Tout en rappelant sa «responsabilité» dans le dialogue œcuménique, le patriarche Bartholomée Ier a affirmé que le dialogue avait «quelque chose de sacré».
Le 20 août dernier, le patriarche œcuménique de Constantinople a reçu le titre de docteur « honoris causa » à l'Université catholique « Jean-Paul II » de Lublin en Pologne. Durant la cérémonie, il a prononcé un discours sur le thème de « L'impératif du dialogue interreligieux dans le monde moderne » dont L'Osservatore Romano a publié de larges extraits.
Dans son discours, le patriarche orthodoxe a rappelé la responsabilité des représentants religieux : « Leur intégrité joue un rôle vital dans le processus de dialogue ».
« A la moitié du 14e siècle, saint Grégoire Palamas, archevêque de Tessalonique, s'engagea dans des débats théologiques avec d'importants représentants de l'islam », a-t-il raconté. « L'un d'entre eux souhaita l'avènement d'un temps où la compréhension réciproque aurait été le signe distinctif des disciples des deux religions. Saint Grégoire acquiesça, observant qu'un jour cette époque arriverait ».
« Aujourd'hui, nous désirons avec humilité que ce temps soit le nôtre », a-t-il ajouté. « Aujourd'hui plus que jamais, c'est le temps du dialogue ».
Néanmoins, le patriarche Bartholomée Ier a rappelé que le dialogue ne s'engageait pas sans risques. « Il y a toujours un risque de s'approcher d'une autre personne, d'une autre culture et d'un autre credo. On ne sait jamais à quoi s'attendre : l'autre sera-t-il suspicieux ? Pensera-t-il que je veux lui imposer mon credo et mon style de vie ? (…) Quel est le terrain commun sur la base duquel nous pouvons dialoguer ? Et quels seront les résultats du dialogue ? Nous nous posons ces questions quand nous tentons le dialogue ».
« Souvenons-nous malgré tout que si l'esprit et le cœur s'ouvrent à la possibilité du dialogue, il se passe quelque chose de sacré », a-t-il insisté. « Nous reconnaissons donc que les bénéfices du dialogue dépassent les risques ». « Nous sommes convaincus que, malgré les différences culturelles, religieuses et raciales, nous sommes aujourd'hui plus proches que tout ce que nous aurions pu imaginer ».
La responsabilité du patriarche oecuménique
Bartholomée Ier a également évoqué son rôle et sa « responsabilité œcuménique » : le patriarche de Constantinople se trouvant « au carrefour de continents, civilisations et cultures, il a toujours été un pont entre chrétiens, musulmans et juifs ».
Il a également rappelé les « aspects les plus importants de ce dialogue », comme la rencontre en 1964 du patriarche œcuménique Athénagoras avec le pape Paul VI, « qui porta à la suppression réciproque des anathèmes lancés à partir de 1054 » et la rencontre entre Jean-Paul II et le patriarche Dimitrios Ier, en 1979, qui conduisit à l'annonce d'un dialogue théologique entre les deux Eglises.
Le patriarche a enfin évoqué la visite de Benoît XVI en Turquie en 2006, qui mena « à un renouvellement de l'engagement pour le dialogue ».
Toutefois, a-t-il précisé, « nous n'avons jamais limité ces engagements aux confessions chrétiennes ». Et de rappeler le dialogue entretenu depuis 1977 avec la communauté juive et depuis 1986 avec la communauté islamique.
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