« Notre vive préoccupation ne se limite pas au sort des seuls chrétiens d’Orient, précisait la lettre des quatre ministres. Nous avons à l’esprit nos responsabilités pour protéger toutes les victimes de menaces ou de persécutions en raison de leurs appartenances confessionnelles. » En effet, les musulmans eux-mêmes sont victimes de cette violence, notamment du fait des tensions entre chiites et sunnites, comme en Irak.
Le sujet a été inscrit à l’agenda de la réunion de tous les chefs de la diplomatie de l’UE, ce 31 janvier à Bruxelles. C’est à la haute représentante aux affaires extérieures de l’UE, Catherine Ashton, qu’il revient de faire des propositions, avec le souci de ne pas donner l’impression que « l’Europe chrétienne » vole au secours des seuls chrétiens du monde arabe.
Pour la communauté chrétienne, c’est déjà un soulagement
L’UE s’apprête donc à parler d’une seule voix. En soi, c’est déjà une première, sur ce sujet. Toutefois, à ce stade, rien de concret n’est envisagé dans la déclaration que s’apprêtent à faire les Vingt-Sept, préparée par Catherine Ashton.
Selon le projet vu par La Croix, le Conseil regrettera « profondément le nombre croissant d’actes d’intolérance religieuse et de discrimination, illustrés par de récents actes de violence et de terrorisme visant des lieux de cultes et de pèlerinage ». Cependant, il est prévu que soit demandé à Catherine Ashton de « faire un rapport sur les propositions concrètes pour renforcer l’action de l’UE à cet égard ».
Après l’émotion, la prudence diplomatique a donc repris le dessus. L’objectif est de « veiller à ne pas faire de distinction, soit entre les pays, soit entre les religions, mais de marquer de la part du Conseil des ministres la volonté de lancer un appel à la tolérance et d’engager tout le monde dans un effort commun pour défendre les libertés religieuses », explique un haut diplomate européen.
Pour la communauté chrétienne, c’est déjà un soulagement. « Enfin, l’Union européenne semble s’engager sur le chemin qu’elle aurait dû prendre depuis longtemps », souligne le F. Amir Jaje, supérieur des pères dominicains à Bagdad, bien qu’il ait fallu attendre des attentats pour cela. Mais les attentes restent fortes.
«Les moyens d’action de l’UE sont limités»
« Concrètement, il faut reconnaître que les moyens d’action de l’UE sont limités », admet Johanna Touzel, porte-parole de la représentation des évêques catholiques à Bruxelles, estimant que « les décideurs politiques et les diplomates européens doivent désormais comprendre les causes qui se cachent derrière le symptôme » des violences antichrétiens.
À ce titre, Bruxelles met justement en avant les futures actions du Service européen d’action extérieure (SEAE), une structure diplomatique prévue par le traité de Lisbonne.
La Croix