Ordonné prêtre en 1993, le P. Wagemaker,a exercé différentes fonctions dont celle de responsable de la pastorale du conseil épiscopal hollandais et du centre de développement et de formation missionnaire à Heiloo, au service de la nouvelle évangélisation. Il enseigne au séminaire « De Tiltenberg » et à la faculté catholique de théologie d’Utrecht.
Zenit – Depuis juillet 2010, vous travaillez pour le conseil épiscopal à l’initiative « mission et développement ». De quoi il s’agit?
P. Wagemaker – L’Eglise catholique aux Pays-Bas, est très engagée dans l’animation missionnaire. Au siècle dernier, ce sont près de 15.000 personnes qui ont été envoyés en mission. Les Hollandais sont connus pour leur générosité pour les activités missionnaires et les œuvres de charité. L’Eglise a donc en son sein plusieurs organisations pour le développement, la promotion et le financement de ces activités. Au nom de l’épiscopat hollandais, je gère les contacts entre les organisations qui, directement ou indirectement, se trouvent sous sa responsabilité et dont deux relèvent de la pastorale des évêques pour le Carême et pour l’Avent.
Quelles propositions l’Eglise hollandaise a-t-elle faites aux fidèles qui veulent se préparer au carême?
Chaque année, à l’occasion du carême, les évêques envoient à tous les croyants un message dans lequel ils leur demandent d’être attentifs aux développements en cours à l’intérieur de l’Eglise et ils établissent une connexion entre la foi et les implications de la foi sur la vie personnelle et sociale.
Toutes les paroisses organisent une initiative à l’occasion du carême. Cette initiative a pour objectif de centrer l’attention des croyants sur le sens du carême, et de les inciter à se sacrifier pour la mission et pour les initiatives de développement de l’Eglise catholique. La pastorale pour le carême trouve son inspiration dans ces trois valeurs : sobriété, spiritualité et solidarité.
Aux Pays-Bas, la pratique du jeûne existe-t-elle toujours et quelle est sa signification?
En 1989, les évêques hollandais ont déclaré que le jeûne était obligatoire durant le Mercredi des cendres, et que la pénitence était à la discrétion de chaque croyant. Ceci peut signifier manger et boire avec modération, mais aussi modérer son usage de l’alcool, de la cigarette et de la télévision. Les croyants peuvent aussi entreprendre une œuvre de charité ou verser une offrande concrète. Une enquête révèle que 5% de tous les Hollandais jeûnent pendant le carême. Pour les catholiques, ce pourcentage est plus élevé, mais on n’a pas de chiffres sûrs.
Y a-t-il, pendant le carême, un retour à la confession?
Le précepte pascal est pratiqué par une toute petite partie des catholiques hollandais. Seuls 600.000 des 4.300.000 catholiques du pays fêtent Pâques. Depuis 1968, la confession est une pratique très limitée aux Pays-Bas. Les évêques et beaucoup de prêtres font de leurs mieux pour encourager les fidèles à la pratique du sacrement de la confession, mais leurs efforts, pour le moment, n’a pas obtenu de grands résultats.
Quel est le rapport entre ces initiatives et la foi?
Les évêques hollandais voient un lien entre l’engagement pour le développement intégral de l’homme et la nouvelle évangélisation. La dimension sociale de l’Église permet le développement d’un dialogue, et c’est un bon moyen pour orienter les catholiques eux-mêmes, pour qu’ils s’impliquent vraiment dans la vie de l’Église.
Les Hollandais sont plus sensibles aux activités sociales que la moyenne, et ce sont des personnes concrètes. Le développement de l’Eglise permet d’affronter les valeurs de l’Evangile. Les évêques voient ce lien entre le développement intégral de l’homme et l’évangélisation que l’on trouve d’ailleurs les deux encycliques « Populorum progressio » et « Caritas in veritate », des papes Paul VI et Benoît XVI.
Aujourd’hui, nous voyons donc la pastorale de carême plus comme un moyen pour construire l’Eglise et pour favoriser la nouvelle évangélisation que comme une initiative visant à recueillir des fonds pour la mission et pour des œuvres de développement social. C’est un choix délibéré des évêques.
Propos recueillis par Paola De Groot-Testoni
Traduction d’Isabelle Cousturié
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