de vendredi dernier, 11 octobre (cf. Zenit du 11 octobre 2013). Mais il en avait parlé auparavant à plusieurs reprises, notamment dans sa première homélie du 14 mars (cf. Zenit du 14 mars 2013).
Le père franciscain Matteo La Grua (1914-2012) fut un exorciste de renommée internationale. Sa très longue vie a été marquée par tant de vertus et charismes spéciaux, notamment des talents thaumaturgiques.
Les quarante dernières années de sa vie, Père Matteo les a passées à la tête de groupes palermitains du Renouveau dans l’Esprit Saint. Le P. Gabriele Amorth dit de lui: « Il n’y a jamais eu d’exorciste aussi puissant ».
Quelques mois avant de mourir, à un âge très avancé et malade mais très lucide, le P. La Grua a confié à la journaliste Roberta Ruscica la tâche de réaliser un livre entretien avec lui. Une sorte de testament spirituel, qu’il souhaitait fortement, dans lequel l’exorciste parle de son activité et exhorte prêtres et laïcs à ne jamais céder dans la bataille contre le malin.
Cela a donné le livre "Contro Satana. La mia lotta per vincere le potenze delle tenebre" (Piemme, 2013) – en français : "Contre Satan". Ma lutte pour vaincre le pouvoir des ténèbres – . Sur les contenus du livre, Zenit a rencontré Roberta Ruscica. Voici la prmeière partie dans notre traduction de l'italien.
Zenit – Le Père Matteo La Grua s’est éteint presque centenaire en janvier 2012. Pour quelle raison, si proche de la fin, il a senti cette exigence d’être interviewé non avec un simple article mais avec un livre de plus de 200 pages?
Roberta Ruscica – cette aventure a commencé le matin où j’ai frappé à la porte de sa secrétaire. Ou mieux à celle du laboratoire des miracles, car les guérisons – et pas seulement spirituelles – qui s’y vérifient encore aujourd’hui sont incalculables. Ce jour-là je me suis présentée comme une journaliste qui voulait relever l’énième « défi », car le frère della Noce « jetait dehors » les chroniqueurs curieux et fastidieux … A moi il ouvrit la porte de son cénacle, puis celle de son cœur. Père Matteo n’a pas choisi une journaliste, mais une fille qui se laisse guider par cette Porte étroite que fut son ministère.
Les frères conventuels et tant de prêtres ont déclaré que le livre entretien publié par les éditions Piemme est son testament. Lui, il m’a dit: « à 97 ans, j’ai compris que le moment du silence est terminé. Il me reste un filet de voix pour parler de ma pauvre vie de frère ». Père Matteo a laissé un « outil » capable d’arriver au cœur de ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit.
Un exorciste est principalement un homme de Dieu, qui a la fonction de rétablir Sa grâce et de défier le pouvoir des ténèbres:c'était le cas du Père Matteo?
Le Père Matteo ne voulait pas apparaître comme un exorciste connu pour ses délivrances. Il fuyait la presse ou les salons. Pourtant à la porte du couvent, frappaient des personnages célèbres du monde du spectacle, voire aussi la plus importante noblesse européenne ou des juges, des hommes des forces de l’ordre. Tous accouraient dans le plus grand secret.
Il m’expliqua: « Avant j’accueillais le pauvre, Puis le riche qui venait à moi pour demander une bénédiction, mais ne voulait pas être délivré. Beaucoup préféraient rester au service de Satan ».
Indubitablement le cénacle della Noce, un des quartiers les plus miséreux de Palerme, pouvait se transformer en un lieu de grand pèlerinage. Mais père Matteo a toujours mis à la première place trois précieuses perles: la pauvreté, l’humilité et l’accueil. Il me confia un morceau de papier, où il avait écrit: « Je suis un simple serviteur de l’Eglise ». Il était toujours sévère à l’égard de ses confrères: « S’ils s’efforçaient de faire de vrais exorcismes, ceux qui existent pourraient suffire. Un exorcisme peut coûter la vie. En dehors de Dieu, il n’y a rien d’autre ». Le morbide et la spectacularisation, ça ne marche pas avec une mission aussi délicate. Père Matteo soutenait que : « La délivrance est un don de Dieu, Dieu seul peut libérer : quand et comment il veut. Si Satan est puissant, Dieu est tout puissant. Le Seigneur peut libérer aussi sans l’intervention d’intermédiaires humains ».
