L'énergie nucléaire est une ressource immense pour l'homme mais les questions que posent les risques qui l'entourent ne sauraient être négligés, écrit le père Federico Lombardi, S.J., directeur de la salle de presse du Saint-Siège,
dans son dernier éditorial pour le bulletin d'information « Octava Dies » du Centre de télévision du Vatican, en commentant les faits liés à la centrale nucléaire de Fukushima.
« Les images de la tragédie japonaise continuent depuis des jours à tourmenter nos esprits et à nous interroger, souligne le porte-parole du Saint-Siège. Des images, poursuit-il, qui renvoient aux souvenirs dramatiques du tsunami de l'Océan indien, il y a six ans, provoquant « un nombre effrayant de victimes » : de nombreuses souffrances et douleurs qui appellent notre compassion, notre solidarité, notre prière ».
« Mais depuis quelques jours, relève-t-il, l'attention du monde s'est déplacée de la vague destructrice au désastre de la centrale nucléaire » gravement endommagée par le séisme et le tsunami du 11 mars, et d'où s'échappe une fumée radioactive.
Selon les dernières informations des autorités de la sûreté nucléaire, après une véritable course contre la montre pour tenter de rétablir l'électricité sur le site, celle-ci a pu être rétablie dimanche dans le réacteur n° 2 de Fukushima. Il faudra attendre encore plusieurs jours pour rétablir celle des réacteur n° 3 et 4. Toutefois, les risques de radioactivité à large échelle restent alarmants.
Relevant que les japonais « ont montré avoir appris à faire face aux risques des tremblements de terre de manière admirable, en construisant des immeubles capables de résister aux secousses les plus fortes », le P. Lombardi constate néanmoins des « failles » même dans les progrès techniques japonais, « en un certain sens inattendues ».
« Il a suffi qu'une des 50 centrales nucléaires du pays soit sérieusement endommagée pour que déferle une nouvelle vague, cette fois-ci de peur, pour une autre source, insidieuse, de mort, qui est en train de s'étendre au monde entier », écrit-il.
« L'énergie nucléaire est une ressource naturelle immense, que l'homme essaie de mettre à son service, reconnaît-il, mais si on en perd le contrôle elle se retourne contre lui, et personne ne sait mieux que les japonais quels sont les effets de l'énergie qui s'échappe du noyau de la matière quand elle se retourne contre l'homme ».
Il s'avère donc, conclut le porte-parole du Saint-Siège, que « la sécurité des centrales et de l'enveloppe des déchets radioactifs ne pourra jamais être absolue », et qu'une réflexion s'impose quant à « la correcte utilisation du pouvoir technologique », « ses risques » et « son coût humain », comme l'a souvent mentionné le pape.
Le P. Lombardi conclut son éditorial en louant les mérites de tous ces « héros » qui, aujourd'hui, comme les pompiers du 11 septembre, font face à l'emballement de la centrale nucléaire japonaise « se donnent généreusement » au prix même de leur vie.
« Comme à l'époque, l'amour solidaire pour les autres, au prix même de la vie, est une vraie lueur dans l'obscurité de cette tragédie », écrit-il. « Elle indique la direction où chercher. C'est la même direction du chemin avec Jésus vers Pâques ».
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