Le pape a évoqué cet ultime témoignage du prêtre autrichien, figure de la résistance au nazisme: « A l’époque sombre du national-socialisme, il a clairement vu la signification de la parole de saint Paul : « Nous n’appartenons pas à la nuit ni aux ténèbres » (1 Thess. 5,5). Lors d’un interrogatoire qui aurait pu le conduire à la liberté, il a témoigné avec conviction : « J’aime mon Eglise. Je reste fidèle à mon Eglise, et aussi au sacerdoce. Je suis du côté du Christ et j’aime son Eglise ». »
Le pape a invité à s’inspirer d’une telle profession de foi : « Confions-nous à l’intercession du nouveau bienheureux afin que nous puissions nous aussi participer avec lui à la joie du Seigneur. »
Le site de la Mémoire de la Résistance allemande au nazisme précise qu’il avait étudié le droit canon à Rome, et il devint, en 1935, directeur du tribunal ecclésiastique de Feldkirch. En 1939, il devint pro-vicaire à Innsbruck. Il fut plusieurs fois arrêté du fait de ses protestations contre le national-socialisme, et il fut finalement déporté au camp de concentration de Dachau, puis à Sachsenhausen. En août 1941, il fut exilé et assigné à résidence par la Gestapo dans la région allemande du Mecklenbourg-Poméranie, sur la Baltique. Il s’établit à Stettin (aujourd’hui, Szczecin, en Pologne). Même en exil, il continua de critiquer le régime, inconscient de la surveillance dont faisaient l’objet ses conversations, son téléphone, sa correspondance.
Il fut à nouveau arrêté en février 1943 et subit des mauvais tortures pendant ses interrogatoires. La Gestapo l’accusait d’avoir protesté contre les déportations de juifs et l’assassinat des patients des cliniques psychiatriques, d’avoir écouté des radios étrangères, et d’avoir apporté son aide et du réconfort aux travailleurs du Travail obligatoire.
Il fut condamné à la décapitation, le 8 septembre 1944, pour « espionnage », et il fut exécuté en même temps que Friedrich Lorenz et Herbert Simoleit, justement le 13 novembre, en 1944, à Halle-sur-la-Saale (Saxe). Il est mort en prononçant les noms de Jésus et Marie.
La messe de béatification a été présidée par l’envoyé de Benoît XVI, le cardinal Angelo Amato, préfet de la congrégation pour les Causes des saints.
« Carl Lampert n’est pas arrivé au témoignage suprême sans être préparé, a souligné le cardinal Amato dans son homélie, indique Radio Vatican. Avant de mourir, il écrivait à son frère, Julius : « C’est pour moi une énorme consolation que l’aide quasi miraculeuse de Dieu. Pense que je célèbre la messe quasi tous les jours ! Un miracle : j’ai toujours le Seigneur avec moi dans le Saint-Sacrement ! »
Il offrait ses souffrances pour les autres, a relévé le cardinal Amato, qui citait encore ce passage : « Je donne chaque jour à tous la bénédiction sacramentelle (…), et je peux beaucoup prier, j’intercède pour vous, c’est comme cela que je vous aide. Vraiment, « je ne crains aucun mal, même si je marchais dans l’ombre de la mort (…) car le Seigneur est avec moi (…). Devant moi, j’ai une petite image de la Vierge avec une petite fleur (…). Le Christ et sa sainte Mère trouvent le chemin pour arriver même jusqu’en ces lieux ».
« Le martyre, a ajouté le cardinal Amato, est le plus grand acte d’amour envers Dieu et constitue la voie la plus noble vers la sainteté ». Il a résumé ainsi l’héritage spirituel laissé par Carl Lampert : « Comme le sacrifice du Christ a été pour l’humanité le gage du salut, ainsi, le sacrifice du bienheureux Carl Lampert sera semence de vie chrétienne renouvelée dans sa terre bénie de l’Autriche (…). Un exemple précieux spécialement pour les jeunes générations autrichiennes ».
Anita S. Bourdin
zenit