« La présence chrétienne dans un milieu théocratique ». Une conférence exceptionnelle donnée par le cardinal Mar Béchara Boutros Raï, patriarche maronite d'Antioche et de tout l'Orient, à l'Institut catholique de Paris
dans le cadre du colloque de l'Institut supérieur d'études œcuméniques « Christ et César, quelle parole publique des Églises ? ». L'intervenant n'est pas qu'un cardinal de l'Église catholique. Il est le patriarche maronite d'Antioche. Antioche, où les disciples du Christ furent appelés chrétiens pour la première fois.
Mgr Raï est venu témoigner de ce que vivent les chrétiens du Moyen-Orient. Ces chrétiens de culture démocratique, cibles d'un fondamentalisme promouvant une culture théocratique. Ces chrétiens confrontés aux défis de l'insécurité économique, du conflit israélo-palestinien et de la cohabitation avec un islam dénaturé par l'extrémisme. Ces chrétiens tiraillés par les événements en cours entre, d'une part, la révolte contre les systèmes totalitaires et la volonté d'édifier des États modernes, et, d'autre part, la peur de la montée des mouvements islamistes. Ces chrétiens qui vivent dans un Moyen-Orient ravagé par l'anarchie, le chaos, le terrorisme et la violence. Ces chrétiens qui ont encore le souvenir de leur contribution remarquable, mais surtout indispensable, à la vie nationale, à la renaissance culturelle et au développement social, tout au long de deux mille ans d'histoire. Ces chrétiens qui se donnent pour enjeux de leur existence la communion avec leurs frères et le témoignage de leur foi. Au nom de tous ces chrétiens, l'éminent prélat est venu exhorter un Occident, de plus en plus laïc, à soutenir la présence chrétienne en Orient. Il a rappelé à tous les pays amis, et notamment la France, que l'Évangile du salut, de la vérité et de la paix est une garantie des valeurs que l'Occident entend défendre et promouvoir dans un Moyen-Orient en ébullition.
Où sont les Églises orientales aujourd'hui, notamment l'Église maronite, du travail œcuménique ? Et l'union ne serait-elle pas la vocation première de l'Église d'Antioche, fidèle à l'enseignement du Christ « Soyez un » ? Le conférencier répond en toute simplicité. Au-delà de toutes les institutions œcuméniques qui existent actuellement, nous vivons l'œcuménisme à travers les rapports amicaux entre patriarches, catholiques et orthodoxes, et la solidarité entre chrétiens. Le patriarche n'avait pas besoin de dire plus pour répondre à ma question. Cette réalité est au cœur même de sa conférence. À la droite du patriarche maronite se tient un archimandrite grec-melkite catholique, Mgr Charbel Maalouf, docteur en philosophie et en théologie. Mgr Maalouf incarne le type même d'homme de religion sur lequel l'Église catholique apostolique peut compter pour avancer dans sa marche vers l'unité. Curé de Saint-Julien-le-Pauvre à Paris, il est l'exarque patriarcal melkite en France ; ceux qui le connaissent saluent son œuvre pour le débat œcuménique, transnational et interreligieux. La présence de Mgr Maalouf, organisateur du colloque, à côté de Son Éminence est un exemple touchant de l'œcuménisme vécu par le clergé, auquel sont appelés les fidèles dans leur vie quotidienne. Parce que maronites, melkites, arméniens, grecs, coptes, syriaques et orthodoxes sont un dans la chrétienté, riches de leurs traditions diverses.
Mon émotion est grande, en tant que libanais, de voir de bons pasteurs, à l'instar de NN. SS. Raï et Maalouf, porter les préoccupations de leurs enfants dans l'Église, prôner un vivre-ensemble exemplaire et un œcuménisme vécu, sensibiliser le monde entier à leur cause et accomplir la mission apostolique de l'Église que le credo entend lui conférer. Ma crainte pour les chrétiens « d'Antioche » s'estompe lorsque je constate que leur cause est en de bonnes mains. J'oserais dire : « N'aie pas peur, petit troupeau. »
« Présence chrétienne en milieu théocratique ». Le titre de la conférence suggère une inquiétude des chrétiens d'Orient, explicitée par Sa Béatitude. C'est par la solidarité entre tous les peuples d'Orient, quelle que soit leur religion, que cette inquiétude sera surmontée. Aux musulmans, modérés dans leur écrasante majorité, de rejeter toute forme de théocratie, létale pour le vivre-ensemble et la paix. Aux chrétiens de conserver leur présence tant physique que spirituelle en cette Terre Sainte. Ces chrétiens qui, malgré toutes leurs souffrances, n'ont pas peur parce qu'ils savent en qui ils ont mis leur confiance. Leur espérance est éternelle parce qu'ils savent que le calvaire prépare la glorieuse Résurrection.
