« L’Osservatore Romano » est un journal spécial, lu par « peu de personnes mais des personnes influentes », a expliqué à ZENIT Salvador Aragonés, ancien correspondant à Rome de l’Agence Europa Press, dont il fut le directeur en Catalogne (Espagne) pendant 28 ans, et auteur d’une thèse de doctorat sur le quotidien du Saint-Siège fondé en 1861.
Aragonés, qui est actuellement vice-doyen de la faculté des Lettres à l’Université internationale de Catalogne (UIC), confesse que l’idée de cette thèse est née lorsqu’il était correspondant à Rome.
« J’ai toujours considéré à cette époque, mais aujourd’hui encore, le quotidien ‘L’Osservatore Romano’ comme un journal très particulier : le quotidien vit d’abonnements, possède un certain nombre de lecteurs très influents ; il est l’unique quotidien d’un Etat et son directeur est nommé par le pape lui-même. Il est publié en italien, mais en Italie il n’est pas considéré comme un « journal italien », parce qu’il est imprimé hors de l’Italie (ndlr : au Vatican), même si ses rédacteurs sont tous italiens.
« Je me suis intéressé également au fonctionnement de la rédaction de ‘l’intérieur’, vu que c’est un journal du ‘soir’ depuis ses origines il y a près de 150 ans, alors que tous les journaux du soir, et tant d’autres choses, ont disparu ».
En ce qui concerne les contenus, Aragonés a pu constater qu’« avec Jean-Paul II, ‘L’Osservatore Romano’ a donné plus de place aux contenus religieux et a réduit son information italienne ».
Le chercheur est arrivé à la conclusion qu’il s’agit d’un quotidien très particulier, « aussi bien du fait de son contenu – très ciblé sur ce que fait et dit le Saint-Père et qui suit une ligne très liée à la Secrétairerie d’Etat en ce qui concerne les informations internationales – que dans son organisation structurelle ».
Une autre conclusion est que ses lecteurs sont « spéciaux », parce que c’est « un quotidien lu par peu de personnes, mais des personnes très influentes (journalistes, diplomates, responsables ecclésiastiques et responsables d’autres religions), ce qui fait que l’influence du journal n’a rien à voir avec son tirage ».
« Une autre particularité est la relation que les rédacteurs possède avec leurs supérieurs et avec ‘l’Institution’ qu’est l’Etat du Vatican, tout comme une certaine séparation entre la rédaction et les cellules informatique et administrative du produit ‘L’Osservatore Romano’ ».
« Une autre caractéristique du quotidien est qu’il n’a pas de rubrique sportive, ni une véritable section consacrée à l’économie ».
Aragonés analyse aussi le caractère représentatif de « L’Osservatore Romano ».
« Du point de vue des informations spécifiques du Vatican – la section ‘Nostre informazioni’ – et du Saint-Père, l’on pourrait dire que c’est un journal officiel, mais seulement au regard de ces deux points, alors que pour le reste du contenu on peut dire qu’il est officieux, parce qu’il ne présente pas la pensée officielle du pape ni de la Secrétairerie d’Etat, aussi bien dans ses articles et ses informations, qu’ils touchent des thèmes religieux ou de politique internationale ».
« A l’évidence ils ne contredisent pas, ni ne s’ont éloignés de la ligne officielle, mais ils ne présentent pas la pensée du pape, et c’est la raison pour laquelle on peut les définir officieux ».
« L’Osservatore Romano » rejoint l’objectif qu’il se pose, ajoute le chercheur : « il ne trompe pas, il s’adresse directement à des lecteurs fidèles de ses pages, il transmet avec la plus grande fidélité l’activité du pape ; c’est un haut-parleur de la doctrine de l’Eglise dans l’opinion publique et dans les contentieux ».
Parmi les suggestions en vue de la modernisation dans la présentation ou dans certains secteurs, l’auteur de la thèse propose de faire quelques pas nécessaires mais sans « opérer des changements radicaux ».
« La notion du ‘temps’ au Vatican et l’autorité de ‘L’Osservatore Romano’ demandent de faire les choses sans précipitation », conclut-il.
L’édition italienne de l’Osservatore Romano est quotidienne mais le journal est également publié en six autres langues. En français, anglais, espagnol, portugais et allemand, il est hebdomadaire et en polonais, il est mensuel.
Les éditions en langues autres que l’italien, publient tous les textes (homélies et discours) et les actes (nominations, promulgations de décrets…) du Saint-Père. A ce titre ils ont un caractère officiel. Les textes de réflexions sont beaucoup plus ciblés et répondent à l’attente des lecteurs des zones géographiques et linguistiques qu’ils couvrent. (A titre d’exemple, l’édition en langue espagnole mettra cette semaine l’accent sur la visite du cardinal secrétaire d’Etat au Pérou à l’occasion du congrès eucharistique national).
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Vatican, Lundi 27 août 2007 (ZENIT.org)