Le P. Federico Lombardi, s.j., directeur de la salle de presse du Saint-Siège, de Radio Vatican, et du Centre de télévision du Vatican, est intervenu dans le cadre du colloque international des jésuites sur l’instruction secondaire (ICJSE), à Boston, aux Etats-Unis, ce mardi 31 juillet 2012, en la fête de saint Ignace de Loyola.
La rencontre a lieu du 29 juillet au 2 août 2012 et rassemble tous les responsables d’établissements secondaires jésuites du monde, pour la première fois de l’histoire. Le colloque a pour but de se confronter aux défis communs, et de réfléchir sur la mission et l’identité des jésuites, particulièrement dans le domaine de l’éducation.
Le P. Lombardi est intervenu sur le thème « Rester fidèles à la mission des jésuites dans nos écoles ».
Tirer parti de l’interactivité de la toile
Le directeur de Radio Vatican se préoccupe en particulier de la nécessité d’investir les nouvelles technologies de la communication : « les jeunes naissent, grandissent et vivent dans cette culture et les éducateurs doivent les y accompagner », déclare-t-il.
C’est pourquoi il invite à ne pas « rejeter cette culture », mais à « chercher comment y vivre, exploitant ses potentiels positifs et évitant ses risques ».
Le P. Lombardi met notamment en garde contre « la multiplication sans fin des contacts sur Internet » qui peut conduire « à l’illusion d’avoir de nombreux amis » alors que les relations y sont « souvent superficielles », ne conduisant pas « à un échange personnel d’expériences de vie, qui seul peut enrichir ».
La mission de l’éducateur en ce sens est d’« éduquer à des relations humaines profondes et significatives », en faisant évoluer le jeune de simple « connexion », à l’expérience de « communion », qui est « amitié authentique, solidarité concrète ».
En effet, « Internet bien utilisé offre d’importantes possibilités de dialogue entre des personnes de différents pays, cultures, religions et milieux », c’est donc « un espace pour former la compréhension et la tolérance », affirme le P. Lombardi.
Le directeur de Radio Vatican suggère la mise en place d’un « réseau réel de relations » entre les écoles jésuites.
Il aborde également la question de la formation à la vie intérieure, dans un monde où Internet semble « raréfier les moments de réflexion, contemplation et silence intérieur », et donc empêcher « les plus profondes questions sur le sens de la vie ».
En réalité, il ne faut pas s’y arrêter : « Il n’est pas vrai que les personnes soient obligées de sauter continuellement d’une nouvelle à une autre sur Internet, ni qu’elles n’ont pas la possibilité de devenir plus profondément impliquées ».
Au contraire, l’aspect « interactif » des communications sur la toile rejoint les exercices spirituels de saint Ignace, fait observer le P. Lombardi : les exercices ne sont pas en effet une « contemplation passive », ils sont « interactifs », ils obligent à « s’impliquer personnellement dans les épisodes de l’Evangile, à parler aux personnages, à réagir ».
Pour le P. Lombardi, cet héritage qu’ont reçu les jésuites peut « aider à accompagner la "vie sur la toile" des jeunes d’aujourd’hui ».
Le P. Lombardi donne également l’exemple d’une communauté de consacrés qui mettent en ligne des ressources pour « aider les jeunes à discerner et à réfléchir sur les questions liées au sens de la vie, sur la base d’expériences concrètes et de questions auxquelles ils font face tous les jours, de façon très informelle et pas du tout catéchétique ».
Trois paroles de Benoît XVI
La mission des jésuites fait partie de celle de l’Eglise, rappelle le porte-parole du Saint-Siège, évoquant trois thèmes incontournables dont parle fréquemment Benoît XVI.
Le P. Lombardi mentionne d’abord la nécessité de la « nouvelle évangélisation » : il n’existe plus aujourd’hui de culture et de formation chrétiennes chez les jeunes, constate-t-il, surtout là où la sécularisation avance rapidement.
Dans ce contexte, le service des jésuites peut « instiller les principes de la foi et de la vie chrétienne chez les jeunes », souligne-t-il.
Le deuxième thème est « l’urgence de l’éducation », dans une société où les parents et éducateurs sont parfois découragés devant leurs difficultés, explique le P. Lombardi. En cause ? Le « relativisme », la mentalité qui « conduit les personnes à douter de la valeur de l’être humain, du sens de la vérité et du bien, et finalement de la bonté de la vie ».
Il s’agit dans cette éducation de former des jeunes équilibrés entre « discipline et liberté ».
Enfin, le troisième thème est l’alliance entre « foi et raison » : le pouvoir de la raison humaine a créé "l’illusion qu’il peut résoudre tous les problèmes tout seul, sans source de régulation".
Il est « vital » d’aider à comprendre que « la foi chrétienne n’est pas l’adversaire de la raison », insiste le P. Lombardi, elle est « son amie et alliée ».
La foi et la raison « ont besoin l’une de l’autre pour l’équilibre de l’être humain », poursuit-il. En cela, « le dialogue entre foi et sciences, foi et art, foi et culture » est un des grands impératifs de l’éducation.
En conclusion, le P. Lombardi appelle à « travailler ensemble pour la mission » : « rien de cette mission n’est la propriété exclusive des jésuites, rien qui ne puisse être vécu et partagé par d’autres qui en sentiraient l’appel ».
Le P. Lombardi confie par ailleurs qu’un des « plus beaux moments » de ces années passées auprès du pape, a été pour lui la connexion satellite entre Benoît XVI et 12 astronautes de la Station spatiale internationale en mai 2011 (cf. Zenit du 23 mai 2011).
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