dans d’éventuels faits de corruption. Le géant du BTP a assigné en urgence le journal satirique pour diffamation et réclame pas moins de 9 millions d’euros.
L’assignation vise Le Canard, son directeur de la publication, Michel Gaillard, et deux de ses journalistes, Hervé Liffran et Christophe Nobili. L’affaire sera plaidée sur le fond le 18 janvier 2012.
"Le groupe Bouygues semble avoir perdu le sens de la mesure. Sans nous exprimer sur le fond de l’affaire, nous ne pouvons que dénoncer le montant réclamé – 9 millions d’euros ! Que cherche l’entreprise ? La mort du journal ?, s’interroge Reporters sans frontières. La volonté d’intimidation contre la presse est manifeste. Bouygues vise à dissuader les journaux de reprendre l’information l’incriminant."
Dans son édition du 7 décembre 2011, Le Canard enchaîné avait révélé qu’une information judiciaire pour corruption et trafic d’influence était ouverte, depuis février 2011, portant sur l’attribution au groupe Bouygues du futur chantier du ministère de la Défense, d’un coût total de 3,5 milliards d’euros. Le groupe de BTP a dénoncé de "fausses accusations, qui lui portent considérablement préjudice".
Contacté par Reporters sans frontières, Louis-Marie Horeau, rédacteur en chef adjoint du Canard enchaîné a déclaré : "Cette somme extravagante montre que Monsieur Bouygues a eu un coup de chaud ou qu’il n’a aucune notion de l’argent, comme Madame Bettencourt. Nous ne sommes pas inquiets, les tribunaux n’allouent jamais des amendes pareilles pour dommages et intérêts."
"Cette demande est faite pour intimider Le Canard et les canards, c’est-à-dire ceux qui ont repris cette information. Elle a été relayée par les journaux et la presse internationale. Une audience est prévue le 18 janvier, nous allons présenter une offre de preuves en mobilisant tous les documents et témoignages pour établir la vérité."