et citée par l’Evangile de saint Jean. Elle tire en effet son origine de l’événement qui a marqué la restauration du Temple de Jérusalem par les frères Maccabées, comme le rapportent les livres bibliques des Maccabées.
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Profanation et restauration du Temple
Nous sommes au deuxième siècle avant notre ère. La Judée, qui avait été conquise par Alexandre le Grand, est aux mains des Séleucides. Le roi de Syrie Antiochus IV Épiphane interdit alors l’étude de la Torah, la pratique de la circoncision et le respect du shabbat. Il profane également le temple de Jérusalem pour le dédier à Zeus olympien. Nombreux sont alors les juifs qui prennent des noms grecs ou se marient avec des non-juives. Cette tendance se retrouve aussi parmi le clergé où des prêtres se font les complices de l’occupant pour piller le trésor du Temple. C’est de Modine, un petit village de Judée, que le Grand-Prêtre Mattathias refusant l’assimilation du peuple juif va lancer la révolte. Suivi par ses cinq fils dont Judah, qui sera un temps le chef militaire, la rébellion va se propager à travers toute la Judée. Les Syriens envoient des armées de plus en plus nombreuses et puissantes, mais ils sont à chaque fois défaits par les Maccabées (surnom de Judas fils de Mattatias, appliqué aussi aux chefs de la révolte puis aux 7 frères martyrs, dont parle le 2° livre des Maccabées), qui gagnent de plus en plus de terrain.
En l’an 164 avant JC, ceux-ci pénètrent dans Jérusalem. Ils trouvent le Temple souillé, saccagé et pillé. Ils le nettoient et le restaurent. Le 25 du mois de Kislev, ils inaugurent le Temple réhabilité. (Le mot Hanoucca vient de la racine « HNK » qui signifie « dédier », ou « consacrer »). Mais lorsqu’ils veulent allumer la Menora (chandelier à sept branches), ils ne trouvent qu’une petite fiole d’huile d’olive pure portant le sceau du Grand-Prêtre. Elle est juste suffisante pour brûler un jour, alors qu’il en faut huit pour fabriquer une huile pure, conforme. Et là, miracle, la Menora brûle huit jours, sans s’éteindre.
Le miracle de la lumière de Hanoucca
Ce miracle est célébré et remis à l’honneur tous les ans par le peuple juif à Hanoucca. Nous trouvons en partie relatée cette histoire dans les Livres des Maccabées, livres écrits en grec et ne faisant donc pas partie du canon hébraïque. Et Marc-Alain Ouaknin fait remarquer qu’« Il est intéressant de noter que toutes les sources de l’histoire de Hanoucca sont en grec. Ainsi la mémoire juive est-elle transmise par une autre langue que l’hébreu, à travers un autre espace culturel. C’est peut-être là aussi un des enseignements de Hanoucca. La lumière n’est possible qu’à travers le dialogue entre les cultures et non pas dans le rejet, comme pourrait le laisser penser l’histoire lue avec candeur et naïveté. Les lumières de Hanoukka sont comme des mains de lumières tendues pour le dialogue et la paix. » (M.-A. Ouaknin, Symboles du Judaïsme, éd. Assouline, p. 79).
La dédicace et l’institution de la fête sont racontées par deux autres sources : l’historien Flavius Josèphe et le Talmud. Le Talmud rapporte ce qui est le fondement du rituel propre à la fête : « Quand les idolâtres étaient entrés dans le temple, ils avaient profané toute l’huile. Il ne restait plus qu’une jarre d’huile portant le sceau du grand-prêtre (…). La quantité d’huile qui s’y trouvait n’était suffisante que pour l’allumage d’une seule journée. Un miracle se produisit : cette huile dura en fait pendant huit jours. »
Aujourd’hui, l’essentiel du rituel consiste dans l’allumage des lumières de Hanoucca, bougies ou lampes à huile. On en allume une le premier soir, deux le second et ainsi de suite jusqu’à huit. La hanoukkia, la lampe de Hanoucca comporte neuf lumières, la neuvième, le shamash, devant servir à allumer les autres. Elle doit être placée dans chaque maison dans un endroit visible de l’extérieur, près d’une fenêtre, ou même à l’extérieur de la maison, si elle est protégée du vent. On ne doit pas l’utiliser pour s’éclairer : elle doit donner sa lumière de façon purement gratuite et non utilitaire…
La gratuité et la confiance en Dieu
La fête de Hanoucca ne rappelle que de façon allusive les prouesses militaires des Maccabées, sans doute à cause du souvenir ambigu que ces derniers ont laissé dans la tradition d’Israël. La liturgie de ce jour célèbre surtout « les miracles qu’Il a faits pour nos pères, en ces jours et en ce temps-là », il s’agit essentiellement du miracle de l’huile qui a brûlé pendant les huit jours de la dédicace, de la victoire de la lumière sur l’obscurité…
On trouve une allusion à la fête de Hanoucca dans l’Évangile de Jean « On célébrait alors à Jérusalem la fête de la dédicace. C’était l’hiver. » (Jn 10,22).
D’autres coutumes sont également liées à cette fête : jouer à la toupie (où sont gravées certaines lettres hébraïques), donner de l’argent aux enfants et manger des aliments frits dans l’huile comme des beignets ou les latkès (beignets de pomme de terre). Le chant le plus populaire de Hanoucca est : "Maoz Tsour" (Rocher puissant). Ce poème liturgique aurait été écrit au milieu du 13° siècle, au temps des Croisades. Il chante la confiance que l'homme d'Israël doit établir en Dieu à l'heure de l'épreuve.
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