M. Werner Arber, généticien, professeur de microbiologie au Biozentrum de l’Université de Bâle, président de l'Académie pontificale des sciences, était en effet invité spécial du synode des évêques, le 12 octobre 2012 après-midi, pour la huitième congrégation générale. Il est intervenu sur le thème “Réflexion sur les relations entre les sciences et la foi religieuse”.
Jésus, favorable à la science
« Si Jésus Christ vivait aujourd’hui parmi nous, il serait favorable à l’application d’un solide savoir scientifique pour le bien à long-terme des hommes et de leur environnement naturel », déclare le professeur, à la condition « que ces applications continuent à respecter les lois importantes et pertinentes de la nature », précise-t-il.
En ce sens, M. Arber salue les progrès « de la génomique, de la protéomique et de la métabolomique », qui permettent de « s’acheminer vers une alimentation saine », et vers des « progrès médicaux », et d’améliorer par exemple « la récolte des plantes alimentaires les plus fréquemment utilisées ».
Cela pourrait donc « diminuer les problèmes de dénutrition et de faim » dans les populations des pays en voie de développement, fait-il observer.
Ainsi, « toutes les activités qui se basent sur la connaissance scientifique disponible qui pourra être utile pour un développement culturel durable » sont dignes d’intérêts.
C’est dans ce cadre que l’Académie Pontificale des Sciences accomplit sa mission en « suivant d’un oeil critique le développement des recherches scientifiques et les projets d’application des connaissances acquises » et en offrant des « suggestions importantes en faveur d’un développement sûr, responsable et durable », précise-t-il.
La Genèse : cohérence entre foi et science
M. Arber constate cependant que « les sciences sont bien loin de pouvoir trouver des réponses pertinentes à toutes les questions posées », c’est pourquoi les croyances ont aussi une place « essentielle » dans ce qu’il appelle le « savoir d’orientation », qui sert de guide aux activités humaines.
Le savoir d’orientation comprend également « certaines règles fermes de conduite » pour la vie sociale. Les lois servent d’ailleurs à garantir le respect de ces règles, mais leur rôle est « facilité » si les principes des règles sont « ancrés aussi dans la foi religieuse », ajoute le scientifique.
Ainsi, foi et science sont en perpétuel dialogue, exprimé d’ailleurs dans la Genèse, fait observer M. Arber : selon lui, ce livre reflète « une grande correspondance entre la foi religieuse et les connaissances scientifiques disponibles à l’époque ».
Le récit propose en effet « une séquence logique d’événements dans lesquels la création de la planète Terre pourrait avoir été suivie par la constitution des conditions pour la vie. Les plantes sont ensuite arrivées, ce qui a fourni dans un deuxième temps de la nourriture pour les animaux, avant que ne soient finalement introduits les êtres humains ».
De même, les personnes décrites « avaient leurs caractéristiques personnelles, elles ne représentaient donc pas des clones d’Adam et Ève », ce qui signifie que « les auteurs étaient conscients des variantes génétiques », poursuit-il.
Pour le scientifique, il s’agit clairement d’un « récit logique sur une origine possible de l’évolution des choses selon des événements imaginés qui menaient à la nature telle que l’observaient les populations antiques ».
Il voit donc dans la genèse « une bonne cohérence entre la foi religieuse des origines et la connaissance scientifique des développements selon l’évolution ».
C’est aujourd’hui un « devoir » de « conserver – et de rétablir si nécessaire – cette cohérence sur la base de la plus grande connaissance scientifique de notre époque », car « la connaissance scientifique et la foi sont et doivent rester des éléments complémentaires du savoir d’orientation », conclut-il.
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