« Les pères expriment leur inquiétude et celle du peuple libanais face à la paralysie politique qui affecte les institutions constitutionnelles en raison des divisions verticales extrêmes de la classe politique, partagée entre deux fronts opposés et contradictoires, essayant chacun de monopoliser le pouvoir de décision politique et d’imposer son point de vue au camp opposé ainsi qu’à l’ensemble de la société libanaise », a déploré le Conseil des évêques maronites dans le communiqué qu’il a fait paraître au terme de la réunion.
Ces divisions, souligne encore le texte, « entravent toute entente sur des décisions communes portant sur des dossiers importants, d’où le fait que l’État se trouve dans l’incapacité d’assumer ses obligations les plus élémentaires vis-à-vis de la population ». « Celle-ci a le sentiment que son sort est livré au gré des événements, des intérêts privés et de la corruption qui s’étend », s’indignent les évêques, qui ont ensuite estimé que « cette situation dangereuse doit pousser l’ensemble des responsables à se retrouver pour une réunion de franche explication autour de la table de dialogue ».
Dans le même ordre d’idées, les prélats ont également appelé à la mise en place d’un nouveau gouvernement « efficace et capable d’assurer la stabilité aux plans économique, social et de la sécurité, et de prémunir le Liban contre les conséquences des guerres qui se déroulent autour de lui, en préservant sa neutralité par rapport aux conflits des axes régionaux et internationaux ». Parallèlement, les évêques ont plaidé en faveur de l’élaboration d’une nouvelle loi électorale « juste et assurant une représentation authentique de toutes les parties libanaises, sur base de la parité prévue par la Constitution ». Ils ont ensuite appelé à l’organisation du scrutin « dans les délais les plus brefs, pour préserver la pratique démocratique, l’alternance au pouvoir et le renouvellement de l’élite politique ».
Le Conseil des évêques s’est par ailleurs arrêté sur la situation au plan de la sécurité dans le pays et a déploré les incidents itinérants ainsi que la campagne de dénigrement menée contre l’armée. Il a rendu un vibrant hommage aux forces régulières « qui font face à ces incidents », avant de stigmatiser toute attaque visant les forces de l’ordre et d’inviter l’ensemble des responsables et la population à « respecter l’armée ainsi que tous les services de sécurité, à leur faire confiance et à les soutenir par tous les moyens possibles ».
Durant leur réunion, les évêques ont par ailleurs abordé le dossier des réfugiés syriens. S’ils ont considéré que « la solidarité avec les personnes déplacées syriennes et palestiniennes de Syrie représente un devoir national », ils ont dans le même temps souligné que « l’absence d’une organisation officielle de la présence massive de réfugiés constitue une négligence flagrante qui dessert aussi bien ces derniers que le Liban ». Et d’expliquer que « ce manque d’organisation risque d’ébranler la sécurité du Liban et de pousser ces gens, faute de services appropriés, à exercer des métiers sans permis, instituant ainsi une concurrence déloyale à la main-d’œuvre libanaise ». « Le nombre de crimes et d’actes hors la loi risque d’augmenter ce qui peut donner aux bailleurs de fonds un prétexte pour retarder ou réduire leur aide aux réfugiés syriens », ont également souligné les prélats.
Loin de la politique, les évêques maronites ont examiné le dossier de la réhabilitation de la Vallée Sainte, placée sur la liste du patrimoine international de l’Unesco. « Le comité patriarcal concerné œuvre ainsi, en coordination avec la direction de l’Unesco à Paris, le ministère de la Culture et la Direction générale des antiquités, à réaménager la route menant aux sites archéologiques de la Vallée, notamment au siège patriarcal de Qannoubine, et à préserver son patrimoine historique à travers la restauration des couvents, des ermitages et de certaines habitations, tout en y dynamisant l’esprit spirituel », souligne le communiqué.
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