Dans la première partie du livre, vous racontez que cette rencontre avec père Matteo a en quelque sorte changé votre vie et qu’elle a été pour vous une sorte de mission et d’appel. Comment cela ?
Il n’y avait pas de secrets avec Père Matteo. Il lisait votre âme. Il m’exhorta: « Vous êtes une bonne journaliste. Vous écrivez bien. Mais vous ne devez pas vous laisser guider par votre cœur, mais par votre esprit ». Voilà, il s’est servi de mon cœur. Comme je dis toujours: « Il a utilisé le Manuel d’Amour ». Quand père Matteo fut convaincu que je ne cherchais ni un avantage économique ni un succès personnel, quand j’eus décidé d’abandonner le champ, il se mit à l’ouvrage. Et je me laissai transporter par le lent fleuve de son Amour. Ma vie est une autre vie. Si votre cœur est plein de rancœur, il est impossible d’affronter les questions spirituelles. J’ai reçu un grand cadeau : pardonner ceux qui m’ont rendue malheureuse. Je ne cache pas que j’ai du surmonter tant d’écueils pour arriver à publier Contro Satana : désaccords, pièges, incompréhensions, calomnies, racontars … l’Ennemi m’a mis contre tous et contre tout. Comme m’a dit Père Matteo lors de notre dernier coup de fil: « Il n’y a que toi et moi … Les autres ne comptent pas ».
Avant cette expérience – à la fois professionnelle et fortement spirituelle – quelle était votre attitude vis-à-vis des exorcistes et envers l’Église en général ?
Quant le directeur m’a dit : « Tu dois interviewer un exorciste ». Je lui ai répondu: « Mais vous plaisantez. Plutôt interviewer un boss de Cosa Nostra ». A l’époque, je pensais qu’un exorciste était un sorcier. Aujourd’hui beaucoup de prêtres qui combattent les forces du Mal, sont mes meilleurs amis. L’Eglise a toujours été « mon chez moi ». Ou mieux une douce Mère qui accueille ses enfants. Jai eu la chance de grandir dans une famille catholique, dans un groupe scout qui était suivi par un prêtre sévère, mais paternel. J’ai rencontré un frère merveilleux comme le père Giulio Savoldi. A ce propos je voudrais faire un appel: il faut valoriser la grande mission des exorcistes. Le livre Contro Satana est un bon viatique. On m’a dit que beaucoup de prêtres le suggèrent dans le secret de la confession. Mon grand « rêve » est d’offrir une copie de ce livre au pape François.
Vivant et exerçant son ministère à Palerme, le père Matteo s’est heurté à la réalité de la mafia. Jadis, vous aussi, vous vous intéressiez à cette question, comme journaliste d’investigation et chroniqueuse judiciaire. Pensez-vous que cette « coïncidence » fait partie d’un plan divin ?
Oui sûrement. Ma rencontre avec ce « saint » frère s’inscrit dans un plan divin. La publication de son livre – entretien aussi. Je ne l’ai jamais dit publiquement – après avoir réalisé un grand nombre de reportages exclusifs pour les revues Sette et Io Donna – mais j’ai reçu une menace de la mafia. Beaucoup de mes confrères ont bâti leur carrière sur des menaces. Moi au contraire je n’ai eu que des obstacles, car ils ne m’ont pas permis de travailler. Ma seule arme est le Saint Rosaire, la sainte Messe, que je n’ai jamais négligée, même durant les périodes les plus sombres. Je remercie les monsignori qui m’ont été si proches par la prière. Et j’ai un très beau souvenir: avant de s'envoler au ciel, Mgr Alessandro Maggiolini m’appela et me dit: « Je prierai pour toi ».
Quelle conclusion peut-on tirer après avoir lu votre livre-entretien? Comment pouvons-nous vaincre la force des ténèbres, nous qui ne sommes pas des exorcistes et sommes de pauvres pécheurs ?
Contro Satana est un livre d’espérance. Les pages qui racontent des épisodes de guérisons sont imprégnées d’Amour, celui de la Vierge Marie, la seule Femme que Père Matteo ait aimé. On peut combattre la bonne bataille en restant ancrés à Dieu. Et dans cet entretien nous expliquons comment ce « miracle » se réalise. La peur s’empare de ceux qui se laissent attirer dans les tentacules du Malin. Père Matteo nous enseigne que « la vie n’est pas rose », que « la vie est poésie ».
Traduction d'Océane Le Gall
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