« La dignité d'une personne ne s'oppose jamais à la dignité des autres », explique Mgr Follo devant l'assemblée de l'UNESCO.
Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris est intervenu ce mardi matin à la 180° session du Conseil exécutif de l'UNESCO (sur le Point 9 – Exécution du programme) à propos de la mise en œuvre du « Plan d'action de l'UNESCO » et d'autres activités de commémoration du 60° anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.
Mgr Follo a expliqué les raisons du point de vue du Saint-Siège et de Benoît XVI sur la Déclaration des Droits de l'Homme, adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU il y a soixante ans, le 10 décembre 1948, en disant : « Le Saint-Siège considère la Déclaration de l'ONU, ainsi que l'a exprimé le Saint-Père le Pape Benoît XVI à l'Assemblée Générale des Nations Unies le 18 avril 2008, comme « un des plus beaux titres de gloire des Nations Unies, un instrument international irremplaçable et une sorte de bien commun de l'ensemble de l'humanité ». Le Saint-Siège est donc heureux de s'associer, à l'occasion de cet anniversaire, aux activités organisées par l'UNESCO ».
Mgr Follo a expliqué à Zenit que le cœur de son intervention porte sur la « racine des droits de l'homme », à savoir « la personne humaine et sa dignité ». De plus, explique le représentant du Saint-Siège, « la dignité d'une personne ne s'oppose jamais à la dignité des autres » : « L'autre ne limite pas ma liberté, fait observer en substance Mgr Follo, mais ma liberté est en synergie avec la liberté des autres et avec celle de Dieu ».
Mgr Follo relève à la fois l'importance de cette Déclaration « en tant qu'outil d'émancipation humaine » et les interrogations qu'elle suscite.
Il cite le message de Paul VI à Léopold Benites, président de la 28e Assemblée générale des Nations Unies, le 10 mai 1973 : « Le Saint Siège donne son plein appui moral à l'idéal commun contenu dans la déclaration universelle comme aussi à l'approfondissement progressif des droits de l'homme qui y sont exprimés ».
Il souligne l'évolution de ces 60 années : 51 Etats y ont adhéré en 1948, et 193 aujourd'hui, alors que « de nouveaux pays » veulent « exprimer d'autres droits » et que « les langues, au nombre de 6000, et les ethnies au nombre de 7500, font sentir leur présence », et enfin, « le rôle social (…) de la religion est de plus en plus reconnu ».
Mgr Follo a donc proposé « une réflexion sur la valeur et la portée des Droits de l'Homme », et « plus particulièrement sur le sens profond du droit à la liberté religieuse ».L'universalité des droits humains Il rappelle le rôle de cette Déclaration – dans laquelle il voit « un des plus beaux fruits de la convergence entre les différentes traditions culturelles et religieuses » -, comme « un instrument important pour protéger la personne humaine et en préserver la dignité ».
Les droits de l'homme sont ainsi, insiste Mgr Follo, « un moyen efficace pour préserver la paix dans le monde », en tant que « grammaire commune » et « substrat éthique commun » dans les relations internationales.
Aussi leur promotion est-elle « efficace pour combler les inégalités entre les pays et les groupes sociaux » et leur « universalité », leur « indivisibilité » et leur « interdépendance » sont-elles « une garantie pour la protection de la dignité humaine ».
Or, devant la « tentation des interprétations relativistes », Mgr Follo affirme l'universalité de cette Déclaration : elle « s'applique à tout homme, en vertu de l'origine commune des personnes, laquelle, pour les croyants, est liée au dessein créateur de Dieu ». Ces droits sont « l'expression de la loi naturelle (lex naturalis), qui est inscrite au cœur de l'homme et qui est présente dans les différentes cultures et civilisations ».
L'observateur permanent du Saint-Siège à Paris rappelle « l'universalité de l'origine transcendante de la personne humaine », qui est « titulaire de ces droits ». Par conséquent « leur violation attente non seulement à la dignité intrinsèque de la personne, mais provoque aussi une grave blessure aux tissus de la société ».Le droit à la liberté religieusePour ce qui est du droit à la liberté religieuse, Mgr Follo y discerne « l'expression d'une dimension constitutive de la personne humaine, que l'on ne peut pas nier ou contourner ».
Il explique que, du point de vue objectif, « cette liberté se définit dans le fait de croire ou de ne pas croire, d'avoir une religion ou de ne pas en avoir, ou d'en changer ». Du point de vue subjectif, elle « ne fait pas obstacle aux autres dimensions de l'être humain, comme celle du citoyen, mais en revanche, elle est orientée vers l'Absolu, unifie l'être humain plutôt que le fragmenter, et prône une véritable fraternité entre les hommes ».
Mgr Follo insiste sur le fait que « cette liberté d'une personne se déploie en lien avec la liberté des autres : c'est une liberté qui est avec les autres et à travers les autres, et donc avec l'Autre, avec l'Absolu ».
Il appuie sa réflexion sur l'étymologie du mot « religion », qui est de « relier », en faisant observer cette curiosité : « le terme de liberté religieuse est apparemment une contradiction dans les termes, se traduisant par une « liberté liée », (…) une liberté qui est liée ontologiquement à la nature humaine et à sa dignité, et qui oblige en quelque sorte les hommes à réfléchir au fait que chaque liberté implique un lien, une obligation envers soi-même et envers les autres ».
Mgr Follo a cité à cet égard un passage du discours de Benoît XVI au Collège des Bernardins à Paris, le 12 septembre 2008, pour souligner que « les droits et libertés fondamentaux font donc aussi appel au sens de la responsabilité des hommes, qui ne sont pas des monades sans portes et fenêtres, orientés uniquement vers leur bien individuel, mais sont des personnes insérées et liées à un contexte social, politique et environnemental ».
Le représentant du Saint-Siège à l'UNESCO invite donc à reconnaître à l'homme la liberté religieuse « non seulement en ce qui concerne la dimension du culte ou du rite stricto sensu, mais aussi en ce qui concerne la vie de l'homme en général », notamment « l'éducation et de la diffusion d'information ».
Il a conclu son intervention en citant le Décret du Concile Vatican II « Dignitatis Humanae ».
ROME, Mardi 14 octobre 2008 (ZENIT.org)