La Parole de Dieu dans le service des pauvres, mais aussi la pastorale des jeunes et dans la piété populaire : soeur Evelyne Franc, supérieure général des Filles de la Charité de saint Vincent de Paul, a offert un témoignage remarqué ce mardi matin au synode des évêques, lors de la 13e congrégation générale.
Reprenant le thème de « la Parole de Dieu au coeur de notre vie » (Instrumentum Laboris n° 24, 38, 52), Sœur Evelyne a souligné combien cette symbiose avec la Parole de Dieu, qui bouscule aussi, est source d'énergie dans la vie des communautés de cette Société de Vie apostolique : « La Parole nous réveille chaque matin et nous accompagne au long du jour à travers la liturgie des heures, l'Eucharistie, les temps de prière et de service. Elle est à la fois douce comme le miel et amère comme le fiel; elle conforte et bouscule, provoque à avancer au large, nous désinstalle ».
La communion est aussi faite du « partage de la Parole (lectio divina) » qui « ranime l'engagement apostolique » et est « facteur d'unité et chemin de pardon, de réconciliation et de discernement », a fait remarquer sœur Evelyne.
« Il est encore plus nécessaire à notre époque où, dans les cinq continents, les Soeurs en proximité de coeur et de vie avec les pauvres, sont parfois confrontées à des situations de difficulté extrême. Le partage de la Parole fortifie alors leur sens d'appartenance au Christ, les relie à la communauté qui les envoie, à la mission de l'Église », a ajouté la supérieure générale.
Pour ce qui est de « l'annonce de la Parole à travers notre service des pauvres » (Instrumentum Laboris n°36, 39,43,44), sœur Evelyne a souligné que « la Parole pousse à servir non seulement pour combattre la faim matérielle, la misère, elle nous pousse aussi à travailler pour un monde où tous soient respectés » et à « dénoncer les injustices ».
Elle soulignait la nécessité d'une « double lecture » : « Lire la vie des pauvres à la lumière des Écritures et lire les Écritures du point de vue des pauvres ; ils sont sacrement du Christ au milieu de nous, ces pauvres qui nous évangélisent ».
Enfin, pour ce qui est de « l'annonce de la Parole dans la pastorale des jeunes et la piété populaire », soeur Evelyne a évoqué tout d'abord la Journée mondiale de la jeunesse en disant : « Les jeunes des cinq continents répondent avec enthousiasme aux défis lancés lors des JMJ : "Vous êtes le sel de la terre … Vous êtes la lumière du monde" (Mt 5,13-14) à Toronto, "Nous sommes venus L'adorer" (Mt 2,2) à Cologne, "Vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins" (Ac 1, v8) à Sydney. Les jeunes attendent de nous de tels défis et sont prêts à les relever quand nous cheminons à leurs côtés, vivons de cette Parole et savons la leur expliquer ».
Enfin, le numéro 36 de l'Instrumentum Laboris cite la piété populaire. Sœur Evelyne a cité l'exemple de la catéchèse que permet la « médaille miraculeuse » offerte à tant et tant de personnes à travers le monde : « C'est un humble outil catéchétique, un résumé de l'histoire du salut qui permet d'annoncer la Parole de Dieu. Cette Parole, Marie, la femme eucharistique, notre modèle de vie spirituelle, l'a reçue pleinement et nous la partage totalement ».
La médaille appelée « miraculeuse » en raison des guérisons miraculeuses obtenues par l'intercession de la Vierge Marie à l'occasion de la distribution de cette médaille, remonte, rappelons-le, aux apparitions de la Vierge Marie à Paris, en pleine révolution, en 1830, à une novice des Filles de la Charité, sainte Catherine Labouré, en la chapelle de la « rue du Bac ».
Catherine Labouré a reçu de la Vierge Marie la mission de faire frapper une médaille sur le modèle qu'elle lui montrait et de la distribuer aux pauvres et aux malades dont elles s'occupait, en recommandant de la porter au cou avec confiance et de dire la prière jaculatoire gravée sur l'ovale : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ».
A partir de la médaille une catéchèse biblique peut expliquer le sens de l'attitude de la Vierge qui écrase le serpent, et de l'intercession de Marie dont les mains rayonnent, du fait des grâces répandues sur le monde, mais tous les rayons ne sont pas lumineux : d'autres grâces doivent encore être demandées, avec la prière jaculatoire.
C'est ce que font chaque jour les milliers de fidèles qui s'approchent de l'autel de la chapelle des Filles de la Charité en intercédant pour des leurs proches et pour le monde.
L'avers de la médaille rappelle le sacrifice du Christ en Croix pour toute l'humanité, la présence de Marie au pied de la Croix, et que l'amour est vainqueur, comme le symbolisent les deux cœurs de Jésus et Marie représentés sous le M. Les douze étoiles rappellent la vision de l'apocalypse de saint Jean – la femme couronnée d'étoiles, la lune sous ses pieds – mais aussi l'histoire du salut qui passe par les douze tribus d'Israël et l'envoi en mission des douze apôtres.
ROME, Mardi 14 octobre 2008 (ZENIT.org)