Mgr Moraglia, a évoqué, dans son homélie, les deux années d’épidémie de peste (1575-1576) que les habitants de Venise et le Sénat de la République ont su affronter en invoquant la protection de celui qui était le « seul » à pouvoir les sauver, et en s’en remettant à la miséricorde de Dieu, faisant le vœu solennel d’édifier une nouvelle Eglise.
En 1577, après la fin de l’épidémie, qui causa la mort à 50.000 personnes, les travaux de construction commencèrent, et en 1592 l’Eglise du Rédempteur vit le jour, et elle fut consacrée solennellement le 3e dimanche de juillet.
« Pour les Vénitiens du XVIe siècle, a commenté Mgr Moraglia – avoir eu recours au Seul capable de les aider, quand tout autre réponse résultait insuffisante, revêt une signification qui appartient à l’homme de tout temps, homme emprunt de fragilités, faiblesses, limites dues à son état de créature, auxquelles s’ajoutent celles issues de la situation de péché qui – éliminé par le baptême – reste présent dans ses conséquences comme propension au mal ».
L’homme d’aujourd’hui aussi, a-t-il ajouté, malgré les progrès des tecno-sciences, vit les mêmes fragilités et les mêmes peurs au point de craindre de ne pas « avoir d’avenir ».
Ne pas « avoir d’avenir » signifie « voir précipiter dans le non sens aussi son propre présent qui perd sa capacité à nous intéresser à la vie, au bien commun, à l’éducation des nouvelles générations, envers lesquelles nous sommes appelés à transmettre les valeurs qui ont donné forme à notre ville, à son histoire, à notre « bon vivre » civil.
Face à de tels défis, Mgr Moraglia a rappelé qu’une religion comme la religion chrétienne, dont l’attention est toute autre que limitée aux choses transcendantes, est en mesure de répondre de manière forte, grâce à la doctrine sociale, qui n’est en rien une idéologie mais plutôt « l’issue d’une formulation soignée de résultats et d’une réflexion sur les réalités complexes de l’existence humaine tant dans la société civile que dans un contexte international, dans la perspective, bien entendue, de la foi et de la tradition ecclésiale ».
« Grâce aux principes de la doctrine sociale chrétienne – et c’est le message de la fête du Rédempteur de cette année – nous pouvons faire beaucoup pour notre ville et pour les gens », a poursuivi le patriarche de Venise.
Mgr Moraglia a évoqué en particulier la question de l’éducation des jeunes à « des valeurs qui, de manière trop désinvolte, ont été mis de côté dans la vie sociale », alors que celles-ci constituent au contraire « de véritables lignes de changements » qui montrent combien ces efforts d’éducation sont importants pour la communauté ecclésiale mais pour la vie civile aussi »
Comme exemple à suivre, le patriarche de Venise a cité le bienheureux Giuseppe Toniolo, l'économiste italien qui « soutenait » avec force, le lien intrinsèque entre l’éthique et l’économie: un lien qui plonge ses racines dans l’Evangile et dont l’enseignement aujourd’hui, revêt une grande valeur à la lumière de la crise actuelle » .
La pensée économique de Toniolo, a-t-il commenté, est tout à fait en ligne avec la pensée politique du pape qui rappelle dans son encyclique Caritas in Veritate, que « La politique est plus qu’une simple technique » et que l’Etat a pour devoir de trouver les moyens de « faire justice ici et maintenant ” (CIV, 28).
« Le message de cette fête du Rédempteur 2012, a insisté Mgr Moraglia, équivaut donc, en synthèse à bien voir quels sont les grands thèmes de la doctrine sociale chrétienne qui permettent d’affronter, dans une nouvelle perspective, la situation difficile que les travailleurs, les familles, la société, sont en train de vivre, depuis désormais trop longtemps ».
En conclusion, le patriarche a de nouveau cité en exemple le bienheureux Toniolo comme personnage exemplaire dans le contexte historique, social, économique et culturel, actuel, pour avoir su déterminer « avec clairvoyance, des perspectives qui placent au centre la personne et non le profit comme fin en soi ».
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