ce matin, dans sa troisième et dernière prédication de l'Avent, en présence du pape et de la curie romaine, dans la Chapelle Redemptoris Mater, au Vatican.
« Le troisième obstacle qui rend une si grande partie de la culture moderne 'réfractaire' à l'Evangile est le rationalisme », a souligné le prédicateur de la Maison pontificale. Dans sa première prédication (cf. 3 et 510 et 12 décembre). décembre), il avait évoqué le scientisme, et dans la deuxième, la sécularisation (cf.
« Dans le débat entre raison et foi, c'est la raison qui impose son choix et contraint la foi, en quelque sorte, à jouer hors de son domaine et sur la défensive », a souligné le P. Cantalamessa. Mais « les rationalistes ne convertiront pas avec leurs arguments les croyants, ni les croyants les rationalistes. Il faut trouver une voie pour briser ce cercle et libérer la foi de cet asservissement », a-t-il ajouté.
Cette voie est selon lui « celle de l'expérience et du témoignage », non pas de « l'expérience personnelle, subjective, de la foi, mais d'une expérience universelle et objective que nous puissions faire valoir vis-à-vis des personnes encore étrangères à la foi ».
Pour le P. Cantalamessa, parmi ces « témoins » de Dieu figurent en particulier les mystiques, qui ont « expérimenté et vécu le divin ».
Quand l'expérience du sacré et du divin vous tombe dessus à l'improviste, de façon inattendue, qu'elle est accueillie et cultivée, elle devient une expérience subjective vécue. On a ainsi les « témoins » de Dieu que sont les saints et, d'une façon toute particulière, une catégorie d'entre eux, les mystiques.
« Ils sont, pour le reste de l'humanité, comme les explorateurs qui entrèrent les premiers, en cachette, dans la Terre promise et revinrent sur leurs pas pour raconter ce qu'ils avaient vu – 'une terre ruisselante de lait et de miel' -, exhortant tout le peuple à traverser le Jourdain (Nb 14,6-9). C'est par eux que parviennent jusqu'à nous, dans cette vie, les premières lueurs de la vie éternelle », a-t-il expliqué.
« Quand on lit leurs écrits, comme elles nous apparaissent lointaines et même naïves les plus subtiles argumentations des athées et des rationalistes ! A-t-il poursuivi. Vis-à-vis de ces derniers, surgit en nous un sentiment d'étonnement et même de peine, comme devant quelqu'un qui parle de choses que manifestement il ne connait pas. Comme celui qui croit découvrir des erreurs continuelles de grammaire chez un interlocuteur, sans se rendre compte que celui-ci est tout simplement en train de parler une langue que, lui, ne connait pas. Mais on ne perçoit aucune envie de commencer à les réfuter, tant même les paroles dites pour la défense de Dieu apparaissent, à ce moment-là, vides et hors de propos ».
« Les mystiques sont, par excellence, ceux qui ont découvert que Dieu 'existe' ; ou plutôt, que Lui seul existe vraiment et qu'Il est infiniment plus réel que ce qu'ils ont coutume de nommer réalité », a ajouté le P. Cantalamessa.
« Il n'y a pas que les non croyants et les rationalistes qui ont besoin d'irruptions spontanées du surnaturel dans leur vie, pour découvrir la foi ; nous en avons besoin nous aussi, les croyants, pour raviver notre foi », a souligné le prédicateur capucin en invitant à profiter de Noël pour vivre « un sursaut de foi ».
« Celui qui vit vraiment Noël, c'est celui qui est capable, aujourd'hui, plusieurs siècles après, de faire ce qu'il aurait fait s'il avait été présent ce jour-là. Celui qui fait ce que Marie nous a enseigné : qui s'agenouille, adore et se tait ! » a-t-il conclu.
Gisèle Plantec
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