l’une des plus grandes au monde. Il explique que l’on peut être à la fois un « fanatique » de science et « mordu » de l’Église.
Zenit – Où vos recherches vous portent-elles?
Frère Guy Consolmagno – Je passe en gros la moitié de l’année à Castelgandolfo, au siège, où est installé le laboratoire des météorites, et l’autre moitié aux États-Unis, en Arizona, où se trouve le télescope.
Pourquoi les relations entre science et foi sont-elles pertinentes dans la société actuelle ?
C’est vraiment important pour un grand nombre de raisons pratiques. De plus en plus, l’économie mondiale, en grande partie, est basée sur la haute technologie, ce qui signifie que vous avez affaire à des êtres humains qui abordent les questions de la vie avec une mentalité technique. Et je pense qu’il est vraiment important que le monde de la religion s’habitue à penser de la manière dont les « technophiles » pensent. Que l’on sache comment ils posent les questions et quel genre de réponses ils cherchent. Je ne dis pas que nous devons nous ranger de leur côté mais les amener à reconnaître que le point de vue du monde scientifique est beau et merveilleux, mais qu’il est incomplet et nous devons encourager une réflexion philosophique parmi les « technophiles ». Parce qu’en fin de compte, comme je l’ai dit dans ma conférence, nous cherchons tous la vérité. Plus encore, nous sommes tous habités par le désir de trouver la vérité, qui est aussi en soi un signe de la présence de Dieu en nous.
Vous déclarez que « la science et la religion adorent le même Dieu, qui est la vérité ». Pouvez-vous préciser votre pensée ?
Prenons un scientifique qui pense être athée. J’ai rencontré un grand nombre de scientifiques merveilleux qui méprisent la religion. Ce scientifique serait-il prêt à fausser ses données pour obtenir une subvention, afin de devenir célèbre, en pensant : « Oh, quand on s’en apercevra, je serai mort depuis longtemps ». Non, il ne le ferait pas. Cela irait à l’encontre de tout ce qu’il ce à quoi il croit. S’il faisait cela, ce ne serait pas un scientifique. Si vous êtes un bon scientifique, la vérité est plus importante que votre réputation, que votre propre gloire, que votre salaire.
La vérité est quelque chose que vous ne pouvez ni peser ni mesurer, mais elle existe comme quelque chose de transcendant, d’extérieur à nous-mêmes, à quoi nous nous dévouons et que nous utilisons comme la boussole de notre vie. Je viens de décrire Dieu !
Beaucoup ont l’impression que l’Église commence seulement maintenant à s’ouvrir à la science …
C’est un mythe difficile à briser parce qu’il est fermement établi depuis la fin du XIXe siècle. Il y a eu un certain nombre de groupes qui ont réellement, désespérément voulu encourager une guerre entre la science et la religion à leurs propres fins. C’était des fins politiques, et personne ne s’en souvient plus.
Mais cela faisait partie de l’unification de l’Italie et le gouvernement anticlérical italien a inventé ce mythe de l’Église voulant supprimer la science. C’est exactement le contraire. Beaucoup de scientifiques étaient des nobles ou des ecclésiastiques : qui d’autre avait suffisamment d’éducation pour s’intéresser à la science, à l’époque ?
En Amérique, on avait l’idée de supprimer l’Église catholique parce qu’on avait peur de l’immigration. On se trouvait une excuse en disant : « Bon, c’est un tas de gens ignorants venus du sud de l’Italie. Que savent-ils de la science ? » ; c’était ce que l’on pensait à la fin du XIXe siècle.
Cette impression existe toujours aujourd’hui, mais le mythe s’est développé tout seul parce que c’est un mythe très populaire et c’est facile de dépeindre les gens comme des « Kirk » ou « Spock » (personnages de Star Trek, ndlr). Alors que, en fait, aucun être humain n’est comme ça ; Kirk et Spock eux-mêmes ne sont pas comme cela.
Mais en ce qui concerne la recherche sur les cellules souches, il y a aussi un problème différent qui est un malentendu fondamental dont les scientifiques sont eux-mêmes en partie responsables : il s’agit de la différence entre la science, la technologie et l’utilisation de cette technologie. Ce n’est pas parce que je n’aime pas la bombe atomique que je ne crois pas dans la physique nucléaire. Ce n’est pas parce que je suis inquiet des implications éthiques de la technologie issue de la bio-ingéniérie que je dois être opposé à la science de la biologie. Il y a là deux questions tout à fait séparées et c’est vrai dans les deux sens. Ce n’est pas parce que je suis un expert en biologie que je suis automatiquement la bonne personne pour décider quelle pourrait être son utilisation éthique. C’est peut-être justement parce que je suis impliqué dans ce domaine que je ne veux pas être celui qui prend cette décision-là.
Vous déclarez que « la science et la religion adorent le même Dieu, qui est la vérité ». Pouvez-vous préciser votre pensée ?
Prenons un scientifique qui pense être athée. J’ai rencontré un grand nombre de scientifiques merveilleux qui méprisent la religion. Ce scientifique serait-il prêt à fausser ses données pour obtenir une subvention, afin de devenir célèbre, en pensant : « Oh, quand on s’en apercevra, je serai mort depuis longtemps ». Non, il ne le ferait pas. Cela irait à l’encontre de tout ce qu’il ce à quoi il croit. S’il faisait cela, ce ne serait pas un scientifique. Si vous êtes un bon scientifique, la vérité est plus importante que votre réputation, que votre propre gloire, que votre salaire.
La vérité est quelque chose que vous ne pouvez ni peser ni mesurer, mais elle existe comme quelque chose de transcendant, d’extérieur à nous-mêmes, à quoi nous nous dévouons et que nous utilisons comme la boussole de notre vie. Je viens de décrire Dieu !
Traduction d'Hélène Ginabat
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