Le cardinal Péter Erdo, archevêque d'Eztergom-Budapest et président du Conseil des Conférences épiscopales d'Europe (CCEE) a annoncé la création d'un Observatoire sur les cas de discrimination et d'intolérance envers les chrétiens en Europe.
« L'Europe a besoin de Dieu, de porter le souvenir de ses racines et donc de regarder l'avenir de manière réaliste et avec espérance », a-t-il souligné.
La situation, a-t-il dit, « est difficile pour ces nombreux chrétiens qui cherchent par leur vie à témoigner de la foi et de l'espérance qui les habitent, même à travers un mode de vie qui, souvent, devient aussi un défi pour les autres ».
A ce propos, a-t-il ajouté, la naissance d'un Observatoire sur l'intolérance et la discrimination des chrétiens en Europe, qui « ne se veut pas un instrument de polémique, mais une aide pour créer une société plus respectueuse de la liberté religieuse, une société en mesure de comprendre et d'accepter ses propres racines dans la diversité, à travers une saine laïcité ».
« En définitive, il s'agit, d'un côté, d'une aide à l'évangélisation moderne, et de l'autre, d'une aide au développement pour une démocratie authentique basée sur l'égalité dans notre continent ».
La vraie liberté religieuse, a déclaré le cardinal Erdo, « est un droit fondamental, un indicateur pour le partage de tous les autres droits. Là où les campagnes de haine collective, contre une communauté religieuse ou un groupe ethnique, sont possibles, demain celles-ci seront possibles également contre d'autres groupes ».
Défendre la famille
« Le problème démographique et son lien nécessaire avec la question de la famille », au cœur de la réflexion du CCEE, est « une évidente conséquence du malaise de notre société », a relevé le cardinal hongrois..
« La famille et la vie font partie du même dessein de Dieu qui veut, par ce moyen, nous faire goûter à l'avance la pleine communion avec Lui », a-t-il rappelé déplorant l'impression actuelle de voir se répandre une culture incapable de regarder la réalité dans une perspective selon laquelle « la beauté de l'amour entre un homme et une femme qui s'unissent pour la vie et font de leur amour un don pour accueillir et éduquer également d'autres personnes, est et sera la plus belle image de Dieu ».
« Ceci explique souvent le manque de disponibilité à un oui à la vie. L'organisation de la vie urbaine moderne rend difficile le maintien d'une famille nombreuse. Les femmes ne sont pas assez mises en valeur dans leur maternité. La crise économique et le chômage entrent dans les maisons de tant de familles portant la peur et l'angoisse ».
« La crise de la famille est surtout un aspect de la crise culturelle : si nous vivons au moment et pour le moment, nous perdons le lien non seulement intellectuel mais également biologique et psychologique avec l'avenir et nous ne nous sentons pas liés et soutenus par l'ensemble de la création ».
Face à cette situation, a relevé le cardinal Erdo, « l'Église invite à mettre en œuvre des politiques conformes aux réels besoins de la famille et demande des mesures d'aide concrètes et efficaces, proche de la réalité familiale ».
Repenser l'organisation
Le cardinal Erdo a ensuite passé en revue les actions entreprises par l'organisme durant l'année écoulée. Il a souligné que face aux thèmes et aux défis qui « ont touché l'Europe et qui invitent l'Église à rester vive et active », le CCEE, a tenté d'apporter sa contribution en utilisant « les moyens qui relèvent de sa mission spécifique » : organiser des rencontres pour que les conférences épiscopales « puissent partager et développer des méthodes de collaboration en vue de promouvoir la rencontre personnelle avec Dieu et la culture de la vie et de l'amour ».
Au fil de toutes ses rencontres, « le CCEE essaie d'apporter sa contribution tant au niveau de la réflexion qu'au plan pastoral ».
« C'est d'ailleurs pour cela que nous devons repenser un peu notre structure, nos commissions, nos finances, et nos méthodes. Non pas parce que nous sommes en crise, mais précisément parce que nous sommes actifs et que nous devons continuellement nous adapter à la réalité pour mieux répondre à l'appel du Seigneur ».
L'exemple du cardinal Stepinac
Le cardinal Erdo a ensuite tenu à rappeler le souvenir du bienheureux croate, le cardinal Alojzije (Louis) Stepinac, « qui a connu diverses vicissitudes et ainsi que la prison pour avoir refuser de céder aux manœuvres de Tito visant à créer en Yougoslavie une Église nationale séparée de Rome ».
« En cette année marquant le 50ème anniversaire du dies natalis de son martyre, nous tenons notamment à rappeler comment, aux heures difficiles qui caractérisèrent la période de l'imposition du communisme athée, le bienheureux Stepinac se battit chrétiennement pour défendre les droits fondamentaux de chaque homme et de chaque peuple, et se prodigua pour défendre et protéger tous les persécutés », a dit le cardinal.
« Si aujourd'hui, nous évêques d'Europe, nous voyons obligés de renforcer les liens de communion, rappelons-nous avec gratitude des générations passées d'évêques martyrs et confesseurs, qui sont toujours nos intercesseurs dans la vie actuelle », a-t-il ajouté, en confiant à la Vierge et au bienheureux Stepinac les journées de travail.
Dans un message envoyé, au nom du pape au cardinal Erdő, le secrétaire d'Etat, Tarcisio Bertone, demande aux participants à l'assemblée plénière « de poursuivre leur grande action » et d' inviter les communautés ecclésiales à s'engager pour la défense des fidèles face à l'intolérance et aux discriminations , à agir pour la promotion de la famille et la défense de la vie humaine ».