Il n'existe pas de site web diocésain idéal, mais il est possible d'offrir des moyens qui permettent de l'améliorer. C'est ce qu'essaie de faire le professeur Daniel Arasa (Barcelone, 1971) dans son livre
« Church Communications through Diocesan Websites. A Model of Analysis » (« Communication de l'Eglise à travers les sites web diocésains : un modèle d'analyse »), publié par EDUSC (www.pusc.it).
Professeur à l'Université pontificale de la Sainte-Croix, Daniel Arasa a analysé les sites de neuf diocèses dans le monde : Bogota (Colombie), Johannesburg (Afrique du sud), Los Angeles (USA), Madrid (Espagne), Manille (Philippines), Melbourne (Australie), Mexico (Mexique), Milan (Italie) et San Paolo (Brésil).
L'étude de ces sites a permis de dégager deux problèmes majeurs : « ressources et formation dans la communication ». Au sein de son université, Daniel Arasa coordonne les recherches de la faculté de communication institutionnelle.
Il est journaliste et docteur en communication.
ZENIT – Qu'est-ce qui vous a conduit à entreprendre des recherches sur les sites web diocésains ?
D. Arasa – D'une part, Internet et le web en particulier, sont devenus des moyens, des domaines de communication, essentiels. Je pense qu'il est très intéressant de savoir ce que fait et ce que peut faire l'Eglise catholique pour communiquer dans ces domaines. J'ajouterais que le moment est venu de montrer que la communication de l'Eglise est digne d'être étudiée d'un point de vue académique et scientifique.
ZENIT – De quoi l'Eglise a-t-elle besoin pour améliorer sa présence sur Internet ?
D. Arasa – Améliorer la communication numérique de l'Eglise n'est pas une question de décision à prendre. Il faut partir d'une analyse, examiner la réalité et évaluer toutes les capacités professionnelles des personnes qui s'y consacrent.
Cette recherche ne prétend pas fournir une liste concrète de choses à faire ou à ne pas faire : cela serait réducteur et d'une portée limitée. Même si elles permettent bien entendu d'en tirer des conclusions, ce que l'on cherche plutôt à offrir ce sont des critères qui permettent de projeter, gérer, évaluer et analyser des initiatives sur le web.
Autrement dit, considérer les dimensions d'un projet numérique quel qu'il soit, avant, durant et après sa conception, et analyser les comportements qui sont derrière ces initiatives. Je pense qu'une étude de ce genre peut intéresser deux groupes de personnes en particulier : d'abord la communauté académique impliquée dans la recherche de la communication institutionnelle ou électronique ; puis tous les responsables de communication au sein de l'Eglise, à commencer par les évêques jusqu'aux directeurs de communication ou webmasters.
ZENIT – Quelle image de l'Eglise émerge de l'analyse des sites diocésains ?
D. Arasa – Une image assurément variée, mais néanmoins homogène. Il est significatif de voir que tous les web diocésains accordent une attention très particulière au Saint-Père et au Vatican. Cette variété se manifeste dans l'attention à l'idiosyncrasie de chaque diocèse et de ses habitants : des sites web mettent par exemple l'accent sur les aspects dévotionnels (par exemple aux Philippines) ; d'autres insistent plus sur les informations concernant les paroisses ou les prêtres (les sites de l'Amérique latine) ; d'autres encore sur la richesse de la documentation, etc.
ZENIT – Sauriez-vous nous dire quel est le diocèse qui a le meilleur site ?
D. Arasa – Je voudrais bien le savoir ! Je pense qu'il est impossible de répondre à cette question. Chaque diocèse a ses propres caractéristiques et est soumis à des circonstances et des exigences spécifiques ou particulières, car fortement liées au territoire et à la population. Ce sont des facteurs qui ont une influence et déterminent la manière et les moyens qui sont utilisés pour communiquer et, il en est de même pour leurs sites web.
De plus, l'univers du web est un univers en rapide évolution : ce qui était « bon » hier ne l'est plus aujourd'hui. C'est pourquoi il me paraît impossible de dire « ce diocèse-ci ou ce diocèse-là a le meilleur site ». Dans tous les cas, ce qui est possible, et c'est ce que j'essaie de faire dans cette recherche, c'est de signaler les éléments positifs, les méthodes qui peuvent être prises comme modèles par d'autres sites web diocésains.
