Edité chez « Parole et Silence », le livre est sorti en France le 20 janvier.
Le père Denis Metzinger, vicaire épiscopal de Paris pour la Pastorale familiale, présente ce livre aux lecteurs de Zenit.
ZENIT : Le cardinal Vingt-Trois, qui a été chargé de la Famille pendant longtemps, dans la conférence épiscopale, avait déjà écrit sur la famille ?
P. Denis Metzinger : En effet, dans le cadre d'une collection « 15 questions à l'Eglise, un évêque répond »(éditions Mame/Plon) Mgr André Vingt-Trois, alors archevêque de Tours a rédigé celui sur la Famille en 2002, puisqu'il était aussi président de la commission épiscopale de la famille. Il s'agissait d'expliquer l'enseignement de l'Eglise, les 15 questions annonçaient les thèmes. Cette fois, il s'agit de quelque chose de complètement nouveau puisque ce sont trois couples qui ont interrogé le cardinal .
C'est toute la pastorale qui à Paris, cette année est centrée sur la famille ?
Le diocèse de Paris est lancé dans un déploiement missionnaire « Paroisse-Mission » et cette année pastorale (2010/2011) est consacrée à la Famille et la Jeunesse. Le désir de l'archevêque est de stimuler les paroisses et communautés du diocèse dans des actions locales concrètes pour venir en aide aux familles et à la jeunesse. Ainsi à la rentrée de Septembre, il a adressé à tout le diocèse une lettre pastorale que chacun s'approprie selon ses forces: « Le but, cette année, n'est pas d'entretenir en nous la nostalgie d'un modèle social disparu et idéalisé. Il est de nourrir et de fortifier notre capacité de dire la bonté et la beauté de la vie familiale, quelles que soient ses épreuves. » . Au moment du Carême , les grandes conférences de Notre Dame auront pour thème La famille…ce livre est un moyen supplémentaire offert à tous pour recevoir l'Espérance de la Famille aujourd'hui.
Qui sont les interlocuteurs du cardinal Vingt-Trois ?
Pour qu'il y ait vraiment dialogue, il a fallu se limiter à trois couples mariés. Chacun a été choisi en raison de son histoire personnelle : l'un a autour de 30 ans et après des années de vies communes vient de se marier ; l'autre approche de la quarantaine et dans une vie trépidante s'interroge sur l'éducation de ses enfants ; le dernier couple approche la soixantaine et s'interroge beaucoup voyant le chemin emprunté par leurs enfants. Bref ils sont représentatifs de leurs générations et portent les questions de leurs contemporains.
Comment ont-ils travaillé ?
Ces trois couples ne se connaissaient pas. Ils se sont rencontrés à deux reprises pour se dire les questions pour lesquelles ils aimeraient interroger leur archevêque. Puis après avoir tenté de mettre un certain ordre dans tous les sujets, ensemble ils ont interrogés le cardinal durant trois longues soirées. Très librement ils lui faisaient préciser ses arguments. L'archevêque s'est vraiment prêté au jeu avec la liberté de ton que nous lui connaissons.
Liberté aussi des interlocuteurs ?
On est étonné par la diversité et la pertinence des questions : « De quoi se mêle l'Eglise lorsqu'elle parle de morale ? » ; « Pourquoi le clergé, célibataire, nous parle-t-il de l'amour humain ? » ; « Faut-il entretenir des liens avec l'oncle ou la tante éloignée ?» Ils ont été très heureux de cette expérience et frappé par la pédagogie de l'archevêque et sa connaissance argumentée des questions de notre époque avec un regard très large.
Quel diagnostic le cardinal Vingt-Trois pose-t-il ?
Lors de la présentation à la Presse l'archevêque a dit qu'il n'avait pas été surpris par les questions. Ce sont les questions sans cesse posées à l'Eglise, questions que connaissent les pasteurs : « Pourquoi… » c'est donc bien la recherche de sens qui préoccupe nos contemporains. C'est ce qu'il a voulu transmettre avec le trésor de la révélation divine. A plusieurs reprises l'archevêque a insisté sur le caractère indispensable de la famille pour les individus comme pour une société. S'il n'y a pas la sécurité de l'amour conjugal au sein de la famille, c'est la violence qui rejaillit alors partout. Il a souligné ce qui pouvait être une nouveauté de notre époque, en raison de nos rythmes de vie si dispersés : l'amour entre l'homme et la femme se travaille… il faut s'engager, prendre du temps l'un envers l'autre. C'est bien un message d'espérance qu'il transmet à tous : il n'y a rien d'irrémédiable !
Propos recueillis par Anita S. Bourdin
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