L’élément central, explique-t-il, c’est que « le pape François pense qu’une Eglise qui veut sortir d’elle-même et toucher tout le monde doit adapter sa manière de prêcher ». C’est pourquoi « il applique un critère proposé par le concile Vatican II, souvent oublié et négligé: la 'hiérarchie de la vérité' ».
Il s’agit de prendre en compte la réalité : « Les préceptes de la doctrine morale de l’Eglise sont souvent proposés en dehors du contexte qui leur donne du sens », si bien qu’il arrive qu’ils « ne rendent pas parfaitement le cœur du message de Jésus-Christ ».
« Par exemple, explique le recteur, si un curé tout au long de l’année liturgique parle dix fois de morale sexuelle et seulement deux ou trois fois d’amour fraternel ou de justice, il se crée une disproportion ». Même chose, ajoute-t-il, « s’il parle souvent contre le mariage entre homosexuels et peu du mariage ». En effet, si l’invitation « ne brille pas avec force et attrait, la morale de l’Eglise risque de devenir comme un château de cartes. C’est là que réside notre plus danger ».
Le pape « reste indubitablement à l’écart des discussions théoriques sur le Concile car il souhaite tout simplement poursuivre l’esprit de renouveau et de réforme qui vient du Concile. Il se place donc en dehors de toute obsession idéologique, sans pause ou pirouette, avec l’intention de conduire l’Eglise en dehors d’elle-même de manière à toucher tout le monde », ajoute Mgr Victor Fernandez.
Il se souvient: « En 2000, Bergoglio a exprimé le vœu « que le pouvoir ne soit pas un privilège inexpugnable ». Et cela vaut pour un président, un gouverneur, un homme d’affaires, un cardinal, mais aussi pour les membres de la curie romaine ».
Le théologien évoque aussi les prédications du pape sur la pauvreté: « son amour du sacrifice n’est pas une fin en soi ni une obsession pour l’austérité », mais un « dépouillement intérieur » de manière à « mettre Dieu et autrui au centre de sa vie et non soi-même ».
Mgr Fernandez précise que le pape François n’apprécie pas les « prêtres princes ou les évêques d’aéroport, ni les ecclésiastiques qui aiment les vacances trop coûteuses, les dîners dans les meilleurs restaurants, ou exhibent ors et argents sur leurs vêtements, les visites continues à des personnes puissantes ».
Interrogé sur la réforme de la curie romaine, il affirme que le point le plus important « le développement d’autres formes de participation (synodes, conférences épiscopales, consultation des laïcs, etc) qui, ces dernières années, ont été plus formelles que réelles ».
Traduction d’Océane Le Gall
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