Si l’Eglise comptait sur « ses propres stratégies », elle pourrait déjà « fermer boutique et déclarer forfait », déclare Mgr Fisichella : si, au contraire il s’agit « d’une rencontre avec la personne vivante de Jésus-Christ et avec l’Eglise », alors il est « question de foi » et la nouvelle évangélisation doit « s’exprimer selon la logique de la foi ».
La nouveauté chrétienne
Pour Mgr Fisichella, l’Eglise vit depuis quelques décennies une « situation très grave » : les églises sont « toujours plus vides » et les communautés sont « fréquentées par des personnes toujours plus âgées », constate-t-il.
Aujourd’hui, poursuit-il, la crise « est d’abord une crise de foi », une crise qui se fait « plus forte par le profond analphabétisme sur les contenus de la foi » et, par conséquent, « l’indifférence générale pour la vie de l’Eglise ».
Mgr Fisichella considère à ce propos que le concile Vatican II, qui s'est ouvert il y a cinquante ans, est un modèle : en effet, « il a été un moment où l’Eglise a voulu reprendre un langage nouveau pour parler de Dieu à son contemporain ».
Le Concile partait de cet « objectif », insiste-t-il : « comment parler de Dieu à l’homme d’aujourd’hui de façon à ce qu’il croie de nouveau ? » De même aujourd’hui, le défi tient en ce point: « comment exprimer la nouveauté chrétienne dans une période où tout semble évident ? ».
Dans ce contexte, la « nouvelle de Jésus-Christ » doit « à nouveau toucher la vie personnelle », elle doit « y entrer avec la grande provocation de toujours: quel sens a ta vie? », déclare Mgr Fisichella.
La rencontre avec le Christ
Sans Jésus-Christ, face à « l’amour et la souffrance, le succès et l’échec, l'amitié et la trahison », il est difficile de donner une réponse au sens de la vie, une réponse qui soit « chargée de signification » à même de « pousser à la conversion et au changement ». Avec lui, au contraire, « tout change et se renouvelle », ajoute l’archevêque.
Il s’agit donc pour le chrétien de s’interroger, estime Mgr Fisichella : « Peut-être ne sommes-nous plus capables de parler de Jésus-Christ. Peut-être avons-nous oublié que notre premier devoir est d’annoncer l’Evangile. »
La tâche de la nouvelle évangélisation est par conséquent de « rendre possible et efficace la rencontre avec Jésus-Christ et la communauté qui vit de lui », non pas d’abord en « recherchant la stratégie à créer pour "récupérer" ceux qui sont loin » mais en « retrouvant la conviction et la certitude de la foi de la part des croyants », c’est-à-dire « retrouver le sens missionnaire des baptisés ».
Le vrai renouveau part de soi-même
Face à la crise actuelle, certains penseront comme Nietzsche que « nos églises sont devenues le sépulcre de Dieu », fait observer par ailleurs l’archevêque; d’autres penseront que « la situation n’est pas si dramatique et qu’il faut revenir à l’idée du petit troupeau ».
Quoiqu’il en soit, il appelle au « réalisme » : si l’Eglise se doit de « commencer une œuvre de nouvelle évangélisation », cela signifie que « quelque chose, probablement, dans ces dernières années, n’a pas fonctionné », fait-il observer.
Mais il ne s’y arrête pas : « ce n’est pas le moment d’aller à la recherche des causes », explique-t-il, ni de « discuter sur les grands systèmes de transformation et renouvellement de l’Eglise », car « le vrai renouveau, avant d’être demandé aux autres, doit partir de nous ».
La crise de foi a des répercussions sociales profondes, estime également Mgr Fisichella : ainsi, la culture « se renferme dans un individualisme exaspéré », la « primauté du droit individuel domine au détriment de la responsabilité sociale » et les « relations interpersonnelles se réduisent à celles qui sont réalisées à la lumière de l’éphémère ».
En somme, « si on ne connaît pas Jésus Christ et son Eglise tout devient vieux ». Avec Jésus-Christ, au contraire, « la vie se renouvelle », conclut-il.
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