une invitation à l’engagement des catholiques en politique et la construction du « bien commun », en affirmant aussi que «la foi n’est pas aliénation » et la « légitime laïcité de l’Etat ».
Sur les pas de Jean-Paul II
Le pape s’est en effet rendu ce jeudi après-midi, à 17 h 30, à la basilique Sainte-Marie Majeure, pour prier les mystères lumineux du rosaire avec les évêques italiens – qui tiennent leur assemblée générale à Rome -. Le pape a accueilli favorablement l’invitation du président de la conférence épiscopale italienne (CEI), le cardinalAngelo Bagnasco. Des rencontres semblables ont préparé l’événement dans les diocèses, a souligné le pape. L’icône de Marie « Salut du Peuple Romain »,vénérée en cette basilique, a comme présidé elle-même la prière du chapelet et des litanies, qui ont notamment invoqué la Vierge comme « Reine de la famille ».
Evoquant cette « première » basilique d’Occident dédiée à la Vierge « Mère de Dieu », le pape a aussi mentionné l’ouverture de la Porte sainte, en l’an 2000, par Jean-Paul II qui a alors « confié l’année jubilaire à Marie, pour qu’elle veille sur le chemin de ceux qui se reconnaissaient comme des pèlerins de grâce et de miséricorde ».
« Aujourd’hui, a ajouté le pape, nous-mêmes, nous n’hésitons pas à nous considérer comme tels, désireux de franchir le seuil de cette « Porte » très sainte, qui est le Christ, et nous voulons demander à la Vierge Marie de soutenir notre marche et d’intercéder pour nous ».
A tous, le pape a rappelé que « la foi n’est pas aliénation : ce sont d’autres expériences qui polluent la dignité de l’homme et la qualité de la coexistence sociale ».
A propos de l’Eglise italienne et de ses rapports à l’Etat, le pape a fait observer : « L’Italie a raison, en célébrant les 150 ans de son unité politique, de s’enorgueillir de la présence et de l’action de l’Eglise. Celle-ci ne recherche pas de privilèges et elle n’entend pas se substituer aux responsabilités des institutions politiques ; respectueuse de la légitime laïcité de l’Etat, elle est attentive à soutenir les droits de l’homme fondamentaux ».
Un soutien réel aux familles
Le pape réaffirme l’importance des « instances éthiques » et « donc de l’ouverture à la transcendance, qui constituent des valeurs préalables à toute juridictions de l’Etat, parce qu’inscrits dans la nature même de la personne humaine ».
Benoît XVI a souligné par conséquent le rôle spécifique de l’Eglise. L’Eglise, a-t-il dit, « continue à offrir sa contribution à la construction du bien commun, rappelant chacun au devoir de promouvoir et de protéger la vie humaine à tous ses stades et de soutenir effectivement la famille ».
« Celle-ci demeure en effet, a-t-il ajouté, la première réalité dans laquelle des personnes libres et responsables peuvent grandir, formées à ces valeurs profondes qui ouvrent à la fraternité et qui permettent d’affronter aussi les adversités de la vie ».
Mais le pape a également mentionné l’importance de l’emploi en lançant cet appel : « je m’unis à ceux qui demandent à la politique et au monde de l’entreprise de faire tous les efforts possibles pour surmonter la diffuse précarité de l’emploi qui compromet chez les jeunes la sérénité d’un projet de vie familial, avec un grave dommage pour le développement authentique et harmonieux de la société ».
Le pape a invité les évêques à encourager l’engagement des laïcs en politique, des « initiatives de formation inspirées par l’enseignement de l’Eglise, afin que qui est appelé à des responsabilités politiques et administratives ne soit pas victime de la tentation d’exploiter sa position pour des intérêts personnels ou par soif de pouvoir ».
Le Nord et le Mezzogiorno
Il a spécialement appelé à un échange réciproque entre le Nord et le Sud de la péninsule : « Aidez le Nord à retrouver les motivations originaires de ce vaste mouvement coopératif d’inspiration chrétienne qui a animé une culture de la solidarité et du développement économique. (…) Provoquez le Sud à mettre en cercle, au bénéfice de tous, les ressources et les qualités dont chacun dispose et des traits d’accueil, et d’hospitalité qui me caractérisent ».
« Continuez à cultiver un esprit de collaboration sincère et loyale avec l’Etat en sachant que cette relation est bienfaisante à la fois pour l’Eglise et pour le pays tout entier », a insisté le pape, avant d’insister aussi sur la priorité de l’éducation.
« Nous plaçons tout le peuple italien sous la protection de la Mater unitatis, a conclu le pape, afin que le Seigneur lui accorde les dons inestimables de la paix et de la fraternité, et par conséquent du développement solidaire. Qu’elle aide les forces politiques à vivre aussi l’anniversaire de l’Unité comme une occasion pour fortifier le lien national et dépasser toute opposition nuisible : que les sensibilités différentes et légitimes, les expériences et les perspectives puissent (…) chercher ensemble ce qui vraiment fait du bien au pays ».
Un appel qui ne passera pas aperçu à la veille du second tour des élections locales et à la veille d’un referendum qui retient l’attention des formations politiques mais sans vraiment mobiliser les électeurs jusqu’ici.
Une société mûre et responsable
« Que l’exemple de Marie, a repris le pape, ouvre la voie à une société plus juste, plus mûre, et responsable, capable de redécouvrir les valeurs profondes du cœur humain. Que la Mère de Dieu encourage les jeunes, soutienne les familles, réconforte les malades, implore pour chacun une nouvelle effusion de l’Esprit, en nous aidant à reconnaître et à suivre aussi en ce temps le Seigneur, qui est le vrai bien de la vie, parce qu’il est la vie même ».
Le pape a été très applaudi. Il s’est ensuite agenouillé devant la Vierge pour une très belle prière de supplication pour la « concorde » et le « développement », la « réconciliation », la « fidélité » de la Nation. Il avait la voix légèrement enrouée, gêné par une petite toux récurrente.
La célébration s’est conclue vers 19 h, par le rite de l’encens, la prière du Regina Caeli, et la bénédiction de Benoît XVI.
Le pape avait adressé, le 16 mars dernier, un message à l’Italie à l’occasion de ce 150eanniversaire, célébré le 17 mars, dans une lettre remise par le cardinal secrétaire d’Etat tarcisio Bertone au président Giorgio Napolitano (cf. Zenit du 16 mars 2011). Le pape y affirmait notammentque « l'identité nationale italienne s'enracine dans la tradition catholique, qui constitue le fondement le plus solide de l'unité acquise».
Anita S. Bourdin
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