Le dialogue interreligieux au Sri Lanka se poursuit, malgré les difficultés, à travers deux organismes permanents : le Congrès des religions et le Conseil interreligieux pour la paix, qui regroupent des chrétiens, des bouddhistes, des hindouistes et des musulmans.
Mgr Mario Zenari, archevêque et nonce apostolique au Sri Lanka a souligné dans un entretien à L'Osservatore Romano que « dans la situation difficile dans laquelle se trouve actuellement la nation, et aussi à cause du conflit entre les rebelles Tamil et les forces gouvernementales, ces deux organismes sont le fruit d'une grâce divine qui a voulu faire briller la lumière dans les ténèbres ».
Malgré la trêve signée le 23 février 2002, le conflit qui sévit dans le nord et l'est de l'île a fait jusqu'à présent 70.000 morts.
Toutefois, a-t-il précisé, « le dialogue entre les communautés religieuses, surtout entre chrétiens et bouddhistes, n'a jamais été interrompu, dans la mesure où il est basé sur un respect réciproque qui dure depuis des siècles ».
Le nonce a expliqué que les organismes se réunissent de façon périodique pour affronter les questions qui se posent, au niveau national. « Mais à un niveau plus local, les initiatives concrètes ne manquent pas non plus », a-t-il ajouté.
A ce propos, l'archevêque a cité l'exemple du diocèse de Trincomalee-Batticaloa, où œuvre un petit conseil interreligieux très actif qui intervient « non seulement sur le plan religieux mais aussi pour tenter d'apaiser le conflit au nord du pays ».
Au Sri Lanka, 70% de la population est bouddhiste. Les chrétiens représentent 7% de la population, les hindous, 15%, les musulmans, 8%.
Le nonce a expliqué que les bouddhistes respectent les chrétiens, en particulier pour « leur travail d'assistance pour leur approche fraternelle de la population ».
La communauté catholique a contribué à l'ouverture de nombreuses écoles professionnelles pour aider les jeunes à s'intégrer dans le milieu du travail.
Par ailleurs, à travers la Caritas ainsi que d'autres organismes, l'Eglise locale a joué un rôle fondamental pour garantir le soutien nécessaire à la population souffrante, surtout pendant la période de la reconstruction.
Le problème de base, a expliqué le nonce, est la prolifération des sectes qui s'infiltrent massivement, surtout dans les villages les plus pauvres.
Mgr Zenari a précisé que « les sectes possèdent énormément d'argent et utilisent la pauvreté et les besoins des gens pour multiplier les adeptes ».
Il a ajouté que le pays tente de faire approuver une loi contre le prosélytisme mais celle-ci « ferait également tort à la communauté chrétienne ».
Il a précisé que souvent, surtout dans les régions les plus reculées du pays, loin des grandes villes, « les chrétiens sont accusés de faire du prosélytisme, mis sur le même plan qu'une secte, et cela crée des difficultés avec les bouddhistes ».
« Il suffit de la simple construction d'une école dans un village, a-t-il expliqué, pour faire naître les soupçons du moine bouddhiste qui guide la communauté, et favoriser un climat d'intolérance ».
Mgr Zenari a souligné que dans les grandes villes, où le niveau intellectuel est plus élevé et où il existe une plus grande ouverture d'esprit, ces problèmes se font moins sentir et le dialogue est plus facile.
ROME, Vendredi 22 août 2008 (ZENIT.org)