Rami Antoine ABI AKL
L'orient le jour
Mgr Raï est venu témoigner de ce que vivent les chrétiens du Moyen-Orient. Ces chrétiens de culture démocratique, cibles d'un fondamentalisme promouvant une culture théocratique. Ces chrétiens confrontés aux défis de l'insécurité économique, du conflit israélo-palestinien et de la cohabitation avec un islam dénaturé par l'extrémisme. Ces chrétiens tiraillés par les événements en cours entre, d'une part, la révolte contre les systèmes totalitaires et la volonté d'édifier des États modernes, et, d'autre part, la peur de la montée des mouvements islamistes. Ces chrétiens qui vivent dans un Moyen-Orient ravagé par l'anarchie, le chaos, le terrorisme et la violence. Ces chrétiens qui ont encore le souvenir de leur contribution remarquable, mais surtout indispensable, à la vie nationale, à la renaissance culturelle et au développement social, tout au long de deux mille ans d'histoire. Ces chrétiens qui se donnent pour enjeux de leur existence la communion avec leurs frères et le témoignage de leur foi. Au nom de tous ces chrétiens, l'éminent prélat est venu exhorter un Occident, de plus en plus laïc, à soutenir la présence chrétienne en Orient. Il a rappelé à tous les pays amis, et notamment la France, que l'Évangile du salut, de la vérité et de la paix est une garantie des valeurs que l'Occident entend défendre et promouvoir dans un Moyen-Orient en ébullition.
Où sont les Églises orientales aujourd'hui, notamment l'Église maronite, du travail œcuménique ? Et l'union ne serait-elle pas la vocation première de l'Église d'Antioche, fidèle à l'enseignement du Christ « Soyez un » ? Le conférencier répond en toute simplicité. Au-delà de toutes les institutions œcuméniques qui existent actuellement, nous vivons l'œcuménisme à travers les rapports amicaux entre patriarches, catholiques et orthodoxes, et la solidarité entre chrétiens. Le patriarche n'avait pas besoin de dire plus pour répondre à ma question. Cette réalité est au cœur même de sa conférence. À la droite du patriarche maronite se tient un archimandrite grec-melkite catholique, Mgr Charbel Maalouf, docteur en philosophie et en théologie. Mgr Maalouf incarne le type même d'homme de religion sur lequel l'Église catholique apostolique peut compter pour avancer dans sa marche vers l'unité. Curé de Saint-Julien-le-Pauvre à Paris, il est l'exarque patriarcal melkite en France ; ceux qui le connaissent saluent son œuvre pour le débat œcuménique, transnational et interreligieux. La présence de Mgr Maalouf, organisateur du colloque, à côté de Son Éminence est un exemple touchant de l'œcuménisme vécu par le clergé, auquel sont appelés les fidèles dans leur vie quotidienne. Parce que maronites, melkites, arméniens, grecs, coptes, syriaques et orthodoxes sont un dans la chrétienté, riches de leurs traditions diverses.
Mon émotion est grande, en tant que libanais, de voir de bons pasteurs, à l'instar de NN. SS. Raï et Maalouf, porter les préoccupations de leurs enfants dans l'Église, prôner un vivre-ensemble exemplaire et un œcuménisme vécu, sensibiliser le monde entier à leur cause et accomplir la mission apostolique de l'Église que le credo entend lui conférer. Ma crainte pour les chrétiens « d'Antioche » s'estompe lorsque je constate que leur cause est en de bonnes mains. J'oserais dire : « N'aie pas peur, petit troupeau. »
« Présence chrétienne en milieu théocratique ». Le titre de la conférence suggère une inquiétude des chrétiens d'Orient, explicitée par Sa Béatitude. C'est par la solidarité entre tous les peuples d'Orient, quelle que soit leur religion, que cette inquiétude sera surmontée. Aux musulmans, modérés dans leur écrasante majorité, de rejeter toute forme de théocratie, létale pour le vivre-ensemble et la paix. Aux chrétiens de conserver leur présence tant physique que spirituelle en cette Terre Sainte. Ces chrétiens qui, malgré toutes leurs souffrances, n'ont pas peur parce qu'ils savent en qui ils ont mis leur confiance. Leur espérance est éternelle parce qu'ils savent que le calvaire prépare la glorieuse Résurrection.
Rami Antoine ABI AKL
L'orient le jour