80 ans jour pour jour après sa création.
Le préfet émérite de la Congrégation pour les évêques est intervenu le 12 février dernier à une rencontre à l'occasion du 80e anniversaire de Radio Vatican.
Dans son intervention, publiée par L'Osservatore Romano, il rappelle qu'avec cette radio, Pie XI pensait « pouvoir disposer d'un instrument qui permette au pape de faire parvenir sa parole à tous les peuples de la terre ».
« Il tenait beaucoup à avoir sa propre radio et souhaitait qu'elle fût la plus puissante possible. Il la voulait pour des raisons d'évangélisation. Il souhaitait valoriser ce que les sciences et les techniques modernes mettaient à disposition pour annoncer l'Evangile ».
« Mais il avait une autre motivation : comme chercheur, il avait participé à plusieurs rencontres culturelles et avait lié et maintenu des rapports avec des spécialistes de plusieurs sciences », a encore rapporté le cardinal Re. « La radio aurait servi pour des informations et des messages religieux, mais il pensait qu'elle aurait aussi pu être utile à des fins d'étude et de communication ».
Pie XI voulait que la station du Vatican « fût la plus perfectionnée et puissante possible ». C'est pourquoi il confia cette charge au physicien et inventeur italien Guglielmo Marconi (1874-1937) et fit construire la Radio au sein du Vatican, « prenant des dispositions pour que toute la collaboration nécessaire soit offerte à Marconi ».
Il fallut ensuite choisir le personnel chargé de faire fonctionner la radio : Pie XI « pensa que parmi les jésuites, il serait possible de trouver les personnes les mieux préparées pour cette nouvelle activité ; il confia donc tout cela à la Compagnie de Jésus ».
Et la radio fut inaugurée le 12 février 1931, « par un acte d'une solennité exceptionnelle ».
L'inauguration de Radio Vatican : un événement solennel
« L'inauguration eut lieu par un message radio au monde du pape, en langue latine, la langue de l'Eglise », a encore rapporté le cardinal Re. « Le pape n'oublia personne et eut des paroles pour les riches et pour les pauvres ; pour les ouvriers et pour les employeurs. Il pensa aussi aux affligés et aux persécutés. Par son salut, il voulut embrasser la terre entière ».
Cet événement « solennel » du premier message radio transmis en direct par le pape « fut immédiatement suivi d'un geste d'estime envers Guglielmo Marconi » qui fut nommé membre de l'Académie pontificale pour les sciences.
Dès lors, « le pape voulut que toutes les nonciatures et délégations apostoliques dispersées dans le monde soient dotées d'un poste radio d'utilisation facile. Radio Vatican veillait aussi à transmettre des informations et des nouvelles non secrètes aux nonciatures de la part de la secrétairerie d'Etat et d'autres dicastères de la Curie romaine », a ajouté le cardinal Re. « Un horaire était fixé (deux fois par semaine) pendant lequel les nonciatures, surtout dans les pays importants, devaient restées à l'écoute de la station vaticane pour des informations ou des nouvelles utiles ».
En juin 1932, « le pape put parler en direct du Vatican avec la foule réunie à Dublin pour la célébration du Congrès eucharistique. Dès lors, les messages radiophoniques du pape se multiplièrent. En 1935, on se souvient du fameux message que les pèlerins de Lourdes purent écouter en direct ».
Quand, le 9 février 1939, Pie mourut, Radio Vatican transmettait déjà en 9 langues.
Peu après la mort de Pie XI, lorsqu'éclata la seconde guerre mondiale (septembre 1939), raconte enfin le cardinal Re, « Radio Vatican se révéla être un moyen précieux d'information libre, malgré les intimidations qu'elle dut subir. Il semble désormais établi historiquement que les bombardements qui eurent lieu au Vatican le soir du 5 novembre 1943 entendaient toucher la station radio ».
En janvier 1940, « un bureau d'informations naquit à Radio Vatican, qui lançait des appels pour retrouver des civils et des militaires dispersés et transmettait des messages des familles aux prisonniers. 1 240 728 messages correspondant à 12 105 heures de transmission furent envoyés grâce à Radio Vatican de 1940 à 1946 ».
Marine Soreau
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