C’est dans ce centre qu’a travaillé, en 1965, une commission du concile Vatican III chargée d’élaborer le décret « Ad gentes » sur la mission de l’Eglise, et l’abbé Joseph Ratzinger y a participé en tant qu’expert.
La joie et le dynamisme missionnaire
Le « dynamisme missionnaire » ne vit que « s’il y a la joie de l’Evangile, si nous faisons l’expérience du bien qui vient de Dieu et qui doit et veut se communiquer », déclare Benoît XVI : c’est peut-être une clef de ce que le pape entend par Nouvelle évangélisation.
Arrivé à 11h45, le pape a été accueilli par le supérieur général élu mardi dernier par le chapitre des Verbites, le P. Heinz Kulüke, par le P. Antonio Pernia, supérieur général, et le procureur général, le P. Giancarlo Girardi.
Après un moment de prière dans la chapelle avec les 150 participants du chapitre général des Verbites, Benoît XVI a prononcé une brève allocution avant de regagner sa résidence d'été vers 12h15.
« Je suis vraiment reconnaissant, a dit le pape, pour cette possibilité de revoir, 47 ans après, cette maison de Nemi. J’en avais un très beau souvenir, peut-être le plus beau de tout le concile. J’habitais au centre de Rome, au Collège Santa Maria dell’Anima, avec tout le bruit : tout cela aussi est beau ! Mais être ici, dans la verdure, avoir cette respiration de la nature, et aussi cette fraîcheur de l’air, c’était déjà en soi une belle chose. Et puis il y avait la compagnie de tant de grands théologiens, avec la tâche si importante et belle de préparer un décret sur la mission ».
Raisonnable, modeste, désintéressé
Il évoque la figure missionnaire du « Général » d’alors : « Je me souviens surtout du [Père] général de cette époque, le P. Schütte, qui avait souffert en Chine, avait été condamné et expulsé. Il était plein de dynamisme missionnaire, de la nécessité de donner un nouvel élan à l’esprit missionnaire. Et il y avait moi, un théologien sans grande importance, très jeune, invité je ne sais pourquoi. Mais c’était un grand don pour moi. »
L’abbé Joseph Ratzinger, âge de 38 ans, a participé aux débats du 29 mars au 3 avril 1965. Le Père – et futur cardinal – Yves Congar, dominicain, y participait aussi, fatigué par les débats. Il n’hésite pas à qualifier un participant de « bourrique » parce que celui se révèle incapable de dialogue, ou de noter qu’un tel s’ennuie et qu’un autre ne fait pas avancer les choses. En revanche, de Joseph Ratzinger, il écrit : « Heureusement qu’il y a Ratzinger. Il est raisonnable, modeste, désintéressé, d’un bon secours ».
Benoît XVI évoque un théologien des Etats-Unis, grand évangélisateur à la télévision, et qui avait étudié à l’université de Louvain, et d’autres participants: « Puis il y avait Fulton Sheen qui nous fascinait le soir par ses discours, le Père Congar, et les grands missiologues de Louvain. Pour moi ce fut un enrichissement spirituel, un grand don ».
Il évoque la « controverse » entre « l’école de Louvain et l’école de Münster » : « Le but principal de la mission, est-ce l’implantation de l’Eglise ou l’annonce de l’Evangile ? » Et il répond : « Tout convergeait vers un unique dynamisme : la nécessité d’apporter la lumière de la Parole de Dieu, la lumière de l’amour de Dieu dans le monde, et de donner une joie nouvelle pour cette annonce ».
Ce « décret beau et bon » a été, accepté quasi à l’unanimité, souligne le pape : en effet, il a été approuvé par 2394 voix contre 5, ce qui est un record !
Complément à Lumen gentium
Benoît XVI y voit « un très bon complément à Lumen Gentium, parce qu’ nous y trouvons une ecclésiologie trinitaire, qui part surtout de l’idée classique du bonum diffusivum sui : le bien qui a la nécessité interne de se communiquer, de se donner. Il ne peut demeurer en lui-même, la chose bonne, la bonté même est essentiellement communicatio. Et cela apparaît déjà dans le mystère trinitaire, à l’intérieur de Dieu, et il se diffuse dans l’histoire du salut et dans notre nécessité de donner aux autres le bien que nous avons reçu. »
Le pape conclut que ces jours de 1965 ont été pour lui comme « une partie essentielle de l’expérience du concile ».
Enfin, il a évoqué la bonne santé de la Société des Verbites qui compte quelque six mille membres dans de très nombreux pays.
Annoncer le Christ
Le 9 juin dernier, le P. Girardi avait invité Benoît XVI pour « rappeler et célébrer le travail » des évêques et experts du concile, qui se sont retirés dans cette maison pour préparer le décret Ad gentes. C’est pour cela que la maison, rénovée récemment, a reçu, en 2010 le nom de centre « Ad gentes » qui est à la fois un centre pour les Verbites qui font une pause de quelques mois dans leurs mission ou un centre spirituel pour d’autres congrégations.
Il a invité le pape à bénir la maison et le chapitre général de sa congrégation dont les membres souhaitaient approcher le pape. Ils en espéraient un « élan nouveau » pour continuer leur « service missionnaire ».
Ce n’est pas la première fois que le pape profite de ses vacances d’été pour manifester son estime des Verbites. Lors de ses vacances d’été à Bressanone, dans le Nord de l’Italie, le pape avait visité, également de façon privée, le 5 août 2008, la maison natale de saint Joseph Freinademetz (15 avril 1852 – 28 janvier 1908), Verbite, missionnaire en Chine.
Lors de la messe du 29 juin, Benoit XVI a insisté sur « l’universalité de l’Eglise appelée à faire connaître le Christ et à annoncer l’Evangile sur tous les continents dans les différentes langues ».
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