Le pape a proposé un bilan de ce voyage lors de son discours à la Curie romaine, « en relation avec le thème de la responsabilité des chrétiens dans ce temps et avec la mission de l'Eglise d'annoncer l'Evangile » : la rencontre avec le monde de la culture à Westminster Hall, et la béatification de Newman.
A Westminster Hall, analyse le pape « la conscience de la responsabilité commune en ce moment historique suscita une grande attention, qui porta en dernière analyse sur la question de la vérité et de la foi elle-même ».
Le pape insiste sur la place de la raison et de la foi : « C'est seulement s'il existe un tel consensus sur l'essentiel, que les constitutions et le droit peuvent fonctionner, souligne le pape. Ce consensus de fond provenant du patrimoine chrétien est en péril là où, à sa place, à la place de la raison morale succède la simple rationalité finaliste dont j'ai parlé il y a peu. En réalité, c'est un aveuglement de la raison pour ce qui est essentiel ».
« Combattre cet aveuglement de la raison et lui conserver la capacité de voir l'essentiel, de voir Dieu et l'homme, ce qui est bon, et ce qui est vrai, est l'intérêt commun qui doit unir tous les hommes de bonne volonté. L'avenir du monde est en jeu », a affirmé le pape.
A propos de la béatification du cardinal John Henry Newman, Benoît XVI relève « deux aspects qui vont ensemble et, en fin de compte, expriment la même chose ».
« Les trois conversions de Newman (…) sont des pas d'un chemin spirituel qui nous intéresse tous ». Le pape développe seulement la première : « la conversion à la foi dans le Dieu vivant ».
Benoît XVI souligne l'actualité de cet aspect : « Jusqu'à ce moment, dit-il, Newman pensait comme la moyenne des hommes de son temps et comme aussi la moyenne des hommes d'aujourd'hui, qui n'excluent pas simplement l'existence de Dieu, mais la considèrent de toutes façons comme quelque chose d'incertain, qui n'a aucun rôle essentiel dans leur propre vie. Ce qui lui apparaissait vraiment réel, comme aux hommes de son temps et de notre temps, c'était l'empirique, ce qui est matériellement saisissable. Voilà la « réalité » selon laquelle on s'oriente. Le « réel » est ce qui est saisissable, ce sont les choses qui peuvent se calculer et se prendre en main ».
Voilà l'effet de la conversion : « Newman reconnaît que les choses sont justement à l'inverse : que Dieu et l'âme, l'être lui-même de l'homme au niveau spirituel, constituent ce qui est vraiment réel, ce qui compte. Ils sont bien plus réels que les objets saisissables ».
Cette première « conversion » de Newman est donc paradigmatique pour chacun : « Cette conversion, explique le pape, signifie un tournant copernicien. Ce qui, jusqu'alors, était apparu irréel et secondaire se révèle maintenant comme la chose vraiment décisive. Là où arrive une telle conversion, ce n'est pas simplement une théorie qui change, mais c'est la forme fondamentale de la vie qui change. Nous avons tous besoin toujours de nouveau d'une telle conversion : nous sommes alors sur le droit chemin ».
Et le moteur de cette conversion, c'est « la conscience ». Pour Newman, « la « conscience » signifie la capacité de vérité de l'homme : la capacité de reconnaître justement dans les domaines décisifs de son existence – religion et morale – une vérité, la vérité. La conscience, la capacité de l'homme de reconnaître la vérité lui impose avec cela, en même temps, le devoir de se mettre en route vers la vérité, de la chercher et de se soumettre à elle là où il la rencontre ».
Plus encore, continue le pape, « la conscience est capacité de vérité et obéissance à l'égard de la vérité, qui se montre à l'homme qui cherche avec le cœur ouvert. Le chemin des conversions de Newman est un chemin de la conscience – un chemin non de la subjectivité qui s'affirme, mais, justement au contraire, de l'obéissance envers la vérité qui, pas à pas, s'ouvre à lui ».
Pour ce qui est de l'adhésion de Newman au catholicisme, le pape souligne que ce fut un détachement radical xcar il dut « abandonner presque tout ce qui lui était cher et précieux : ses biens et sa profession, son grade académique, les liens familiaux et de nombreux amis ».
Il ajoute cette citation : « En janvier 1863, il écrivit dans son journal ces phrases bouleversantes : « Comme protestant, ma religion me semblait misérable, mais pas ma vie. Et maintenant, en catholique, ma vie est misérable mais pas ma religion ». »
Le pape a également mentionén ses voyages à Malte, au Portugal et en Espagne : « A travers eux, s'est rendu de nouveau visible que la foi n'est pas une chose du passé, mais une rencontre avec le Dieu qui vit et agit maintenant. Cela nous remet en cause et s'oppose à notre paresse, mais justement nous ouvre ainsi le chemin vers la joie authentique ».
Anita S. Bourdin
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