « L'Eglise et la culture d'Internet », qui réunira en mars 2009 les évêques présidents des commissions épiscopales pour les communications sociales des Conférences épiscopales d'Europe, ainsi que divers experts. La culture du web, souligne le communiqué, est de type réticulaire.
« Il s'agit d'un réseau horizontal de personnes qui dialoguent entre elle ; d'une technologie horizontale caractérisée par la capillarité (accès de l'usager individuel), par la connectivité (possibilité d'entrer en relation avec d'autres usagers), la socialité (car on parle de « social network ») où la mise en commun des connaissances et les relations entre individus sont centrales », est-il précisé dans le texte.« Ces caractéristiques du web (ou de la « toile »), poursuit le communiqué, commencent à avoir des effets sur la société, et sont particulièrement visibles chez les jeunes ».
Ces phénomènes sont liés aux processus de définition de la valeur qui, aujourd'hui, sont horizontaux car « celui qui définit la valeur n'est plus un adulte mais un réseau de ‘pairs' ».
Ainsi, « les relations communicatives interpersonnelles tendent à être remplacées par un simple contact : le but est le contact en lui-même, la communication est un prétexte, et non plus une fin ». Devant l'importance d'un tel thème, poursuit le communiqué, en 2009 « les évêques d'Europe responsables des médias essaieront d'analyser les effets de la culture de l'Internet dans et sur la société, et dans et sur l'Eglise ; et s'interrogeront sur la façon dont les chrétiens peuvent interagir avec cette culture et sur la contribution qu'Internet peut apporter aux communautés chrétiennes dans le domaine du dialogue œcuménique et interreligieux ».
Au cours de la rencontre du CEEM, le président du Conseil pontifical pour les communications sociales, Mgr Claudio Maria Celli, a présenté les activités de son dicastère. Si l'Eglise est présente depuis longtemps dans le monde des médias, elle est appelée aujourd'hui à « repenser et à revoir sa stratégie de communication de façon à mieux coordonner ses ressources », a-t-il déclaré durant son intervention.Ainsi, le Conseil s'attelle à « une série de chantiers ouverts » dont les objectifs concernent : « la formation d'agents pastoraux de la communication » ; « un dialogue constant avec les instances universitaires qui s'occupent de communications sociales pour mieux comprendre l'identité et la mission de la faculté de communications sociales au sein des universités catholiques » ; « une meilleure connaissance de la réalité des radios catholiques » ; et enfin « un nouvel effort dans la réflexion théologique sur la communication ».
Le Conseil encourage par ailleurs « l'ouverture à de nouvelles formes de présence audiovisuelle, dont le rayonnement serait plus international, comme la toute jeune agence H2onews » ; « la poursuite du travail entamé avec le réseau informatique latino-américain RIIAL » et « la proposition de nouvelles émissions en mondovision sur certains temps forts de la vie de l'Eglise ».
« Les médias catholiques doivent être une présence, une compagnie constante, une proposition pour ces personnes en quête de Dieu », affirme encore le président du Conseil pontifical pour les communications sociales.« Nous devons éviter de tomber dans le repli-sur-soi et de ne parler qu'entre catholiques, oubliant les personnes qui ne font pas partie de nos communautés et qui sont en quête », a-t-il ajouté.
Durant ces deux journées de travaux, les évêques d'Europe responsables des groupes linguistiques régionaux ainsi que leurs experts ont rendu compte de leurs activités durant l'année écoulée. Ces rapports, révèle le communiqué, soulignent plusieurs tendances positives, par exemple que l'Eglise est davantage présente dans les médias et qu'il y a plus d'intérêt pour les questions religieuses ; mais également des situations problématiques comme « la banalisation de certaines cérémonies religieuses ayant un relief national ou international, présentées comme une sorte de show télévisé, où le caractère liturgique de la cérémonie passe au second plan (mariage, funérailles…) » .
Ces rapports déplorent en même temps une certaine « instrumentalisation de l'Eglise à des fins politiques surtout dans les débats qui touchent des questions éthiques », « la présentation de l'Eglise comme une institution intéressée uniquement à défendre ses propres intérêts » et « une vision de la religion comme un obstacle au ‘bon vivre ensemble' ».
« L'image de l'Eglise qui doit circuler est l'image d'une Eglise basée sur le témoignage de ses fidèles et la présentation du message chrétien, conclut le texte. Aujourd'hui, ce que l'on cherche c'est la cohérence et l'authenticité ». La CEEM est une commission spécialisée du Conseil des Conférence Episcopales d'Europe (CCEE) chargée de suivre l'évolution des médias et des communications ecclésiales, de soutenir l'action des conférences épiscopales dans ce domaine et de définir des lignes de politique médiatique.
Font partie du Comité exécutif de la CEEM : les évêques responsables des cinq régions linguistiques d'Europe, leurs experts et quelques responsables d'organismes européens pour les médias.
Roberta Sciamplicotti
ROME, Vendredi 2 mai 2008 (ZENIT.org)