ZENIT – Pouvez-vous nous en citer quelques uns ?
D. Arasa – Oui, beaucoup. Le diocèse de Los Angeles, par exemple, est un modèle de compatibilité et d'accessibilité : on y offre maintes possibilités de télécharger des documents et de les rendre compatibles avec les PDA. On tient compte de la mobilité des personnes qui utilisent le site, et pour cela, favorise le fait qu'elles puissent écouter ou lire des documents ou suivre des événements avec un lecteur digital, sur leur propre ordinateur, etc.
Autre exemple positif ? Le diocèse de Milan qui est le plus grand d'Europe. Il a un site très complet et tenu à jour ; celui de Madrid, en Espagne, qui a un grand service de nouvelles de l'Eglise, celui de Melbourne (Australie), très bien organisé. Mais il est possible de trouver beaucoup de points positifs dans d'autres sites diocésains que je n'ai pas étudiés. Bien sûr, tout n'est pas positif. Il y a des choses qui doivent être améliorées.
ZENIT – Parlons des aspects à améliorer. Comme par exemple les liens qui ne fonctionnent pas toujours…
D. Arasa – Effectivement, dans certains cas, ce sont des éléments significatifs comme les liens qui ne fonctionnent pas, des problèmes de navigation à l'intérieur des sites (répétition de sections, incohérences, caractères trop petits qui gênent la lecture, etc.) ou lenteur de l'interaction (e-mail sans réponse etc.).
Il y a un point sur lequel ces sites sont parfois un peu en retard, c'est celui des multimédia ; un changement est en train de s'effectuer, mais il y a encore trop peu de services audio et presque pas de vidéo, alors que le web offre tant de possibilité en la matière. Bien qu'il y ait beaucoup de choses positives, l'univers du web ecclésial peut et doit beaucoup apprendre des autres domaines.
ZENIT – D'où viennent ces négligences ?
D. Arasa – Les aspects que je viens de souligner n'ont pas une acception critique. Parmi les personnes que j'ai rencontrées, j'ai découvert beaucoup de professionnalisme et une grande préparation, mais surtout un énorme désir de servir sa propre Eglise locale et l'Eglise universelle.
Pour résumer, les problèmes se posent à deux niveaux : les ressources et la formation dans la communication. Concernant le premier, il est évident que les organisations ecclésiales ne peuvent rivaliser avec le monde commercial.
Il y a un manque d'argent, et donc de ressources matérielles et humaines. Néanmoins, une meilleure attention aux aspects liés à la communication, plus de professionnalisme et de créativité, peuvent être déterminants pour améliorer ces sites. Le deuxième aspect concerne la formation, qui est étroitement lié au premier.
Une grande partie du personnel qui travaille dans les « website teams » du diocèse ont une bonne formation ou une formation acceptable d'un point de vue technologique ou graphique, mais il leur manque, dans la plupart des cas, un background en communication.
ZENIT – Lors de votre recherche vous avez interrogé beaucoup de journalistes qui couvrent l'information de l'Eglise. Sont-ils très critiques ?
D. Arasa – J'ai réalisé plus de quarante entretiens auprès de correspondants au Vatican et avec des journalistes qui informent sur l'Eglise. Bien entendu, chacun a sa vision personnelle, ses propres goûts, ses préférences et ses objections.
L'aspect le plus positif c'est que la plupart des journalistes ont remarqué que la communication de l'Eglise s'était beaucoup améliorée ces dernières années, voire même en ce qui concerne les sites. A côté de cela, les journalistes estiment que les sites diocésains ne répondent pas aux besoins.
Un exemple concret : beaucoup de journalistes souhaiteraient disposer des textes des homélies, des messages ou des communiqués à l'avance pour pouvoir les publier dès leur diffusion publique ; beaucoup de bureaux de communication n'offrent pas ce service, alors que l'usage de l'embargo est très généralisé dans d'autres types de communication, comme en politique.
Un journaliste professionnel respecte toujours l'embargo qui est, en même temps, un moyen de faciliter son travail. Quoi qu'il en soit, il faut comprendre que les objectifs d'un communicateur institutionnel ne correspondent pas toujours à ceux des journalistes.
Je pense qu'il est normal de trouver des points de désaccord entre eux.
Miriam Díez i Bosch
ROME, Mardi 29 avril 2008 (ZENIT.org)